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Ils sont arrivés mercredi soir à Venise, en provenance de toute l'Europe. Les Hénokiens, association d'entreprises familiales et bicentenaires, ont l'habitude de tenir leur congrès annuel dans une ville de commerce, d'art et d'histoire. Au programme, cette année, pour les entrepreneurs français, allemands, néerlandais, italiens, anglais ou suisses, représentants de la 6e, 10e ou 17e génération d'entrepreneurs familiaux, quatre jours de congrès entremêlant plaisir (découverte du palais des Doges, promenade en bateau, dîner sur l'île de Torcello) et séances de travail. Outre les traditionnelles visites d'entreprises hénokiennes de la région, Luxardo, la plus ancienne compagnie de liqueurs en Europe (1821) et Garbellotto (1775), producteur de tonneaux, les Hénokiens ont vécu deux moments forts.
D'abord, une réunion dont l'ordre du jour était de la plus haute importance : il s'agissait d'étudier la candidature d'un nouveau membre tout à fait prestigieux, très désireux d'entrer dans la confrérie de ces entreprises ancestrales. Vincent Bolloré, dont le groupe a fêté en costume traditionnel ses 200 ans dans son fief d'Ergué-Gabéric, en février dernier, a toqué à la porte des Hénokiens dès que les bougies ont été soufflées et le cap du bicentenaire passé. Son ami Jean-Philippe Hottinguer, grand nom de la banque du même nom à Paris, fondée en 1786, lui avait souvent parlé de cette confrérie très spéciale avec des étoiles dans les yeux, alors il n'a pas attendu un seul instant…
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Des entreprises qui résistent aux crises
L'autre temps fort de ce congrès, qui s'est achevé dimanche 3 juillet, a été la remise du prix Léonard de Vinci, dans une grande salle de l'hôtel Monaco, en bord de lagune, par le maire de Venise. Le principe est le suivant : les entreprises hénokiennes, ces dinosaures du capitalisme qui ont réussi à ne pas disparaître dans le tourbillon de l'Histoire, résistant aux multiples crises, guerres, pandémies, rendent hommage à une entreprise familiale, plus jeune, mais prometteuse.
Ce prestigieux prix, fondé en 2011, est né de l'association des Hénokiens avec le château du Clos Lucé, dernière demeure de Léonard de Vinci, présidé par François Saint Bris. Qui explique : « La vocation du Clos Lucé est d'honorer une tradition et de valoriser un savoir-faire, de célébrer l'attachement à un territoire, de transmettre une mémoire aux générations futures. Les entreprises familiales, gardiennes d'un patrimoine mais résolument tournées vers l'innovation et le futur, sont des acteurs essentiels de l'économie mondialisée. » Pourquoi le Clos Lucé s'est-il uni aux Hénokiens ? Car chez les Saint Bris, le culte de Léonard est aussi une histoire de mémoire et de descendance. Ce château, tout proche d'Amboise, appartient à la famille depuis 1855, et a été ouvert au public en 1954.
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Apporter de l'eau à l'humanité, quel beau programme !
Pour la 11e édition de ce prix, c'est une société italienne qui a été primée. Giulio Pedrollo, représentant de la 2e génération de la famille fondatrice, dirige le groupe qui porte son nom. Fondée en 1974, l'entreprise Pedrollo, dont le siège est installé dans la région de Vérone, œuvre dans le domaine du déplacement de l'eau et de sa transformation en énergie. Concrètement, Pedrollo est reconnu comme une des références mondiales dans l'industrie des pompes à eau. Tous les Vénitiens ont au moins une pompe Pedrollo dans leur cave…
Cette entreprise de 1 200 employés, qui a enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires de 340 millions d'euros, a été fondée par Silvano Pedrollo, le père de Giulio, aujourd'hui âgé de 77 ans, parti à l'assaut des marchés émergents, comme le Moyen-Orient, le Bangladesh, l'Afrique… Il exporte aujourd'hui ses produits dans plus de 160 pays. « Nous investissons près de 15 % de notre chiffre d'affaires dans la recherche et le développement, assure le PDG. Seules les entreprises familiales, qui ne sont pas soumises aux exigences de la Bourse et à la pression des investisseurs, peuvent se permettre de faire cela. » Cette pépite italienne, présente sur un créneau qui devient si crucial avec le réchauffement climatique, reçoit des propositions de rachat chaque année de la part des fonds d'investissement. « On nous propose beaucoup d'argent, mais on ne veut pas vendre. On croit en notre projet », raconte Giulio Pedrollo, la quarantaine, en faisant visiter son usine ultrarobotisée, à San Bonifacio.
« Apporter de l'eau à l'humanité, quel beau programme ! s'enthousiasme François Saint Bris. Le lien a été tout trouvé avec Léonard. Celui-ci a mené des études sur l'eau, sur les marées, sur les courants, il a inventé un bateau à pédales, des pompes hydrauliques pour draguer les marais, et même un scaphandre lors de son séjour à Venise… » Ce prix, qui récompense une vision long terme des affaires, a été attribué à de nombreuses entreprises prestigieuses : le groupe SEB champion du petit équipement domestique l'an dernier ; mais aussi l'allemand Schwan-Stabilo, réputé pour ses stylos ; le fabricant autrichien de bijoux et de cristal de haute qualité Swarovski ; le néerlandais Van Oord, spécialiste du dragage et de l'ingénierie maritime, etc.
Christophe Viellard, ancien président des Hénokiens, explique : « Avec ce prix, les Hénokiens tendent la main à ces entreprises plus jeunes que les nôtres. Ce qui nous intéresse, c'est la culture entrepreneuriale, comme une religion, un acte de foi. C'est comme un encouragement à continuer, car le temps est la matière première de l'entrepreneur. » L'an prochain, il y aura un Hénokien en plus au congrès annuel, pour remettre ce prix Léonard de Vinci. Gageons que Vincent Bolloré ne passera pas inaperçu dans cette assemblée d'entreprises qui cumulent les centaines d'années d'Histoire…
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Mais qu'est-ce ce lon s'en fout de la brillante promotion de Monsieur Bollore et son chapeau ridicule. Ce que lon veut c'est que Lacron ou Monsieur Machin nous sorte de la mouise dans laquenous sommes
Mais il me semble qu'après avoir vendu à un groupe européen (italo-suisse je crois et non chinois par exemple) ses affaires africaines - qui emploient la bagatelle de 20 000 personnes - pour une somme voisine de 5 milliards d'€, il est en train de ré-investiun constat r une partie de cet avoir en France, dans la communication si j'ai bien compris et sous la houlette de ses quatre enfants qui assurent déjà la relève.
Que cela ne plaise pas à tout le monde et notamment à la concurrence, c'est un constat banal, mais au delà de l'inscription au club d'entreprises pérennes qui n'a d'intérêt que si on regarde les choses par le petit bout de la lorgnette, cela est-il un mal ou un bien pour l'économie française et nos emplois ?
Les 20 000 emplois créés en Afrique, j'aimerais bien qu'il en recrée une bonne partie en France, en ce qui me concerne.
En fait il n'y a pas assez de ce type d'entreprises quelque part exemplaires dans leur parcours, mais il y en a par contre beaucoup trop qui préfèrent déménager ailleurs pour y payer moins d'impôts.
Si je suis véritablement admiratif à l'égard de ces entreprises - toujours (?) à la pointe de l'innovation - j'apprécie peu certains commentaires de jaloux bien contents de trouver de telles entreprises pour leur fournir un job... Quand au commentaires concernant le comportement de Bolloré en Afrique, je lui tire, moi, mon chapeau. En connaissance de cause : ayant travaillé 35 ans en Afrique, il faut un courage certain pour " affronter " un tel environnement humain et bâtir sur du sable parfois très mouvant ! Juste un dernier commentaire : nos amis chinois, qui sont entrain, entre autres continents, de coloniser l'Afrique font bien pire. Sans état d'âme !