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«En voulant censurer Zemmour, la gauche prouve son incapacité à comprendre les inquiétudes des Français»

Stéphane Troussel, président socialiste de la Seine-Saint-Denis, a lancé une pétition pour interdire le meeting d'Éric Zemmour à Villepinte le 5 décembre.
Stéphane Troussel, président socialiste de la Seine-Saint-Denis, a lancé une pétition pour interdire le meeting d'Éric Zemmour à Villepinte le 5 décembre. AFP

FIGAROVOX/TRIBUNE - Stéphane Troussel, président socialiste de la Seine-Saint-Denis, a lancé une pétition pour interdire le meeting d'Éric Zemmour à Villepinte le 5 décembre. Pour Laurence Taillade, cet acte d'impuissance est le symbole d'une gauche en déclin qui préfère censurer plutôt qu'argumenter.

Laurence Taillade est essayiste, auteur de L'urgence laïque (Ed.Michalon) et Être une femme en 2020 (Ed. Michalon) et coauteur d'Une France soumise.


Stéphane Troussel lance une pétition en direction des propriétaires du parc des expositions de Villepinte, qui accueillera le meeting d'Éric Zemmour le 5 décembre, pour leur demander le retrait de la salle. Qu'un président de département, élu, se prête à ce type de guignolerie est atterrant à plusieurs titres.

Je n'ai pas de sympathie particulière pour Éric Zemmour et regrette sa décision de sortir de son rôle de polémiste, qu'il remplissait plutôt bien. Néanmoins, j'ai un attachement viscéral pour la liberté d'expression et pour la démocratie. Or, en agissant ainsi, Monsieur Troussel, qui est dépositaire des principes républicains, dont les libertés d'expression, de penser, d'entreprendre sont les piliers, s'abandonne à les dénier.

L'utilisation de la pétition relève de l'acte symbolique et met en exergue l'impuissance d'un élu à réclamer une censure qui n'a pas de fondement légal.

Laurence Taillade

On comprend que cet élu socialiste, un dinosaure qui a résisté, comme certains de sa catégorie, par le propos démagogique et le clientélisme, s'en prenne ainsi à la venue d'Éric Zemmour dans son fief. Il vit cela, selon ses propres mots, comme un «symbole révoltant». S'exprimant en écriture inclusive sur son fil Twitter, défendant bec et ongles le port du voile lors des sorties scolaires, considérant que son département est «multiculturel», donnant crédit à la victimisation permanente véhiculée par les associations anti-racistes, dont le PIR et le CCIF ont été les maîtres d'œuvre, relayant le concept d'islamophobie, il ne pouvait pas en être autrement.

Sauf que Monsieur Troussel n'est pas un militant d'association mais un président de collectivité locale et que l'on est en droit d'attendre de lui un peu plus de dignité. Il ne s'agit pas ici de remettre en cause le sentiment de «6 personnes sur 10 (qui) se disent victimes de discrimination», si l'on en croit ses propos, mais de rappeler que celui-ci a été fortement influencé par ces mouvements prétendument anti-racistes qui ont intentionnellement instrumentalisé toute forme de frustration pour lui donner une explication raciale. Le concept d'islamophobie, porté par des officines proches des Frères musulmans dont certaines sont aujourd'hui dissoutes, relayé par la galaxie racialiste qui en a fait un business, a largement contribué à créer ce sentiment exacerbé pour en faire une forme de réalité, dans un département à forte population immigrée, mal intégrée et dont certains quartiers ont cédé aux sirènes du communautarisme, de la haine de la France, de ses valeurs et du refus de l'assimilation à tout ce que notre pays représente. Oui, la présence d'Éric Zemmour là est une surprise pour Stéphane Troussel mais non, elle n'est pas négociable.

L'utilisation de la pétition, quant à elle, relève de l'acte symbolique et met en exergue l'impuissance d'un élu à réclamer une censure qui n'a pas de fondement légal. Il faudra bien que Monsieur Troussel accepte que la Seine-Saint-Denis ne soit pas un fief mais un département français.

Notre pays s'est fondé sur la volonté du peuple de s'emparer de sa souveraineté. Il est marqué par la violence avec laquelle la République a vu le jour. La République tient sur cette démocratie où le peuple exerce le pouvoir. Or il n'existe pas de démocratie sans débat, sans liberté d'exprimer ses idées, de les confronter, de débattre, dans le cadre de la liberté d'expression. Éric Zemmour est candidat à l'élection présidentielle. Va-t-il se présenter devant les urnes sans jamais s'exprimer en contact direct avec le peuple et sans pouvoir exposer ses idées, un programme ?

La gauche nous avait habitués à cette censure dont elle devient coutumière. Ce qui est navrant, c'est qu'elle devrait, au contraire, être la garante d'un exercice démocratique exprimé à son plein. Il semble qu'à court d'arguments, à court de réflexion, le PS se soit totalement éloigné de sa capacité à répondre aux problèmes que pose ce candidat et qui sont le fond de sa popularité. Ces bien-pensants, écartant de toute discussion les préoccupations légitimes des Français quant à l'immigration, la montée du communautarisme, l'islamisme, la remise en question quotidienne de nos valeurs, de notre culture, dédaignent ceux qu'ils se prétendant représenter par le mandat et se complaisent dans la consanguinité d'idées. Pire, ils dégradent la Nation, porteuse d'un destin en commun, d'un socle historique et d'un pacte social auquel chacun décide d'adhérer librement. Le citoyen, lorsqu'il s'agit de s'exprimer dans une urne, ira toujours vers celui qui lui semble le mieux comprendre son quotidien. Force est de constater que cette gauche-là en est très loin, qu'elle a choisi délibérément de s'en éloigner et de fuir la confrontation.

Stéphane Troussel se livre à l'exercice favori de son camp : pleurnicher sur des ressentis de minorités hurlantes et ignorer la réalité des masses silencieuses.

Laurence Taillade

Au contraire, dédaignant la force de la rationalité, ces politiques indignes de la République dont ils se rengorgent se vautrent dans l'émotionnel pour mieux manipuler leurs cibles électorales. Oublié le principe d'Égalité qui les oblige à ignorer les distinctions de couleur de peau ou de religion, aux oubliettes la laïcité qui contraint à un exercice distancié de la religion. Stéphane Troussel se livre à l'exercice favori de son camp : pleurnicher sur des ressentis de minorités hurlantes et ignorer la réalité des masses silencieuses.

Agir ainsi, c'est faire le cadeau du statut de victime à Eric Zemmour, c'est le hisser au niveau d'un adversaire politique crédible. De même que son invitation sur TF1, lors du 20h de cette semaine, pose question dans le traitement de l'interview. Le travail de journaliste aurait été de le confronter aux problèmes de notre société et l'acculer au vide de son programme concernant les difficultés économiques des Français, qui ne se résument pas à l'immigration, même si cette question doit tenir un rôle majeur dans l'élection présidentielle, tant notre pays a souffert de la négliger.

Car, finalement, si Éric Zemmour prend une telle place, c'est bien que trop longtemps les autres partis politiques lui ont laissée et lui laissent encore, traitant avec dédain, dans le meilleur des cas, renvoyant au fascisme, pour d'autres, toute personne osant se confronter au réel du quotidien de nos compatriotes.

Le pouvoir rendrait fou. Prenons garde à ce que les fous ne prennent pas le pouvoir. Nous en serions collectivement responsables, d'avoir trop longtemps négligé la raison.


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199 commentaires
  • Michel Trophimovitch

    le

    Honte à cette gauche réduite à néant, mais qui semble avoir encore quelques tressaillements, morbides je l'espère!
    Félicitations et encouragements à Eric ZEMMOUR, ainsi qu'à son directeur de campagne, le général de La CHESNAIE !

  • bellini

    le

    Pauvre gauche! Ils "bouffaient du curé" et les voila léchant les babouches des islamistes!

  • RMorion

    le

    La gauche donne beaucoup de leçons de morale mais reste silencieuse quand des personnes issues de leurs rangs instaurent le droit de cuissage auprès de leur militantes ou s'allient avec les salafistes (ce qui, somme toute, forme les deux faces d'une même pièces). Sa base sociologique est très étroite : elle a ses propres boomers de la fonction publique, des fractions très intégrées et urbanisées des classes moyennes. Et ne parle à personne d'autre. Qu'elle se hisse à 25% d'intention de vote, tous égos confondus, est tout simplement miraculeux.

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