Son arcade sourcilière gauche est déformée par une bosse, le dessous de ses yeux est enflé, rougi, et du sang a séché sous son nez. Mercredi 1er décembre, la judokate double championne d’Europe et médaillée d'or olympique Margaux Pinot a publié une photo d'elle le visage tuméfié (attention, l'image est choquante), pour protester contre la relaxe de son compagnon et entraîneur, Alain Schmitt, qui l'aurait violemment frappée et étranglée dans la nuit du 27 au 28 novembre.

L'agression a eu lieu au domicile de Margaux Pinot, où il s'est rendu dans la nuit, alcoolisé. En couple depuis plusieurs années, ils font tous deux partie du club l’Étoile Sportive du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

Relaxé faute de "preuves suffisantes"

Interpellé à la suite de la plainte de sa compagne, placé en garde à vue jusqu'au lundi, le sportif âgé de 38 ans a été relaxé mardi par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis), lors d'une comparution immédiate.

La juge a estimé qu'il n'y avait "pas assez de preuves de culpabilité". Une décision contrastée par cette photo sans équivoque de Margaux Pinot. Elle l'a publiée sur ses réseaux sociaux mercredi, accompagnée d'un texte poignant. En quelques heures, des centaines de milliers d'internautes lui ont apporté leur soutien. 

Mercredi, le parquet de Paris a fait appel de la décision du tribunal. En première instance, il avait requis un an de prison avec sursis. 

Une photo sans équivoque

"Que vaut leur défense calomnieuse face à mes blessures, et le sang jonchant le sol de mon appartement ?", demande la sportive âgée de 27 ans. "Que manquait-il ? La mort au bout, peut-être ?"

Margaux Pinot est claire sur la peur qu'elle a ressenti : "J’ai cru mourir, j’ai réussi à m’enfuir pour me réfugier chez mes voisins qui ont immédiatement appelé la police." "C'est probablement le judo qui m'a sauvé", estime la championne.

Vidéo du jour

Que vaut leur défense calomnieuse face à mes blessures, et le sang jonchant le sol de mon appartement ?

"J’ai été insultée, rouée de coups de poings, ma tête a été frappée au sol à plusieurs reprises. Et finalement étranglée", décrit-elle. "J’ai plusieurs blessures dont une fracture au nez et 10 jours d’Interruption Temporaire de Travail." Voilà pour les faits.

De son côté, Alain Schmitt a décrit une scène où ils se seraient "empoignés" ou "chiffonnés", rapporte notamment la journaliste Nassira El Moaddem, présente à l'audience. "C'est pas du judo, c'était des coups de poing", a répliqué la victime.

Pendant cette audience, Margaux Pinot a également décrit des violences psychologiques, dénonçant notamment une emprise d'Alain Schmitt sur elle. 

Margaux Pinot soutenue par le monde du judo

De nombreux champions de judo ont apporté leur soutien à la judokate, dont Teddy Riner, Amandine Buchard, et Clarisse Agbégnénou.

Le président de la Fédération française de judo, Stéphane Nomis, a quant à lui déclaré à l'AFP que la fédération a été "abasourdi[e]" de la relaxe d'Alain Schmitt. "Ça fait une journée qu'on essaie de comprendre. Je ne comprends pas comment on peut dire qu'il a absence de preuves. [...] Pour le commun des mortels, absence de preuves en voyant la tête de Margaux c'est incompréhensible." "Elle va avoir notre soutien, l'opinion est avec elle, la fédération est avec elle", a-t-il insisté.

Par ailleurs, la fédération israélienne de judo a annulé la venue d'Alain Schmitt, qui devait entraîner l'équipe féminine en décembre. Il aurait dû s'y rendre dimanche.