Nouvelle profanation dans un cimetière juif alsacien
A Westhoffen, dans le Bas-Rhin, plus d'une centaine de tombes ont été maculées de croix gammées. La région est sous le choc. Christophe Castaner est attendu sur place. Il dénonce des « actes abjects et répugnants ».
Par Les Echos
« L'antisémitisme est un crime et nous le combattrons, à Westhoffen comme partout, jusqu'à ce que nos morts puissent dormir en paix », a tweeté Emmanuel Macron mardi soir.
Les Juifs sont et font la France. Ceux qui s'attaquent à eux, jusque dans leurs tombes, ne sont pas dignes de l'idée que nous avons de la France. L'antisémitisme est un crime et nous le combattrons, à Westhoffen comme partout, jusqu'à ce que nos morts puissent dormir en paix.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 3, 2019
Le président de la République réagissait à la profanation du cimetière juif de Westhoffen, à l'ouest de Strasbourg, où 107 tombes (sur environ 700) ont été maculées de croix gammées. Le nombre « 14 », considéré comme un symbole suprémaciste blanc, a par ailleurs été retrouvé sur l'une des tombes.
Ce cimetière accueille plusieurs sépultures des familles de l'ancien président du Conseil Léon Blum et de l'ex-président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré. Exprimant sa « colère devant ces gestes ignobles, scandaleux et révoltants », ce dernier a déploré « une insulte à la mémoire, une insulte à ces femmes et à ces hommes qui ont honoré la France et sont enterrés à Westhoffen ».
Le parquet de Saverne a indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête préliminaire confiée à une 'cellule spéciale' de la gendarmerie.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner est attendu sur place en fin de matinée ce mercredi pour une « cérémonie de recueillement ».
« Actes abjects »
La profanation a suscité une cascade de réactions indignées. Le Premier ministre Edouard Philippe a exprimé sur Twitter sa « révolte » et son « dégoût » et Christophe Castaner a dénoncé « des actes abjects et répugnants ».
Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit dans un tweet « scandalisé et horrifié » tandis que le vice-président du Conseil représentatif des instituions juives (Crif), Gil Taieb, a dénoncé la « haine anti-juive ».
« C'est la consternation […], mais on ne se laisse pas abattre, on ne se résigne pas […] On ne laissera pas la place à ces gens-là », a réagi auprès de l'AFP le président du consistoire israélite du Bas-Rhin, Maurice Dahan, qui s'est rendu sur place avec le Grand Rabbin de Strasbourg, Harold Abraham Weill.
Le préfet du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes antisémites odieux qui frappent une nouvelle fois le Bas-Rhin et exprimé son soutien le plus total à la communauté juive ».
« Il n'y a pas de mots, c'est une désolation et on ne peut pas comprendre que des gens arrivent à faire ça », a réagi le maire de Westhoffen, Pierre Geist, évoquant un acte « inhumain ».
Des actions similaires
Fait étrange, Westhoffen a été évoqué à deux reprises, à plusieurs jours d'intervalles, dans des tags antisémites : ce sont de tels tags trouvés mardi matin à Schaffhouse-sur-Zorn, selon la préfecture, qui ont conduit les gendarmes à se rendre à Westhoffen où ils ont découvert la profanation.
Déjà le 26 novembre, d'autres tags antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie-école de Rohr, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen. Selon Maurice Dahan, ils indiquaient cim juif westofen » (sic).
L'Alsace est confrontée, depuis plusieurs mois, à une recrudescence de graffitis et dégradations à caractère antisémite et/ou raciste.
Dans le Bas-Rhin, 96 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen, avaient été souillées de tags antisémites le 19 février. Auparavant, le 11 décembre 2018, un autre cimetière israélite à Herrlisheim, au nord-est de Strasbourg, avait été visé.
Le ou les auteurs de cette série de profanations n'ont pas été interpellés, a déploré Maurice Dahan. « La gendarmerie déploie des efforts importants » afin de les identifier, a insisté de son côté le préfet, Jean-Luc Marx.
Mi-avril, des tags racistes et antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie de Dieffenthal (Bas-Rhin). Quelques jours plus tard, des croix gammées et insultes avaient été taguées sur la façade de la maison d'une élue à Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg.
Début mars, des écrits antisémites avaient été découverts devant une école de Strasbourg et des croix gammées sur les murs d'une ancienne synagogue à Mommenheim. Des mairies et permanences d'élus ont également été les cibles de dégradations.
(Source AFP)