POLITIQUE - Il jouait gros, il a perdu gros. Arrivé 4e du Congrès LR avec 22,4% des voix après avoir longtemps refusé de passer par une primaire interne, Xavier Bertrand s’est pris le mur des adhérents en pleine face, alors qu’il était le mieux placé selon les sondages pour affronter Emmanuel Macron dans un hypothétique second tour à la présidentielle. Ce jeudi 2 décembre, les adhérents ont en effet envoyé Éric Ciotti et Valérie Pécresse au second tour de cette élection interne.
Le président des Hauts-de-France, qui espérait plier le match dans l’été, ne se retrouve même pas en position de faiseur de roi, lui qui avait fait de sa réélection aux élections régionales le marche pied de ses ambitions présidentielles. Un camouflet pour le principal intéressé, qui travaillait depuis des années à se tailler un costume de présidentiable.
Une position intenable
Il faut dire que son positionnement était difficilement tenable, dans ce format de primaire fermée, offrant le dernier mot aux militants. Ses différentes volte-face au sujet de cette compétition interne qu’il a longtemps boudée ainsi que l’épisode tragi-comique de sa réadhésion aux Républicains, ne l’ont pas aidé à faire oublier l’image d’un candidat insincère, revenu au bercail pour quémander la force militante et les moyens d’un parti qu’il avait quitté avec fracas quatre ans plus tôt.
Sifflé lors de l’université des jeunes LR, Xavier Bertrand n’a pourtant pas tari d’efforts pour essayer de se rabibocher avec sa famille politique, multipliant ces dernières semaines les déplacements dans les fédérations, tout en cultivant l’image de premier opposant à Emmanuel Macron, ne ratant pas une occasion de mettre en scène une directe confrontation avec le chef de l’État.
Des initiatives insuffisantes pour renverser une cruelle tendance mesurée dès la rentrée. Au mois de septembre, les résultats d’une enquête commandée par Oser la France, structure du député LR Julien Aubert (aujourd’hui soutien d’Éric Ciotti) montraient que Xavier Bertrand récoltait 38 % de bonnes opinions au sein des adhérents LR. Loin derrière Valérie Pécresse (52%) et Michel Barnier (58%).
“Choc”
Sans surprise, l’annonce des résultats a évidemment provoqué un “choc” au sein de ses troupes, selon un témoin présent à son QG de campagne. “Il a assumé de ne pas être arrivé à faire bouger les lignes”, souffle un membre de l’équipe de campagne, précisant que ses soutiens affichaient des mines “silencieuses et graves” quand il leur a annoncé cet échec cuisant: son arrivée à l’avant-dernière place de cette élection.
Et pour cause, Xavier Bertrand n’imaginait pas une seule seconde son absence au second tour de l’élection présidentielle. Au point, rapporte Le Figaro, qu’il avait d’ores-et-déjà planifié la suite, dont des rencontres tout le mois de décembre et un meeting au mois de janvier. Las, celui qui se rêvait un destin présidentiel, devra se contenter de jouer les seconds rôles.
Une partition qu’il a consenti à jouer dans les minutes qui ont suivi les résultats, en annonçant qu’il apportait son soutien à Valérie Pécresse, arrivée 2e de cette primaire, et qu’il sera présent le 11 décembre pour monter l’unité lors du premier meeting que donnera le vainqueur de cette élection.
“Je ne regrette vraiment pas d’avoir présenté ma candidature à ce Congrès”, a-t-il assuré ce jeudi, confirmant que cette défaite signait la fin de ses ambitions nationales. “Demain matin je serai dans ma région, à m’occuper des dossiers de ma région”, a-t-il ajouté. L’Élysée, qu’il rêvait de conquérir, n’a jamais semblé aussi loin.
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