Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : tout savoir sur ce trouble hormonal

Publié le par Dora LatyValidation médicale par le docteur George Retali, chef de l'unité de neurologie au CHU de Bastia

Infertilité, hyperpilosité, cycles menstruels irréguliers, acné... Le syndrome des ovaires polykystiques se caractérise par l'apparition de symptômes liés à une production excessive de testostérone chez la femme en âge de procréer. Des troubles métaboliques (diabète, dyslipidémie) liées à l'hyperandrogénie sont à redouter. La prise en charge passe essentiellement par une optimisation de l'hygiène de vie afin d'éviter les complications. Explications. 

Définiiton : qu'est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ?

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une entité pathologique caractérisée par l'apparition de symptômes liés à une production excessive d'hormones masculines (androgènes) et en particulier de testostérone chez la femme en âge de procréer. Ces anomalies hormonales sont dues à un dérèglement ovarien et/ou hypophysaire ( c'est-à-dire en provenance de l'hypophyse, glande située au niveau du cerveau). 

Le SOPK occasionne des troubles du cycle menstruel et de l'ovulation (entraînant souvent une infertilité), une hyperandrogénie (acné, hypersudation, hyperpilosité, chute de cheveux...). En outre, l'hyperandrogénie entraîne une adiposité excessive pouvant occasionner un surpoids, un diabète, une dyslipidémie et/ou encore une hypertension artérielle (on parle de syndrome métabolique). 

Le nom de ce syndrome remonte aux années 30, reposant sur l’observation de ce que l’on pensait être des kystes dans les ovaires des patientes. En réalité, il s’agit de multitudes de follicules au développement inachevé. Le SOPK est aussi connu sous les noms de dystrophie ovarienne, de polykystose ovarienne ou encore de syndrome de Stein-Leventhal (noms des deux scientifiques qui l'ont décrit pour la première fois). 

Le SOPK est la maladie endocrinienne la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer puisqu’il affecte 5 à 10 % de ces femmes, de l’adolescence à la ménopause. Environ la moitié des femmes affectées présentent une infertilité. Le SOPK est la première cause d'infertilité chez la femme (source 1). 

Causes : qu'est-ce qui provoque le syndrome des ovaires polykystiques ?

Les symptômes du SOPK sont liés à des dérèglements hormonaux. La maladie aurait une origine génétique et des facteurs environnementaux sont aussi pointés du doigt. 

Des dérèglements hormonaux

Le SOPK est la conséquence de sécrétion hormonale altérée : 

  • d'abord au niveau de l'hypophyse (glande située au niveau du cerveau), les taux de LH sont excessivement élevés et n'augmentent pas au milieu du cycle menstruel (alors que leur élévation est censée provoquer l'ovulation) ;
  • ensuite au niveau des ovaires, la libération d'androgènes est trop importante ce qui provoque une élévation des taux sanguins de testostérone. Cet excès d'hormones masculines est à l'origine de symptômes gênants comme l'hyperpilosité, l'acné, l'hypersudation, la perte de cheveux, le surpoids...  
  • enfin, il a été observé que les femmes atteintes de SOPK avaient des taux sanguins d’insuline augmentés de sorte qu'elles sont exposées à un surrisque d'insulinorésistance et de diabète. 

Une maladie multifactorielle

L'étiologie de la maladie est sans doute multifactorielle.

  • Tout d'abord, il a été observé que des antécédents familiaux exposent à un surrisque d'environ 30% (source 1). En outre, un certain nombre de gènes de prédisposition ont été identifiés même s'ils n'expliqueraient d'une minorité de cas (source 1). 
  • Ensuite, certains facteurs environnementaux tels que les perturbateurs endocriniens seraient également soupçonnés de jouer un rôle dans l’apparition de la maladie, sans preuve établie à ce jour. 

Quelles femmes sont à risque d'ovaires polykystiques ?

Le syndrome des ovaires polykystique (SOPK) touche entre 5 et 10% des femmes en âge de procréer (âge se situant entre la puberté et la ménopause). Les femmes ayant des antécédents familiaux de SOPK (notamment chez leurs parentes de premier degré) ont un surrisque de 30% de développer ce syndrome (source 1). 

 

Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : quels sont les symptômes ?

Les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques peuvent présenter au moins deux des signes suivants : 

  • une perturbation du cycle menstruel : 
    - règles irrégulières ; 
    - cycles longs (de plus de 35 jours) ;
    - absence des règles (aménorrhée)...
  • une infertilité : elle affecte environ la moitié des femmes touchées par le SOPK (source 1). 
  • une hyperandrogénie : 
  • une pilosité importante : certaines zones habituellement imberbes ou recouvertes d'un simple duvet présentent de véritables poils épais chez les femmes atteintes de SOPK. Nous parlons d'hirsutisme ;
  • une transpiration excessive (hypersudation) ; 
  • une peau grasse ou séborrhéique et parfois de l'acné ; 
  • une chute des cheveux sur le sommet du crâne et/ou au niveau des lobes frontaux (alopécie) ; 
  • une masse musculaire importante ; 
  • une tendance à la prise de poids au niveau de l'abdomen (taille peu marquée, absence de hanche). Le surpoids est fréquent chez les femmes atteintes du SOPK ;
  • une hypoplasie mammaire et une insuffisance de production de lait pendant la grossesse (source 1). 

Des signes souvent associés : 

  • des troubles psychiatriques : dépression, troubles anxieux... ; 
  • une apnée du sommeil (souvent associée au surpoids) ; 
  • des taches foncées sur la peau appelées « acanthosis nigricans » (le plus souvent sur la nuque, sous les bras et à l’intérieur des cuisses...). Elles sont la conséquence de l'élévation de l'insuline. 

Quelles sont les complications de ce trouble hormonal ?

Le syndrome des ovaires polykystique (SOPK) entraîne une hyperandrogénie qui favorise une adiposité excessive. Les femmes atteintes du SOPK ont un surrisque de développer : 

  • un surpoids voire une obésité ; 
  • une insulinorésistance, une glycémie élevée voire un diabète de type 2
  • une hypercholestérolémie et une hypertriglycéridémie; 
  • une hypertension artérielle ; 
  • un syndrome métabolique ; 
  • un foie gras non alcoolique (stéatose hépatique ou syndrome de NASH (stéato-hépatite non alcoolique)) ; 
  • des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, AVC, angor...); 
  • un cancer de l'endomètre; 
  • des complications lors de la grossesse (accouchement prématuré, diabète gestationnel, pré-éclampsie) ...  

Peut-on prévenir le SOPK ?

Il n'est pas possible de prévenir l'apparition de ce syndrome aux origines multifactorielles et en partie génétiques. Toutefois, afin d'éviter les complications du SOPK, il est recommandé de : 

  • accéder à un diagnostic précoce. Il est donc indiqué de consulter un médecin ou un gynécologue en cas de signes évocateurs ; 
  • veiller à entretenir une alimentation équilibrée (pauvre en sucre, en sel et en mauvais acides gras saturés. Il est important de privilégier les aliments riches en vitamines, minéraux et en fibres comme les fruits et les légumes. Les aliments contenant des bons acides gras insaturés (oméga 3, 6, 9) doivent aussi être consommés régulièrement : poissons gras, huile vierge, oléagineux... ) ; 
  • pratiquer une activité physique quotidiennement ; 
  • éviter le tabac et l'alcool. 

Comment savoir si on souffre du SOPK ? Comment le diagnostiquer ?

Le diagnostic est posé au moyen d'un bilan hormonal. En cas de diagnostic positif, des examens métaboliques permettront de vérifier qu'il n'existe pas de complications au SOPK (diabète, dyslipidémie...). Enfin, une échographie abdomino pelvienne peut être prescrite. 

Un bilan hormonal

Un bilan hormonal est pratiqué entre le 2e et le 5e jour du cycle menstruel par une prise de sang. Chez les patientes qui n’ont plus de règles, celles-ci sont provoquées par un traitement à base de progestérone. Le bilan hormonal comporte plusieurs dosages : 

  • le dosage de la FSH et de la LH (hormones produites par l'hypophyse) ; 
  • le dosage des androgènes (testostérone circulante, androsténedione, sulfate de déhydroépiandrostérone ou SDHA) ; 
  • parfois le dosage d'autres hormones (prolactine, hormone 17 bêta-œstradiol, hormone 17-hydroxyprogestérone, TSH...) 

Un bilan métabolique

Généralement, le médecin prescrit le dosage  : 

  • de la glycémie et de l'insuline ; 
  • du cholestérol et des triglycérides.

Une échographie abdomino-pelvienne

Elle n'est pas indispensable au diagnostic. L'échographe pelvienne permet de mettre en évidence de nombreux petits follicules, au nombre de 20 au moins et/ou un volume ovarien important.

Comment traiter un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ?

Il n'existe pas de traitement pour guérir le SOPK. La prise en charge est donc uniquement symptomatique et la patiente est suivie jusqu’à la ménopause.

Le traitement repose sur une modification de l'hygiène de vie, un traitement médicamenteux, si nécessaire et la surveillance de l'état de santé de la patiente.

Pour les femmes infertiles, des solutions peuvent être envisagées (stimulation ou chirurgie ovarienne, fécondation in vitro...).

Concernant, l'hygiène de vie, la patiente doit veiller à entretenir :

  • une alimentation adaptée et équilibrée ;
  • une activité physique régulière. 

En cas d’hirsutisme et/ou d'acné, une pilule œstroprogestative est recommandée en première intention. Si la pilule œstroprogestative est inefficace ou mal supportée, le médecin peut administrer un antiandrogène (acétate de cyprotérone) combiné avec un œstrogène naturel. 

Une surveillance accrue est mise en place en cas de surpoids et les femmes présentant un SOPK doivent bénéficier d'un suivi pour le risque cardiovasculaire et notamment de la glycémie, du taux de cholestérol sanguin, de la tension artérielle...

Publié le par Dora LatyValidation médicale par le docteur George Retali, chef de l'unité de neurologie au CHU de Bastia

Sujets associés