INTERNATIONAL - La passe d’armes témoigne bien des tensions actuelles autour de l’Ukraine. Ce samedi 22 janvier, le Royaume-Uni a officiellement accusé la Russie de “chercher à installer un dirigeant pro-russe à Kiev” et d’“envisager” d’“occuper” l’Ukraine, au lendemain de pourparlers américano-russes peu productifs. Des accusations qualifiées d’“absurdités” par Moscou.
“Nous appellons le Foreign Office à cesser de propager des absurdités”, a réagi dimanche le ministère russe des Affaires étrangères sur Twitter.
❗ Disinformation circulated by @FCDOGovUK is yet another indication that it is the @NATO Members led by the Anglo-S… https://t.co/ZbGAyCHHuk
— MFA Russia 🇷🇺 (@mfa_russia)
Dans un communiqué abrasif, la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a dénoncé “l’ampleur de l’activité russe visant à ébranler l’Ukraine”. “Selon nos informations, le gouvernement russe cherche à installer un dirigeant pro-russe à Kiev, tandis qu’il envisage d’envahir et d’occuper l’Ukraine”, a-t-elle ajouté.
Une liste de dirigeants pro-russes
Le ministère des Affaires étrangères affirme que “l’ex-député ukrainien Ievgeniï Mouraïev est considéré comme un candidat potentiel”, mais il n’est pas le seul: les services de renseignement russes entretiennent “des liens avec de nombreux anciens hommes politiques ukrainiens”.
NEW: We will not tolerate Kremlin plot to install pro-Russian leadership in Ukraine. The Kremlin knows a militar… https://t.co/aEzWDiTJty
— Liz for Leader (@trussliz)
La diplomatie britannique évoque ainsi les noms de Serguiï Arbouzov (le premier vice-Premier ministre de l’Ukraine de 2012 à 2014, puis Premier ministre par intérim), d’Andriï Klouïev (qui dirigeait l’administration présidentielle de l’ex-chef de l’Etat ukrainien Viktor Ianoukovitch), de Volodymyr Sivkovytch (l’ancien secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien) ou encore de Mykola Azarov (le Premier ministre de l’Ukraine de 2010 à 2014).
“Certains d’entre eux sont en contact avec des agents des services de renseignement russes actuellement impliqués dans la planification d’une attaque contre l’Ukraine”, accuse le ministère.
L’Ukraine “va continuer” de démanteler tout groupe prorusse, a déclaré dimanche la présidence ukrainienne. “Notre État va continuer sa politique de démantèlement de toute structure oligarchique et politique pouvant œuvrer en vue de la déstabilisation de l’Ukraine ou étant complice avec les occupants” russes, a déclaré Mykhaïlo Podoliak, conseiller du chef de l’administration présidentielle ukrainienne.
Des remous chez les Occidentaux
Pour les États-Unis, ces accusations sont “profondément préoccupantes”. “Ce genre de complot est profondément préoccupant. Le peuple ukrainien a le droit souverain de déterminer son propre avenir, et nous sommes aux côtés de nos partenaires démocratiquement élus en Ukraine”, a déclaré Emily Horne, porte-parole du Conseil national de sécurité à la Maison Blanche.
Today, President Biden met with his national security team to discuss continued Russian aggressive actions toward U… https://t.co/r8lCNqUli0
— The White House (@WhiteHouse)
Le scénario selon lequel la Russie pourrait s’emparer de son voisin avait plus tôt été qualifié d’“ineptie” par le chef de la Marine allemande, le vice-amiral Kay-Achim Schönbach. Des commentaires qui lui ont valu l’annonce par le ministère allemand de la Défense, dans la soirée, de sa démission.
Les déclarations britanniques surviennent quelques heures seulement après que le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a accepté une rencontre avec son homologue britannique Ben Wallace. Sergueï Choïgou a proposé que la rencontre ait lieu à Moscou.
Cette réunion bilatérale, la première depuis 2013, a pour but d’“explorer toutes les voies pour parvenir à la stabilité et à un règlement de la crise ukrainienne”, a déclaré samedi une source au ministère britannique de la Défense.
La Russie craint l’expansion de l’Otan
Accusée par les Occidentaux d’avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une attaque, le Kremlin dément toute intention belliqueuse mais lie une désescalade à des traités garantissant notamment le non-élargissement de l’Otan, en particulier à l’Ukraine. Inacceptable, répliquent les Occidentaux, qui menacent la Russie de sévères sanctions en cas d’attaque.
Malgré des positions pour l’instant irréconciliables, une détente s’était amorcée vendredi entre les Occidentaux et Moscou après plusieurs semaines d’escalade verbale, à l’occasion de pourparlers à Genève entre les chefs des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et Antony Blinken.
Les deux ministres ont convenu vendredi de poursuivre la semaine prochaine leurs “francs” pourparlers, faisant espérer au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qu’une invasion de l’Ukraine ou une incursion militaire sur son territoire “n’arrivera pas”.
Ces affirmations britanniques rejoignent certaines informations américaines. Jeudi, les États-Unis avaient imposé des sanctions à quatre Ukrainiens, dont deux députés en exercice, accusés de travailler avec les services secrets russes (FSB), invoquant leurs “activités déstabilisatrices” en Ukraine.
Une attaque imminente?
La décision du Trésor américain vise les parlementaires Taras Kozak et Oleg Volochine -accusés notamment d’avoir été chargés par le FSB de “recruter d’anciens et actuels responsables gouvernementaux pour se préparer à prendre le contrôle du gouvernement ukrainien”-, mais aussi Volodymyr Sivkovytch, cité dans le communiqué britannique. La Maison Blanche estime qu’une attaque pourrait désormais survenir ”à tout moment”.
La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a mis en garde samedi Vladimir Poutine contre “l’erreur stratégique majeure” que constituerait “toute incursion militaire russe en Ukraine”, menaçant son pays de représailles avec “des coûts sévères”.
Vendredi déjà, Liz Truss avait “exhorté la Russie à la désescalade”, au cours d’une visite à Sydney, prévenant qu’une “invasion ne mènerait qu’à un terrible bourbier et à des pertes humaines”, comme pendant la guerre d’Afghanistan du temps de l’URSS et les conflits en Tchétchénie.
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