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La Primaire populaire revendique 467 000 inscrits

Gauche 2022 : le grand embouteillagedossier
La date limite pour s’inscrire était fixée dimanche soir. Les organisateurs se félicitent d’être la primaire qui rassemblera le plus de votants, loin devant les consultations écolo et LR.
par Sacha Nelken
publié le 23 janvier 2022 à 17h51
(mis à jour le 24 janvier 2022 à 1h19)

«On avait en tête de rassembler plus de monde que le congrès de LR pour devenir le premier processus de cette année présidentielle sous Covid.» Samuel Grzybowski, fondateur du mouvement Coexister et un des copilotes de l’initiative pour une Primaire populaire, bombe le torse. Après près de six mois de campagne de parrainages citoyens et de phase d’inscriptions, la consultation est parvenue à rassembler 467 000 inscrits qui pourront donc se prononcer lors du vote prévu du 27 janvier à 10 heures au 30 à 17 heures. Le chiffre sera vérifié lundi par «la Haute Autorité du contrôle du vote» précisent les organisateurs.

Samedi, ils étaient 376 000 personnes à s’être inscrits pour participer à ce vote citoyen qui tente d’unifier la gauche, quand le 18 janvier ils n’étaient «que» 288 000. Les organisateurs de la primaire populaire étaient donc déjà assurés plusieurs jours avant la clôture de sa phase d’inscription lancée le 15 décembre, d’avoir un potentiel de votants plus grand que la primaire écologiste de septembre (122 000) et du congrès LR de décembre (près de 140 000).

«On voulait monter le plus haut possible parce qu’on sait que le nombre final aura un impact sur la légitimité de la primaire, explique Samuel Grzybowski à Libération. On n’a jamais cherché à être en concurrence avec la primaire écologiste, c’était une élection légitime dont on a attendu les résultats pour savoir qui intégrer à notre processus.» Les écolos qui, eux, n’ont jamais vu la primaire populaire d’un bon œil, excepté Sandrine Rousseau. Yannick Jadot a d’ailleurs toujours justifié son choix de ne pas participer au processus en expliquant qu’il tenait déjà sa légitimité de la primaire écolo.

Sept candidats sur la ligne de départ

Fin février 2021, six entrepreneurs sociaux et activistes lancent l’association «2022 ou jamais». Leur objectif : contribuer à unifier la gauche. Prenant acte du fait que les nombreux partis de gauche refusent de s’arranger entre eux pour parvenir à une candidature commune, ils lancent la Primaire populaire. Un processus à travers lequel les citoyens choisiront le candidat qu’ils aimeraient investir. Ce sont d’ailleurs eux qui sont chargés de sélectionner les personnalités politiques qu’ils souhaitent voir sur la ligne de départ.

Le 10 octobre, les organisateurs dévoilent la liste des 10 candidats les plus «parrainés». On y retrouve Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Christiane Taubira, Anne Hidalgo, l’entrepreneuse Charlotte Marchandise, la militante écologiste Anna Agueb-Porterie, le fondateur du petit parti Nouvelle Donne, Pierre Larrouturou, l’économiste Gaël Giraud et les députés insoumis Clémentine Autain et François Ruffin. Ne souhaitant pas devenir président de la République, les trois derniers seront finalement retirés de la liste. Ils ne sont donc plus qu’aujourd’hui sept sur la ligne de départ.

Problème, plusieurs personnalités de premier plan apparaissent dans cette liste finale alors qu’ils ont demandé à ne pas l’être. C’est notamment le cas de l’insoumis Jean-Luc Mélenchon et de Yannick Jadot qui n’ont jamais caché leur défiance vis-à-vis du processus. «Laissez-moi tranquille, nous n’avons rien à voir avec ça», dit le premier quand le second qualifie la Primaire populaire de «machine à perdre». Les deux candidats ont été rejoints, il y a quelques jours dans le camp des «anti» par la candidate du PS, Anne Hidalgo, au terme d’un slalom donnant le tournis.

La maire de Paris a d’abord rejeté l’idée d’y participer, puis appelé tous les candidats à s’y plier avant de finalement dire qu’elle n’irait plus et qu’elle ne tiendrait pas compte du résultat sous prétexte que Jadot ne voulait pas y participer et enfin demandé à «retire[r] son nom» de la fameuse liste. La faute (officiellement) à une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux où l’on voit Samuel Grzybowski expliquer qu’il fallait inciter les élus à ne pas donner de parrainages à certains candidats de la gauche.

Vote au jugement majoritaire

Ne reste donc finalement que Christiane Taubira comme «principale» candidature. Entrée dans la course présidentielle en décembre avec une vidéo énigmatique dans laquelle elle expliquait «envisager» se présenter» l’ancienne garde des Sceaux a depuis affirmé qu’elle se «plierait au résultat». Cette primaire, c’est «le dernier espace où l’union de la gauche peut se construire» selon elle. L’ancienne députée de Guyane est la candidate qui a reçu le plus de parrainages citoyens. Chez les différents candidats de gauche, on soupçonne d’ailleurs la Primaire populaire de ne rouler que pour Taubira.

De jeudi à dimanche prochain, la parole sera donc aux citoyens inscrits. Mais, il ne leur sera pas demandé de choisir qui est à leurs yeux la personnalité la plus à même de les représenter. Le vote se fera au jugement majoritaire qui consiste à donner une mention à tous les candidats sur la ligne de départ. Ici la question posée sera «pour faire gagner l’écologie et la justice sociale à l’élection présidentielle, j’estime que chacune de ces personnalités serait…». Ils devront donc dire pour chacun des sept candidats s’ils considèrent qu’il est «très bien», «bien», «assez bien», «passable», ou «insuffisant». Le vainqueur sera celui qui a le meilleur jugement global.

Mise à jour lundi 24 janvier à 01 h 20 avec le chiffre final du nombre d’inscrits.


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