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Élections françaisesUne gauche divisée peut-elle peser dans la présidentielle?

Seul Jean-Luc Mélenchon aurait des chances de dépasser les 10% des voix en 2022.

À moins de 100 jours du scrutin présidentiel, en France, la myriade de partis de gauche du pays risque d’être éliminée dès le premier tour, mais les appels à l’unification derrière un candidat unique n’aboutissent pas pour le moment.

Les sondages montrent régulièrement que seul Jean-Luc Mélenchon, candidat de la gauche radicale, qui avait obtenu presque 20% au premier tour il y a cinq ans, a des chances de dépasser les 10% en 2022.

Aucun autre ne parvient à atteindre des résultats à deux chiffres, ce qui rend peu probable qu’un candidat de gauche ne vienne troubler Emmanuel Macron dans sa quête d’un second mandat.

Manque de projet commun

Le retournement de situation est brutal, en particulier pour les socialistes, qui ont occupé la présidence avant Emmanuel Macron et dont la candidate, la maire de Paris Anne Hidalgo, est en grande difficulté.

Celle-ci s’attelle désormais à convaincre Jean-Luc Mélenchon, le candidat des Verts Yannick Jadot, les communistes et autres forces de gauche à unir leurs forces. Mais tous ont pour l’instant rejeté l’idée.

Entre-temps, Christiane Taubira ancienne ministre des gouvernements de François Hollande et figure respectée au sein de la base du Parti socialiste, a déclaré qu’elle «envisageait» de rejoindre la mêlée dans une tentative d’unification, ce qui brouille davantage l’échiquier.

La plupart des électeurs semblent résignés à l’idée que 2022 ne sera pas l’année du retour de la gauche, même si la dégradation du pouvoir d’achat, les inégalités et la menace du réchauffement climatique figurent régulièrement parmi les principaux enjeux électoraux dans les sondages.

«La gauche paie le fait de ne plus être capable de se mettre autour d’une table pour discuter et construire un projet commun», regrette Clémence Dollé, membre du mouvement des Jeunes écologistes qui soutient le parti Europe Écologie Les Verts (EELV). «On aurait dû faire cela il y a deux ans. C’est trop tard».

«Pas envie d’attendre 5 ans»

Interrogé par l’AFP, le politologue Gérard Grunberg a dressé un constat sans appel. «C’est désastreux. Jamais la gauche n’a été aussi divisée depuis le début de la Ve République» (en vigueur depuis 1958).

Aux côtés des trois plus grandes formations de gauche, se trouve une demi-douzaine de partis de niche, dont peu sont enthousiastes à l’idée d’une primaire, prévue fin janvier par des militants espérant former une franche opposition à la droite.

«Nous sommes là pour rappeler aux partis politiques que leur rôle est de répondre aux urgences que les citoyens font remonter», a déclaré Mathilde Imer, porte-parole de l’initiative de «La Primaire Populaire» qui a recueilli plus de 300’000 inscriptions en ligne.

Selon elle, il est clair que les électeurs «n’ont pas envie d’attendre cinq ans» pour que la gauche présente une campagne convaincante face aux problèmes sociaux et climatiques.

«Perdu d’avance»

Cependant, pour Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’Université de Lille, «beaucoup de partis de gauche ont l’impression que c’est perdu d’avance et choisissent de défendre leur propre drapeau».

Pourtant, même si l’immigration et les craintes sécuritaires dominent le débat, Rémi Lefebvre réfute l’idée d’un basculement à droite du centre de gravité politique français.

«Il y a un potentiel électoral pour la gauche mais elle n’arrive pas à le capter» a-t-il expliqué à l’AFP, soulignant un «problème de crédibilité» tant «le discours de gauche est difficile à vendre et à défendre». Les appels à l’intensification de la lutte contre le réchauffement climatique continuent par exemple à être perçus comme «sacrificiels» et nuisant aux emplois et à la croissance.

«Une bonne image ne se traduit pas en capital électoral lorsque le débat se concentre sur la sécurité et l’immigration, des questions sur lesquelles la gauche est totalement absente», commente le politologue Stéphane Rozès.

Au-delà de 2022, «je pense que la gauche va survivre. En tant que jeune militante, on se rend compte que ce sont les personnes les plus anciennes dans les appareils qui ont le plus de mal à se mettre autour d’une table et discuter», juge Clémence Dollé.

AFP