Histoire vraie

«Memory Box», trésors de guerre

Article réservé aux abonnés
Emouvant, le film coréalisé par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige reprend le journal intime que la cinéaste a tenu pendant les années 80 au Liban.
par Anne Diatkine
publié le 19 janvier 2022 à 2h23

Tous les films de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, artistes et cinéastes libanais en vue, portent sur les traces et la manière dont le temps les métamorphose en fiction. Tous portent sur l’histoire du Liban, inatteignable, recouverte par la nécessité de survivre à l’instant présent, une nouvelle catastrophe, au point qu’il n’existe pas de manuel d’une histoire commune pour les écoliers libanais, ni de carte fiable de Beyrouth. «Je veux tout voir, j’ai besoin de tout photographier. Comme si j’avais peur que la ville disparaisse sous mes yeux», crie Maïa (la trop rare Manal Issa) dans Memory Box, pendant la guerre civile, au plus proche de celle qu’a été Joana Hadjithomas, jeune fille, dont le film reprend le vrai journal d’adolescente.

Bandes magnétiques

Comme leurs autres longs métrages, Memory Box s’ancre sur une histoire vraie et extraordinaire. Entre ses 13 et ses 18 ans, de 1982 à 1988, Joana Hadjithomas a tenu son journal, enregistré des cassettes, et écrit quotidiennement à sa meilleure amie partie vivre à Paris avec sa famille. La Poste était détruite, mais chaque mois, les deux adolescentes trouvaient une personne pour faire le relais entre la France et le Liban et transmettre à l’une et à l’autre leur journaux enregistrés, écrits, et visuels, de leur vie en temps de guerre et de paix. Pendant vingt ans, les deux épistolières se sont perdues de vue, gardant précieusement ces centaines de cahiers et la moindre des bandes magnétiques qu’elles étaient certaines de

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus