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Reportage

Venezuela : à Maracaibo, après le pétrole, la misère brute

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Symbole de la crise qui touche le pays pétrolier, la ville de 1,5 million d’habitants vit désormais sans eau, sans électricité et sans soins médicaux. Sur place, on tente de survivre au jour le jour.
par Benjamin Delille, envoyé spécial à Maracaibo
publié le 3 décembre 2019 à 20h06

Sur la place de la République, il est 20 heures passées. Il fait nuit noire. Les quelques arbres qui entourent l'obélisque brillent de mille feux grâce à leurs guirlandes lumineuses. Sur la pelouse synthétique, des décorations de Noël trônent, ainsi que le slogan de la mairie tout éclairé : «Maracaibo renaît». On en viendrait à croire que la crise vénézuélienne n'est ici qu'un mauvais souvenir. Mais tout cela sonne tristement faux. A quelques pâtés de maisons, Maria Carolina et sa fille de 3 ans sont dans l'obscurité, comme de nombreux habitants de la ville. «L'électricité a sauté il y a six heures», soupire-t-elle en essuyant la sueur qui perle sur son front. A Maracaibo, dans le nord-ouest du pays, le mercure peut friser les 40 °C en journée et les nuits sont chaudes, surtout sans air conditionné. Depuis les grandes coupures nationales du printemps, l'Etat de Zulia, où se trouve cette ville de 1,5 million d'habitants, la deuxième du pays, est le moins fourni en électricité.

Les autorités ont mis en place un rationnement dont les Vénézuéliens peinent à comprendre la logique. «Maracaibo est en bout de chaîne dans la distribution de l'électricité, explique un ancien fonctionnaire de Corpoelec, la société nationale d'électricité, qui préfère rester anonyme. Comme la plupart des centrales thermoélectriques du pays, celles de Maracaibo sont pratiquement à l'arrêt faute d'entretien.» Tout repose en fait sur les centrales hydroélectriques du Caro

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