Le régulateur américain enquête sur les activités de Google dans la santé
Selon le « Wall Street Journal », le département de la Santé américain veut s'assurer que l'accord passé entre Google et le réseau de santé Ascension respecte bien la loi. La sénatrice démocrate Amy Klobuchar, candidate à l'élection présidentielle, s'inquiète, elle, de la volonté de Google de s'impliquer plus dans le secteur de la santé.
Par Claude Fouquet
De toute évidence, le partenariat initié dans le domaine de la santé entre Google et le réseau de santé américain Ascension , est loin de faire l'unanimité. Selon le « Wall Street Journal », qui a révélé ce nouveau projet du géant de la tech, le département américain de la Santé et des Services sociaux aurait même ouvert une enquête sur ce projet conjoint, baptisé « Nightingale », en référence à une infirmière britannique du XIXe siècle connue pour avoir utilisé les statistiques pour améliorer les soins médicaux.
Un projet qui doit permettre de recueillir et analyser les données médicales de dizaines de millions de patients, qui vont de l'identification (nom, date de naissance, adresse, famille…) aux antécédents et aux analyses de laboratoires, en passant par les médicaments administrés. Et ce, selon les promoteurs du projet, dans le but d'aider les médecins à mieux déterminer les traitements et assurer une meilleure continuité administrative. Le patron de Google Health, David Feinberg, a martelé qu'aucune donnée n'était exploitée pour les recherches de Google en matière d'intelligence artificielle.
Selon le « Wall Street Journal », après que ce projet a été rendu public dans les médias, le Bureau des droits civiques lié au département américain de la Santé et des Services sociaux a ouvert une enquête mardi. Cité par le quotidien, Roger Severino, responsable de ce bureau, explique notamment que cette enquête a pour but d'en apprendre plus sur les modalités de « cette collecte massive de données médicales personnelles afin de s'assurer que les obligations légales (loi de 1996 sur la responsabilité et la portabilité de l'assurance santé et l'assurance maladie, NDLR) sont pleinement mises en oeuvre ».
Le rachat de Fitbit pointé du doigt au Sénat
Si Google et Ascension se défendent de mener des travaux illégaux ou même secrets, l'annonce au grand jour de ce projet suscite une vague d'inquiétude qui dépasse la seule administration américaine et se retrouve jusque dans les rangs du Sénat américain. A l'image de la démocrate Amy Klobuchar, candidate démocrate à l'élection présidentielle, qui, selon CNBC, vient de critiquer la démarche en faisant allusion à la volonté de Google de racheter le spécialiste des objets connectés Fitbit .
Le projet « Nihghtingale » n'est pas la seule collaboration « qui soulève de sérieuses préoccupations en matière de protection de la vie privée », a ainsi souligné dans un communiqué la sénatrice à l'origine du « Protecting Personal Health Data Act », une proposition de loi destinée à renforcer la protection des données privées. Et de souligner que si les nouvelles technologies permettent de surveiller plus facilement sa propre santé, les applications portables comme Fitbit ou même les tests ADN à domicile ont aussi permis aux entreprises d'accéder aux données privées de santé sans qu'il y ait beaucoup de règles pour les encadrer.
Des données partagées avec des annonceurs au Royaume-Uni
Le partage des données de santé est visiblement un marché très lucratif au Royaume-Uni. Selon le « Financial Times », près de huit sites de santé en ligne sur 10 outre-Manche partagent les données dont ils disposent (y compris celles liées aux diagnostics effectués, aux médicaments prescrits…) avec de nombreuses entreprises commerciales telles que Google, Amazon, Facebook ou bien encore Oracle. Le tout afin de leur permettre de mieux cibler leurs publicités.
Claude Fouquet