Tests antigéniques : un réseau de tentes blanches illégales démantelé

Test covid
La police a démantelé en Ile-de-France un réseau de pharmaciens et de médecins qui avaient installé des tentes de dépistage Covid parfois à plusieurs kilomètres de leur lieu de travail © Frederic J. BROWN / AFP
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William Molinié , modifié à
La police a démantelé en Ile-de-France un réseau de pharmaciens et de médecins qui avait installé des tentes de dépistage Covid parfois à plusieurs kilomètres de leur lieu de travail, en faisant appel à des petites mains absolument pas habilitées à pratiquer des tests antigéniques…

Ce sera sans doute un des symboles de notre vie sous le Covid. Les barnums, ces tentes blanches, où l’on dépiste le virus avec des tests antigéniques font l’objet d’attention ces dernières semaines par les policier qui ont mis au jour d’étranges pratiques. Selon nos informations, entre 300 et 400 d’entre elles seraient implantées illégalement dans la capitale et en proche banlieue.

Jusqu’à 40.000€ par mois

Sur la vitrine de cette pharmacie du 16e arrondissement parisien, les slogans vantent le bien-être et la santé. Les clients sont bien loin d’imaginer les soupçons qui pèsent sur le gérant de cette officine à la devanture bien soignée.  Selon nos informations, les policiers pensent que lui et une demi-douzaine de ses confrères ont ces derniers mois ouvert des tentes de dépistages illégaux, jusque dans les rues bien moins huppées de Seine-Saint-Denis.

Le mode opératoire était bien ficelé. Les professionnels de santé communiquaient leurs codes d’identification de la sécurité sociale auprès d’un logisticien, alors chargé de recruter de la main d’œuvre pour monter des tentes et jouer aux apprentis infirmiers en faisant passer des tests de dépistage. A ces petites mains, généralement des étudiants, les escrocs leur promettaient environ 2,50€ par test réalisés.

"Mon client n’a absolument rien touché. On lui a dit ‘viens monter des tentes et fais des tests et si tu rends service, tu peux avoir un billet à la fin’. On lui garantissait que toutes les autorisations étaient gérées par le pharmacien", raconte au micro d’Europe 1 l’avocat d’un de ces étudiants, Grégory Lévy.

A l’inverse, les professionnels de santé ont empoché le jackpot. Car à raison de 80 tests par jour, remboursés à hauteur de 25 euros par la sécurité sociale, une seule tente pouvait rapporter jusqu’à 10.000€ par semaine, 40.000€ par mois. Deux enquêtes préliminaires ont été ouvertes à Paris et en Seine-Saint-Denis, portant sur du travail dissimulé, de l’escroquerie en bande organisée au préjudice de la sécurité sociale et de l’occupation illicite du domaine public.