Essais, pénalités, drops... Le rugby à XV et son cousin du XIII possèdent de nombreux points communs, mais aussi de nombreuses spécificités qui ne se limitent pas au nombre de joueurs sur le terrain. L'arbitre Benjamin Casty, qui officiera ce samedi lors du match entre la France et l'Angleterre (15h30, à Perpignan, retransmis à 16h00 sur la chaîne L'Équipe), revient sur quelques-unes des particularités du rugby à XIII.
1. Un décompte des points différent
« À XIII, contrairement au XV, l'essai ne vaut pas cinq points mais quatre. Une pénalité vaut également deux points et non trois et un drop, un point. Je me souviens que, quand j'étais jeune et que j'ai commencé à jouer au rugby, c'était pareil à XV, mais ils ont changé (en 1992) pour encourager les équipes à jouer et marquer des essais. »
2. Pas de ruck mais des tenus
« Lorsqu'on est plaqué, à XV on doit lâcher le ballon, à XIII on doit garder le ballon et jouer un tenu (*). Mis à part deux joueurs autorisés en face du tenu, la défense doit être à 10 mètres alors qu'à quinze c'est derrière les pieds du ruck. »
(*) Contrairement au XV, il n'y a pas de ruck à XIII, mais chaque équipe qui attaque dispose d'une série de cinq tenus pour essayer de marquer. Lors d'un tenu, le joueur plaqué doit talonner le ballon à son partenaire, qui lance ensuite une nouvelle phase de jeu.
3. Pas de touche, des mêlées à six
« À XIII, les touches sont remplacées par des mêlées et maintenant un tenu (*). Ils font tout maintenant pour éviter de couper le rythme. Pour que ça devienne du rugby spectacle avec du jeu permanent. C'est pour ça que chez nous les piliers ne font pas 2 mètres et 130 kg. Aucune règle n'interdit de pousser mais c'est très rare car le ballon est ressorti le plus rapidement possible pour envoyer du jeu. Le but c'est de fixer six joueurs et que le ballon sorte vite pour avoir des espaces. »
(*) Si elles sont actuellement interdites à cause du Covid, les mêlées existent bel et bien en rugby à XIII. Elles mobilisent les six avants de chaque équipe.
4. Le 20:40 en plus du 40:20
« À XIII, comme à XV, il y a la ligne des 40 m, mais nous, on rajoute une ligne rouge pour le 40:20, qui a inspiré cette année le 50:22 à XV. Si un joueur trouve une touche indirecte depuis ses 40 mètres dans les 20 m adverses, alors son équipe récupère le ballon, et cette année le 20:40 a été ajouté avec le même principe. Avec un coup de pied indirect de ses 20 m dans les 40 adverses. »
5. Une philosophie plus permissive sur les plaquages
« À XV c'est un peu la guerre contre le plaquage haut, nous, on est un peu plus souple. Le tout plaquage à la gorge est sanctionné, au moins d'une pénalité. Maintenant si le plaquage est entamé à l'épaule et que la main glisse au visage, le plaquage est dit comme régulier puisque le plus gros impact est arrivé à l'épaule. Si l'intensité arrive d'abord à l'épaule, pas faute.
Lors de la finale de Super League des Dragons, c'était violent. Si vous mettez un arbitre de quinze, ils finissent à quatre contre quatre. La philosophie est différente. À XV, ils préservent l'intégrité physique totale du joueur pour avoir le minimum de blessures. Nous à XIII, nous sommes plus dans le rugby spectacle. Après je pense que la technique de plaquage est différente et qu'à XIII on sait mieux plaquer qu'à XV, peut-être, ce qui évite des commotions. »
6. Un recours à l'arbitrage vidéo plus restreint
« À XIII on va l'utiliser sur un essai mais on ne pourra pas remonter pour vérifier s'il y a passe en avant ou pas. C'est à l'arbitre de champ et aux arbitres de touches de prendre leurs responsabilités. Si j'ai un doute, je prends mes responsabilités. Je ne peux pas demander la vidéo pour ça. Pareil en cas d'agression, si elle est sur le moment, on peut checker pour savoir si coup de poing au visage, etc. Mais si ça ne se passe pas sur la même action, on ne peut pas utiliser la vidéo. Et il y a un rapport en fin de match. C'est ce qui a fait polémique lors de la finale des Dragons avec le coup de poing sur Maloney, et la non-sanction de l'adversaire, mais on ne peut pas revenir en arrière. »
Un arbitre français présent lors d'un match de l'équipe de France, cela pourrait pourtant choquer. « Les instances ont confiance, ça ne changera rien. C'est un match international, il y a des chaines anglaises qui descendent. ça sera regardé de partout. Ma légitimité est en jeu. J'ai été sélectionné pour la Coupe du monde, il va falloir que je montre que je suis quelqu'un d'honnête même si c'est la France. Avec toutes les polémiques après le match des Dragons, certains supporters français m'ont dit : "j'espère que tu vas te venger", mais je leur ai dit "si vous attendez ça, vous allez m'insulter, je ne ferai de cadeau à personne". Ça serait me tirer une balle dans la gorge. Je ne serai pas plus dur avec les Anglais ou les Français, pareil pour tout le monde. »