CARNAVALA quel point Bradley Cooper terrifie dans la « Nightmare Alley »

« Nightmare Alley » : Bradley Cooper fascine en mentaliste escroc pour Guillermo Del Toro

CARNAVALL'acteur Bradley Cooper se voit confier par Guillermo Del Toro le rôle d'un mentaliste escroc fascinant dans « Nightmare Alley » en salles ce mercredi
«Nightmare Alley»: Bradley Cooper laisse libre cours à son côté inquiétant pour Guillermo Del Toro
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Un homme paumé se découvre un don pour le mentalisme dans l’Amérique des années 1940.
  • Bradley Cooper se glisse dans la peau de ce personnage ambigu, tour à tour séduit par Toni Colette, Rooney Mara et Cate Blanchett.
  • Après « La forme de l’eau », Guillermo Del Toro signe un hommage au film noir dans la sombre « Nightmare Alley ».

Jamais Bradley Cooper n’avait été aussi impressionnant que dans Nigthmare Alley de Guillermo Del Toro. Il devient Stanton Carlisle, homme au passé trouble et à la moralité douteuse qui va s’imposer comme mentaliste d’abord dans une foire puis dans le New York des années 1940. Trois femmes campées par Cate Blanchett, Rooney Mara et Toni Collette suivent son ascension et sa décadence.

« Je voulais que Bradley Cooper laisse libre cours au côté inquiétant que j’avais entrevu chez lui pour Limitless et A Star is Born, confie Guillermo Del Toro à 20 Minutes. Je souhaitais qu’on comprenne que Stanton Carlisle est capable de détruire des gens mais qu’il ait suffisamment de charisme pour qu’on accepte qu’on puisse se laisser embobiner par lui. » L’acteur s’est fait un look ténébreux à la Gary Cooper pour cacher les noirs desseins de son personnage.

Deux Amérique dos à dos

Le Charlatan, roman de William Lindsay Gresham, paru en 1946, avait déjà été porté à l’écran par Edmund Goulding l’année suivante. La version qu’ont écrite Guillermo Del Toro, auréolé des Oscars reçus pour La Forme de l’eau en 2018, et son épouse Kim Morgan, oscille entre classicisme et modernité. « C’est un banquet de cinéma, martèle le réalisateur. Cette histoire fait écho à l’époque actuelle avec son complotisme, ses mensonges et sa paranoïa. » Stanford Carlisle s’impose d’abord sur la foire entre « phénomènes », artistes de cirque et forains (Willem Dafoe, Richard Jenkins et Ron Perlman sont tous merveilleux).

Il essaie ensuite de percer en ville où une psychiatre, Cate Blanchett en femme fatale glaciale, va le prendre à son propre jeu. « Je mets dos à dos deux Amériques, insiste Guillermo Del Toro. Celle de la foire où les gens trompent le public de façon quasiment honnête, et celle de la ville où les élites se donnent un genre respectable alors qu’elles sont profondément corrompues. » L’amour de Guillermo Del Toro pour les êtres différents affleure tout au long de cet hommage au film noir aux images somptueuses.

« Stanford Carlisle est comme un dealer qui se shoote avec sa cargaison, explique Guillermo Del Toro. Quand il commence à croire à ses propres mensonges, il est cuit, mais ne sommes-nous pas tous plus ou moins capables de nous laisser convaincre par ce que nous inventons? » La scène finale du film, terrifiante, prouve que faire la différence entre la réalité et ses inventions peut être une riche idée. On sort de la salle avec les frissons que provoque un passage dans une Nightmare Alley délicieusement sombre.

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