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«Le premier confinement a été un déclic» : ces jeunes qui se lancent dans le bénévolat depuis la crise sanitaire

À la fin du premier confinement, 86 % des associations ont été obligées d'annuler un ou plusieurs événements.
À la fin du premier confinement, 86 % des associations ont été obligées d'annuler un ou plusieurs événements. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

TÉMOIGNAGES - Entre 2010 et 2019, le taux d'engagement chez les moins de 35 ans est passé de 16% à 22%. Une tendance qui s'est accentuée avec le Covid-19. Retour sur leurs motivations à l'occasion de la Journée mondiale du bénévolat.

La journée mondiale du bénévolat est l'occasion de revenir sur ces bénévoles qui se sont engagés au moment de la crise sanitaire. La propagation du Covid-19 a effectivement poussé le secteur associatif à se réinventer. À la fin du premier confinement, 86 % des associations ont été obligées d'annuler un ou plusieurs événements, 66 % ont été amenées à stopper leurs activités et 57 % ont dû revoir leur mode de fonctionnement avec une forte percée du télébénévolat. « Les associations culturelles, sportives et celles en milieu carcérales ont été les plus impactées par les restrictions sanitaires avec de nombreuses activités qui ont dû être arrêtées », explique Hubert Pénicaud, responsable de l'engagement citoyen au sein de France Bénévolat.

Mais malgré ces difficultés, la France a également vu la percée d'une solidarité forte entre ces citoyens, souhaitant se rendre utiles et aider. « Les associations de solidarité de proximité, soutenant les causes d'isolement et de précarité ont vu leurs besoins se démultiplier avec la crise mais ont également assisté à un afflux important de bénévoles », met en avant Hubert Pénicaud.

En première ligne de cette mobilisation, les jeunes. « Beaucoup de jeunes ont très vite frappé à la porte des associations. Leur mobilisation a été extrêmement rapide. C'est une tendance que l'on observe depuis plusieurs années et qui a été accélérée avec la crise sanitaire ». En effet, entre 2010 et 2019, le taux d'engagement chez les moins de 35 ans est passé de 16% à 22%, selon le dernier baromètre du bénévolat publié par France Bénévolat et l'IFOP.

«Des personnes de mon âge avaient besoin d'un soutien alimentaire»

Hervé, 22 ans, fait partie de ces jeunes qui se sont engagés. « Le déclic a été pendant le premier confinement. Quand je sortais faire quelques pas dans mon quartier de Paris, je voyais de longues files d'attente de personnes qui attendaient pour des distributions de repas », se remémore-t-il. Ce jeune étudiant en histoire et en affaires publiques devient alors bénévole pour l'Ordre de Malte afin d'aider à la distribution alimentaire dans le 20ème arrondissement de Paris. « Ce qui m'a beaucoup frappé c'est qu'il y avait beaucoup de personnes de mon âge qui avaient besoin d'un soutien alimentaire. Certains étaient qui même dans la même université que moi », raconte-t-il. Depuis, Hervé continue à donner de son temps pour cette cause au moins tous les samedis après-midi.

De son côté, Chloé, du haut de ses 20 ans, s'est engagée dans l'association Partage Auvergne qui a pour but de promouvoir les droits des enfants à travers le monde. « Au premier confinement, j'ai vu se multiplier les actions de solidarité. Ça m'a encouragé à me lancer en me disant que moi aussi je pouvais aider à mon échelle », explique cette étudiante en droit. Mais les actions dans les écoles ayant seulement pu reprendre à la rentrée 2021, Chloé a dû s'armer de patience avant de pouvoir se lancer dans cette aventure bénévole. « Je trouve enrichissant de contribuer à l'information des enfants, de les aider à avoir moins de jugements entre eux et envers les autres enfants du monde », affirme-t-elle.

Les déménagements, un frein à l'engagement pérenne des jeunes

Cette jeune bénévole souhaite poursuivre son engagement à Clermont-Ferrand au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire et prévoit de le poursuivre dans une autre antenne de l'association en fonction de sa nouvelle ville d'étude. Les changements de villes et de pays sont justement un des freins à l'engagement sur le long terme des jeunes dans les associations. « Après le premier confinement, les jeunes ont continué leur action bénévole mais c'est vrai qu'à cet âge-là, il y a beaucoup de contraintes en fonction de leurs lieux d'études ou de stages qui peuvent changer d'une année sur l'autre », reconnaît Hubert Pénicaud de France Bénévolat.

Une autre cause a également eu un besoin considérable de bras, surtout au premier confinement: les hôpitaux. L'AP-HP a alors passé un appel pour la recherche de bénévoles. Charles, 33 ans et alors au chômage, a répondu présent. « Je voulais me sentir utile, je ne pouvais pas rester moi à rien faire alors que je pouvais utiliser mes deux mains et mon cerveau pour aider », explique ce trentenaire, qui travaillait juste avant la crise dans les ressources humaines d'un grand groupe du CAC 40.

Charles s'engage à temps plein bénévolement d'abord en tant que secrétaire hospitalier. Il passe ensuite chef logistique pour l'assemblage et la distribution des kits de tests PCR sur l'ensemble de l'Ile-de-France. « En travaillant bénévolement, ou oublie l'argent, le statut hiérarchique. On est simplement là pour aider et voir l'impact de ce qu'on apporte, c'est libérateur », met-il en avant. Depuis cette mobilisation de quelques mois, Charles continue à donner de son temps mais pour une cause dans laquelle il apporte directement son expertise professionnelle, à savoir préparer des étudiants aux entretiens d'embauche.

Alors que chez les jeunes la tendance est à la mobilisation, l'engagement des plus de 65 ans est en baisse, avec un taux qui est passé de 38% à 31% entre 2010 et 2019. Une tendance qui s'est renforcée avec la crise du coronavirus. Fortement invitée à rester chez elle pendant les confinements, cette catégorie de la population a trouvé de nouvelles activités. Une situation problématique pour certaines associations pour lesquelles les seniors représentaient une grande partie de leurs bénévoles et qui sont aujourd'hui à la recherche de remplaçants...

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2 commentaires
  • Et quoi donc ?

    le

    Dommage que cet article ne figure pas en tête du fil du Figaro. Bravo et merci à tous ces bénévoles, parmi lesquels nombre de Français dits "de couleur".

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