La polémique sur le burkini enflamme les piscines grenobloises

Alors que le maire écologiste de la ville, Éric Piolle, souhaite autoriser le burkini dans les piscines, de nombreuses voix affichent leur opposition.

Source AFP

Temps de lecture : 4 min

« Tenue décente exigée ». À l'approche de l'été, ce slogan et le code vestimentaire dans les piscines de Grenoble font des remous alors que la municipalité menée par l'écologiste Éric Piolle veut autoriser le burkini – et le monokini –, à la grande fureur de l'opposition. Le maire EELV l'avait promis de longue date, le sujet serait remis sur la table après l'élection présidentielle et avant l'ouverture estivale des piscines municipales, mi-juin.

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Et le sujet qui polarise depuis plusieurs mois la classe politique française figure à l'ordre du jour du conseil municipal prévu lundi. Concrètement, il s'agit de modifier le règlement intérieur des piscines municipales, notamment son article 12, qui exige des usagers une « tenue décente » et « une attitude correcte ».

Pour l'heure, le texte requiert que les baigneurs soient vêtus d'un maillot de bain recouvrant « au minimum la partie située entre le haut des cuisses et la ceinture et au maximum la partie située au-dessus des genoux et au-dessus des coudes ». Ces précisions pourraient sauter dans le texte remanié. Car pour le maire de Grenoble, les restrictions introduites il y a dix ans se résument à « des injonctions sur le corps des femmes ».

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« Notre volonté est de lever les interdits vestimentaires aberrants : cela concerne les seins nus, les maillots couvrants pour se protéger du soleil ou pour raison de conviction. La question n'est pas d'être pour ou contre le burkini spécifiquement », argue-t-il tout en plaidant pour un service public « accessible à tous » et en invoquant la loi de 1905 sur la laïcité.

Un effet domino redouté

Mais pour ses opposants, le burkini n'est qu'une « version aquatique du voile islamiste ». En quelques jours, le vote annoncé au conseil municipal a provoqué une tempête politique, les deux camps s'affrontant à coups de tribunes, pétitions et prises de position musclées dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Début mai, le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a ouvert les hostilités en accusant le maire de Grenoble de « soumission à l'islamisme » et en menaçant de couper toute subvention à la ville si la mesure passe.

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« Ce que défend Éric Piolle est une impasse terrible pour notre pays », a-t-il estimé, en l'accusant de « faire des pactes avec l'islam politique » pour « acheter des voix », à quelques semaines des élections législatives. Plusieurs dizaines d'élus locaux ou départementaux ont signé cette semaine des appels à renoncer à un vote selon eux « imposé par des groupes minoritaires, dont le seul objectif est de tester en permanence la sensibilité de nos institutions au fait religieux ».

Certains redoutent un effet domino, pour d'autres élus qui seraient « de la même façon, demain, sommés de se positionner ». D'autres font un lien avec le port du voile intégral que les talibans viennent d'imposer aux femmes en Afghanistan. L'ancien maire de Grenoble, Alain Carignon, désormais dans l'opposition municipale, a dénoncé la « croisade solitaire » de son successeur.

Plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises

Dans l'autre camp, une centaine de personnalités dont des féministes comme Caroline De Haas ou Alice Coffin, ont publié une tribune de soutien : « Les femmes musulmanes ont autant leur place à la piscine » que les autres citoyens et « personne ne doit être stigmatisé·e jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot ».

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Le texte a été rédigé par la controversée association Alliance citoyenne, organisatrice de plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises en faveur du port du burkini, depuis mai 2019. Fondée en 2012 à Grenoble, Alliance citoyenne y revendique actuellement plus de 5 000 membres. Aujourd'hui présente dans d'autres villes, elle soutient le collectif de joueuses de football voilées les « Hijabeuses », mobilisées contre la Fédération française de football (FFF) qui interdit le port du voile en compétition.

Alliance citoyenne a été accusée l'an dernier par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de faire « pression sur les pouvoirs publics pour promouvoir, au profit des musulmans, des règles compatibles avec la charia ». Une récente enquête du Parisien l'accuse aussi d'avoir fiché les origines et les croyances d'habitants des quartiers populaires afin de les recruter pour de futures campagnes. Plusieurs manifestations pour ou contre le burkini sont d'ores et déjà annoncées lundi en marge du conseil municipal. Le burkini est autorisé dans les piscines de Rennes depuis 2018. Contactée par l'Agence France-Presse, la mairie n'a pas souhaité communiquer à ce sujet.

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Commentaires (56)

  • el sasr

    J’en ai vu, moi, des burquinis dans les piscines allemandes où ils sont autorisés. Et on y distingue très nettement les sous-vêtements portés dessous. Autrement dit, se baigner en burquini, c’est se baigner tout habillé, avec tous les problèmes d’hygiène que cela implique.

  • Free-man

    Tous ces débats sur le burkini n'ont aucun sens. D'un point de vue pratique et pour des raisons d'hygiène de base le burkini devrait être interdit dans les piscines françaises.

  • evariste99

    Le burkini n'est pas l'équivalent en piscine du voile islamique, mais du tchador iranien, vue la surface de peau dissimulée.