Régulièrement, des personnes défendent la sauvegarde de «traditions», parmi lesquelles figurent certaines pratiques de chasse ou l’abattage rituel sans étourdissement d’animaux de boucherie, et déplorent les positions dites animalistes qui viseraient le démantèlement de pratiques culturelles ancestrales. Peut-être ces positions de bienveillance envers les animaux leur donnent-elles mauvaise conscience, qui sait ? Cette semaine, c’est autour du débat sur la corrida que la question se pose.
Rappelons les termes de ce débat.
L’article 521-1 du code pénal précise que les sévices graves et actes de cruauté envers les animaux sont sévèrement punis. Mais par exception, «les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée». Il est donc bien attesté que la corrida constitue un acte de cruauté (qui d’une manière générale encourt une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende)… sur 90 % du territoire français. Cet argument de la tradition «culturelle» est curieux alors qu’elle est récente en France (introduite en 1853 à l’occasion du mariage d’Eugénie de Montijo avec l’empereur Napoléon III et qui n’a finalement été légalisée, ou plutôt exemptée de peine, qu’en 1951) et que de très nombreuses «traditions», comme les mutilations et tortures publiques des condamnés avant la Révolution française ou la peine de mort, sont maintenant interdites en France. Qu’est-ce qui distingue un