À l’été 2021, en représailles aux sanctions européennes, Alexandre Loukachenko, dictateur à la tête du Bélarus depuis 1994, ouvre une nouvelle route migratoire. Des milliers de migrants du Moyen-Orient et d’Afrique sont conduits à la frontière polono-bélarusse afin d’atteindre l’espace Schengen.
Otages des armées polonaise et bélarusse, hommes, femmes et enfants sont balancés de part et d’autre des barbelés. On ignore le nombre de ceux et celles qui y laissent la vie.Green Border, qui a déjà reçu le Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, et celui du public au festival du Film de Rotterdam, a cartonné en Pologne.
Agneszka Holland : J’ai beaucoup parlé avec les activistes et avec ceux qui vivent près de la frontière séparant la Pologne de la Biélorussie. La crise a commencé à l’été 2021. J’ai vite compris que les systèmes autoritaires de Loukachenko et de Poutine avaient eu l'idée de provoquer cette crise, et que la bataille allait être rude.
Les réactions sont très diverses. Sensibles à la propagande et aux fantasmes, les habitants de la région frontalière comprennent aussi le danger immédiat, ce territoire qui leur était familier ne l’est plus. C'est intéressant de voir qu’après le Covid où la population mondiale s'est soumise à des règles souvent arbitraires et illogiques, la Pologne a testé la soumission et cela a marché. Et ensuite, les autorités ont commencé à déshumaniser les réfugiés.
Les autorités m’ont traitée de tous les noms et ont incité une telle campagne de haine que les gens se sont dit : 'Il faut aller voir ce film !'