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En Italie, le triomphe de Giorgia Meloni bouleverse le paysage politique

Le parti d'extrême droite Fratelli d'Italia arrive largement en tête. Un résultat historique pour une formation post-fasciste, qui devrait placer une première femme à la présidence du Conseil. Le centre gauche essuie une cuisante défaite tandis que les populistes du M5S, bien qu'en chute libre, résistent.

Fratelli d'Italia, la formation politique de Giorgia Meloni, a obtenu environ 26 % des suffrages dimanche, selon les premiers sondages de sortie des urnes.
Fratelli d'Italia, la formation politique de Giorgia Meloni, a obtenu environ 26 % des suffrages dimanche, selon les premiers sondages de sortie des urnes. (Guglielmo Mangiapane/REUTERS)

Par Olivier Tosseri

Publié le 26 sept. 2022 à 05:56Mis à jour le 27 sept. 2022 à 10:13

Les sondages ne se sont pas trompés. Le triomphe de Fratelli d'Italia dans les urnes a bien eu lieu. Pour la première fois depuis 1945, un parti post-fasciste arrive en tête des élections législatives. La formation politique de Giorgia Meloni réalise un véritable exploit, arrivant au pouvoir à peine dix ans après sa naissance. Elle a presque sextuplé son résultat depuis le dernier scrutin, passant de 4,3 % à environ 26 %, selon les premiers sondages de sortie des urnes.

La coalition des droites largement en tête

La coalition qu'elle forme avec l'autre parti d'extrême droite, la Ligue de Matteo Salvini, et Forza Italia de Silvio Berlusconi obtient jusqu'à 47 % des suffrages, lui permettant a priori de rafler la majorité absolue dans les deux chambres du Parlement. « Les partis de la droite et leurs électeurs sont pragmatiques, à la différence de ceux de gauche… Ils s'unissent et votent sans état d'âme pour gagner », décrypte le politologue Lorenzo De Sio. Giorgia Meloni devient présidente du Conseil « in pectore », devançant largement ses deux alliés.

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La Ligue s'écroule à environ 9 %, divisant par deux ses suffrages , tandis que Forza Italia plafonne à 8 %. Ils devront désormais gouverner ensemble malgré leurs profondes divergences aussi bien sur la guerre en Ukraine, les finances publiques que sur le plan de relance européen. Le futur gouvernement, qui ne prendra pas ses fonctions avant fin octobre , devra gérer la crise causée par la flambée des prix, alors que l'Italie croule sous une dette représentant 150 % du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

La gauche grande perdante

La coalition progressiste menée par le Parti démocrate d'Enrico Letta est la grande perdante du scrutin. Elle rassemble moins de suffrages que le parti Fratelli d'Italia à lui seul. Les appels au vote utile pour faire barrage à l'extrême droite n'ont trouvé aucun écho. Le PD frise un décevant 19 %.

« Nous payons le fait d'être restés au pouvoir presque sans discontinuer au cours de la dernière décennie », reconnaît Enrico Letta, qui se trouve désormais sur la sellette. De nombreux rivaux sont déjà prêts à lui succéder à la tête du parti, qui ne pourra pas faire l'économie d'un congrès pour se refonder et décider de sa stratégie contre l'extrême droite.

La surprise du M5S et d'Azione

Les populistes du Mouvement 5 étoiles voient certes diviser par deux leur score historique de 32 % en 2018. Mais avec environ 16 %, Giuseppe Conte conjure l'effondrement que les sondages prédisaient à son parti, à la dérive au cours de ses quatre ans et demi au pouvoir. La fin de la campagne électorale a vu l'ancien « avocat du peuple », comme il s'était surnommé, en « défenseur du Mezzogiorno ».

L'insistance sur les thèmes sociaux et la protection à outrance du revenu citoyen perçu principalement dans le sud de la péninsule se sont avérées un pari gagnant. Tout comme celui du petit parti Azione, qui voulait en revanche défendre l'héritage du gouvernement Draghi et son « agenda » centré sur le sérieux budgétaire et le plan de relance européen. Son leader, Carlo Calenda, avec Matteo Renzi dont il a été ministre de l'Industrie, recueille 7 % des voix. Un « troisième pôle » centriste qui se rêve désormais en faiseur de roi dans un Parlement italien où les coalitions sont toujours éminemment fragiles .

Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)

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