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À Rouen, les habitants invités à voter pour conserver ou non la statue de Napoléon

Au cours des dernières semaines, les Rouennais ont pu participer à quatre conférences ainsi qu'à deux visites culturelles sur l'histoire statuaire rouennaise.
Au cours des dernières semaines, les Rouennais ont pu participer à quatre conférences ainsi qu'à deux visites culturelles sur l'histoire statuaire rouennaise. ANDBZ/ABACA

La statue équestre, en restauration depuis plus d'un an, pourrait revenir sur son piédestal devant l'Hôtel de ville ou être déplacée et remplacée par une figure féminine.

«Et si on statuait ?», encourage la mairie de Rouen sur son site internet. Depuis ce lundi 6 décembre et jusqu'à mercredi soir, les habitants de la préfecture de Seine-Maritime sont invités à voter en ligne sur le futur aménagement de la place de l'Hôtel de ville. La statue équestre de Napoléon 1er, en restauration depuis plus d'un an, doit-elle revenir sur son piédestal, ou bien être déplacée et remplacée par une figure féminine ?

En juillet 2020, la majestueuse statue de Napoléon, qui siégeait depuis 1865 devant l'Hôtel de ville, a été déposée pour être restaurée. Quelques semaines plus tard, le maire PS Nicolas Mayer-Rossignol, qui s'attache à «remettre de l'égalité dans l'espace public», proposait sur Twitter de la remplacer par une figure féminine. «À titre personnel», il «trouverait formidable» que «Rouen soit la première ville de France» à mettre ainsi à l'honneur l'avocate et militante féministe Gisèle Halimi.

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«Potager partagé», «parcours des senteurs» ou «hôtel à insectes» ?

«Aujourd'hui, 5% seulement des noms de rues sont féminins, et quasiment aucune rue emblématique, place, lieu très visible ne porte de nom féminin à Rouen (à part la rue Jeanne d'Arc), déplore la mairie. Cette "invisibilisation' de la moitié de l'humanité n'est pas anodine et fait écho aux inégalités qui demeurent entre les femmes et les hommes».

La Ville a donc lancé une «consultation citoyenne». Au cours des dernières semaines, les Rouennais ont pu participer à quatre conférences ainsi qu'à deux visites culturelles sur l'histoire statuaire rouennaise. «Un micro-trottoir a été réalisé sur la place et en centre-ville auprès des passants», précise la mairie. Enfin, trois ateliers ont permis à un panel de vingt citoyens de travailler sur le projet de «renaturation» de la place de l'Hôtel de ville: les Rouennais pourront ainsi choisir d'installer, sur le parvis, un «potager partagé», un «parcours des senteurs», ou encore «un hôtel à insectes». Il est aussi proposé d'y aménager «une 'street-plaza' pour les skateurs»...

Alors que nombre d'historiens ont fustigé une «idée désastreuse», une pétition en ligne a réuni plus de 21.000 signatures contre le remplacement de la statue. «Qu'ils ne nous fassent pas la blague de dire qu'il ne s'agit pas de déboulonner Napoléon!, s'exclame Jonas Haddad, président des Républicains de Seine-Maritime. Déplacer sa statue dans une île - c'est l'une des propositions, NDLR - ça signifie invisibiliser l'un des plus grands personnages de l'Histoire de France. C'est aussi faire le jeu des extrêmes, en validant les thèses de ceux qui disent que notre pays est en train de se saborder, qu'il est dans une culture de la repentance».

Conseillère municipale en charge du patrimoine et du matrimoine, Elizabeth Labaye est aussi professeur d'histoire. «Il n'y a aucun esprit de 'cancel culture', se défend-t-elle. Mais nos musées sont pleins de statues qui ont été dans l'espace public à un moment... Il faut des figures féminines qui rassemblent: on a déjà trouvé une cinquantaine de Rouennaises inspirantes, aussi bien des artistes que des sportives ou des résistantes.» «Preuve qu'il est prévu que la statue revienne à Rouen», l'adjointe ira «jeudi à la fonderie où elle est restaurée, pour choisir la patine» : «On ne met pas 200.000 euros dans la restauration d'une statue pour la déboulonner ensuite!, fait-elle valoir. Quoi qu'il en soit nous ne la donnerons pas à Éric Ciotti ou à d'autres villes qui la réclament déjà».

Les résultats seront rendus publics en début de semaine prochaine, le 13 ou le 14 décembre. «La Ville respectera le vote des habitants, quelle que soit l'issue du vote, promet Elizabeth Labaye. On est déjà très contents d'avoir fait évoluer le débat sur l'invisibilisation des femmes, pas seulement à Rouen mais dans la France entière».

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À Rouen, les habitants invités à voter pour conserver ou non la statue de Napoléon

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606 commentaires
  • nitobrab35

    le

    Napoléon est LE grand homme de l'histoire de France, avec ses excellents cotés (organisation administrative) et ses mauvais (campagne de Russie).
    Dommage qu'il ait été le fruit d'une révolution aux allures de boucherie

  • mmdums@orange.fr

    le

    Pour faire plaisir aux féministes (que je ne qualifierai pas) il faut remplacer Napo par Jeanne d'Arc nue avec une plume au....

  • amohaconte

    le

    Gisèle Halimi , celle qui a défendu les "terroristes" du FLN ; quelle belle image, dans quinze ans un maire de "gauche" de Rouen proposera une statue de Abdessalam ...

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