POLITIQUE - “La police nationale et la justice sont des institutions anti-femmes et anti-enfants.” Cette phrase écrite le vendredi 21 janvier dans la soirée par la militante féministe Caroline de Haas fait beaucoup réagir, tant dans la classe politique qu’au sein des institutions qu’elle accuse.
Tout est parti d’une affaire de violences sexuelles intra-familiales relatée par l’ancienne cheffe du syndicat étudiant Unef pour prouver que “la justice française défend les pédocriminels”. Dans plusieurs messages, Caroline de Haas fait donc le récit du viol d’une petite fille à Orchies, dans le Nord, par son oncle et parrain, le tout filmé par la petite sœur de la fillette.
L’accusé, souffrant de carences intellectuelles, a finalement été condamné à cinq ans de prison, pour “agression sexuelle” et non pas pour viol. Ce qui fait dire à Caroline de Haas, à l’adresse d’Emmanuel Macron: “Arrêtez de dire aux victimes de violence d’aller porter plainte. Votre justice est du côté des personnes violentes.”
La @PoliceNationale et la @justice_gouv sont des institutions anti-femmes et anti-enfants. Peut être qu’un jour o… https://t.co/cLW2N5UYJV
— Caroline De Haas ✌️ (@carolinedehaas)
Et l’ancienne directrice de campagne de Cécile Duflot d’en arriver à la fameuse phrase: “La police nationale et la justice sont des institutions anti-femmes et anti-enfants.” Elle ajoute: “Peut-être qu’un jour on dira toutes: ‘Stop. On ne va plus porter plainte.’ et qu’on ira occuper, toutes ensembles, les tribunaux et les commissariats pour que ça change.”
“Irresponsabilité. Mensonge. Danger.”
Une sortie pour le moins véhémente, qui a valu à Caroline de Haas de nombreuses réponses politiques. La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa s’est notamment insurgée contre cette série de tweets, déplorant qu’elle “décourage les femmes et enfants victimes de violences de porter plainte”.
Une critique à laquelle Caroline de Haas a répondu qu’elle était plutôt indignée par la réponse apportée à ces thématiques par un gouvernement qui en a fait la grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Pas de mot pour dire ma colère face à ce tweet ignoble qui décourage les femmes et enfants victimes de violences à… https://t.co/jivzuR8PLE
— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa)
Et comme Marlène Schiappa, plusieurs personnalités ont aussi fustigé une négation du travail des forces de l’ordre au côté des victimes. “Venez le dire en face à ceux qui se mettent en danger en intervenant pour les sauver”, écrit par exemple la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé. Membre de l’équipe de campagne d’Anne Hidalgo pour la présidentielle, le sénateur socialiste Rachid Temal répond en trois mots à Caroline de Haas: “Irresponsabilité. Mensonge. Danger.”
Indigne ! Venez à la Maison des Familles dans les Yvelines et dites aux forces de l'ordre qu'elles sont des institu… https://t.co/bzYyAZPRSo
— Aurore Bergé (@auroreberge)
Irresponsabilité. Mensonge. Danger. https://t.co/E6EskLHktc
— Rachid Temal (@RachidTemal)
Je suis profondément choqué par ces propos de @carolinedehaas. J’adresse mon soutien aux femmes et aux hommes, dans… https://t.co/F2qDs9krki
— François Jolivet (@FJolivet36)
Une prise de parole politique qui est également venue des rangs de la police nationale, où les organisations syndicales et leurs dirigeants ont répondu à l’unisson à la sortie de la militante féministe.
Les syndicats policiers scandalisés
Tous dénoncent un décalage entre la teneur du message de Caroline de Haas, en particulier l’idée d’institutions régaliennes “anti-femmes et anti-enfants”, et la réalité du travail de terrain qui comporte une vaste part d’accueil des victimes, qu’il s’agisse de femmes battues ou d’enfants victimes de violences.
Camille Chaize, porte-parole de la police nationale a notamment livré un témoignage personnel à cet égard: À la lecture de ce tweet, je repense à toutes les femmes et enfants que j’ai aidées quand j’étais policier de terrain.” Elle ajoute: “Juste n’importe quoi.”
Ça suffit ces bobos hors-sol qui crachent sur ceux qui nous protègent car ils vivent dans des quartiers surprotégés… https://t.co/WcSxHJ26mY
— Matthieu Valet (@mvalet_officiel)
Quand je lis ce genre d'ineptie Je pense immédiatement à mes collègues en brigade des mineurs, #Vif ou #BPF qui éco… https://t.co/nUYvbbDWaB
— Grégory JORON (@gregjoronusgp)
😵💫Remettre en cause le dépôt de plainte et occuper les commissariats n’amènera pas une politique pénale de fermeté… https://t.co/zT3Cq7OxIU
— ALLIANCE PN (@alliancepolice)
Celle qui n’a rien vu des viols commis sous ses yeux à l’@UNEF, a nié les agressions sexuelles de Cologne ainsi que… https://t.co/4U3SFH33K3
— Synergie-Officiers (@PoliceSynergie)
Et la critique du tweet de Caroline de Haas s’est également retrouvée du côté d’associations et de personnalités médiatiques. Avec principalement l’idée que ce “discours de défiance” porté par la militante féministe risquerait de décourager des victimes d’aller porter plainte.
Tenir un discours de défiance envers les forces de sécurité intérieures et envers la justice, tel que le fait… https://t.co/qsB4FZBKIw
— Perrine Sallé (@Perrine_Salle)
Décourager les femmes victimes de violences à porter plainte est scandaleux ! Avocate, j’ai eu à déposer des ordonn… https://t.co/MzvONFZCPw
— Najwa El Haïté (@najwaelhaite)
Mme @carolinedehaas,votre tweet est tout à la fois écœurant et faux. Je ne sais si le plus grave est de détourner… https://t.co/avFFme84Gt
— Tristane Banon (@BanonTristane)
Dans une interview publié ce dimanche par le JDD, Gérald Darmanin dresse un bilan plus que positif de l’action gouvernementale. “On a beaucoup progressé, mais il y a encore beaucoup de moyens à mettre en œuvre”, assure le ministre de l’Intérieur, mettant en avant quelque 400.000 interventions annuelles pour des violences conjugales et sexuelles ainsi que le recrutement à venir de personnels en grand nombre et la volonté que tous les commissariats disposent d’une brigade des familles.
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