Dysménorrhée : tout savoir sur ces règles douloureuses

Publié le par Ysabelle SillyExperts : Dr Caroline Pombourcq & le Docteur Olivier Marpeau, chirurgien gynécologue à l'Hôpital privé de Aix-en-Provence

La plupart des femmes connaissent ce mal au ventre au moment des règles : les fameuses crampes menstruelles. Ces douleurs sont notamment fréquentes à l'adolescence ou en préménopause, deux périodes fortement marquées par des bouleversements hormonaux. Comment atténuer le mal-être des femmes atteintes de dysménorrhées ? - On fait le point avec le gynécologue Olivier Marpeau. 

Définition : qu'appelle-t-on "dysménorrhées" ?

Les dysménorrhées correspondent à des douleurs pelviennes survenant au moment des règles. Elles peuvent se déclencher avec les menstruations ou les précéder de 1 à 3 jours. La douleur est généralement maximale 24 heures après le début des règles et s'atténue après 2 à 3 jours. Les douleurs ressemblent à des petites contractions sourdes et intenses. Elles prennent la forme de crampes, pulsatiles ou constantes et peuvent irradier dans l'abdomen, au niveau du dos ou encore des jambes.

D'autres symptômes (rattachés au syndrome prémenstruel) accompagnent souvent les dysménorrhées :

Quelles sont les différentes formes de dysménorrhée ?

Nous distinguons la dysménorrhée primaire de la dysménorrhée secondaire. 

La dysménorrhée primaire ou primitive

"La dysménorrhée entraîne des douleurs menstruelles qui ne constituent pas l'un des symptômes d'un trouble gynécologique sous-jacent, mais représentent le processus normal des menstruations. Elles peuvent intervenir à tout âge et plus particulièrement chez la jeune fille ou encore chez la femme à l'approche de la ménopause", selon le docteur Olivier Marpeau.

Vous l'avez compris, la dysménorrhée primaire est physiologique et n'a rien de pathologique. 

  • La dysménorrhée primaire est fréquente. Elle touche plus de 50 % des femmes et est invalidante dans environ 10 % des cas. C'est le type de dysménorrhée le plus fréquent.
  • La dysménorrhée primitive se présente généralement dès l'année qui suit les premières règles et survient presque toujours dans les cycles ovulatoires. La douleur commence généralement lorsque les menstruations débutent (ou juste avant) et persiste les 1 à 2 premiers jours. La douleur s'accompagne  souvent des signes habituels du syndrome prémenstruel (humeur dépressive, ballonnements...). 

La dysménorrhée secondaire

Dans ce cas de figure, les douleurs menstruelles sont secondaires à un trouble gynécologique tel que l'endométriose (le plus fréquemment), l'adénomyose utérine ou encore les fibromes.

La dysménorrhée secondaire débute généralement au cours de l'âge adulte sauf celle provoquée par des malformations congénitales (qui apparaît alors dès les premières règles).

La dysménorrhée secondaire est douloureuse et peut parfois entraîner une invalidité pendant de courtes périodes de temps, mais elle n'entraîne pas de complication. C'est une pathologie fréquente qui touche avec plus ou moins d'intensité 30 à 50 % des femmes en période d'activité génitale.

Qu'est-ce qui provoque les douleurs des règles ?

Dans le cas des dysménorrhées primitives, la douleur n'est pas secondaire à une pathologie gynécologique.  Les symptômes résultent de contractions et d'une ischémie utérine (insuffisance de la circulation du sang dans l'utérus), probablement procurés par la libération de médiateur de l'inflammation dont les prostaglandines (telles que la prostaglandine F2alpha, un stimulant myométrial et un vasoconstricteur puissant).

"Les dysménorrhées secondaires, quant à elles, sont symptomatiques d'une anomalie des viscères pelviens. Les causes fréquentes dysménorrhées secondaires sont l'endométriose, l'adénomyose utérine et les fibromes", explique le docteur Olivier Marpeau, chirurgien gynécologue.

Moins fréquemment, on retrouve d'autres étiologies comme les malformations congénitales (utérus bicorne, utérus cloisonné, cloison vaginale transversale...), les kystes et tumeurs de l'ovaire ou de l'endomètre (comme les polypes utérins), une maladie inflammatoire pelvienne, une congestion pelvienne, des adhérences intra-utérines. 

Enfin les dysménorrhées peuvent être des douleurs psychogènes ou encore liées à un dispositf intra-utérin (DIU) aussi appelé stérilet. À noter que les DIU au lévonorgestrel engendrent moins de douleurs que les DIU au cuivre.  Chez quelques femmes, la douleur s'explique par un orifice cervical extrêmement étroit secondaire d'une intervention chirurgicale (conisation, procédure d'exérèse par anse diathermique, cryo ou thermocautérisation).

Quels sont les facteurs de risque de règles douloureuses ?

Il existe certains facteurs augmentant le risque de règles douloureuses :

  • une puberté et des premières règles précoces ;
  • des menstruations longues ou abondantes ;
  • le tabagisme : une étude récente a montré que le risque de souffrir pendant cette période du cycle est supérieur chez les jeunes femmes qui fument, par rapport à celles qui n’ont jamais fumé (source 1) ; 
  • des antécédents familiaux de dysménorrhée ; 
  • une mauvaise position de l'utérus (un utérus rétroversé par exemple) ;
  • un manque d'exercice physique ;
  • une angoisse de la menstruation (douleurs psychogènes) ; 
  • une maladie ou une anomalie anatomique d'ordre gynécologique (endométriose, l'adémyose utérine, les fibromes, malformations congénitales, les kystes et tumeurs de l'ovaire ou de l'endomètre , une maladie inflammatoire pelvienne, une congestion pelvienne, des adhérences intra-utérines, orifice cervical extrêmement étroit ...).

Les dysménorrhées ont tendance à diminuer avec l'âge et après une grossesse.

Comment se manifeste une dysménorrhée ?

Les symptômes les plus courants des règles douloureuses sont :

  • des douleurs intenses, sourdes, constantes ou spasmodiques (avec des élancements) dans le bas de l'abdomen, qui débutent un peu avant les menstruations et persistent durant quelques jours ;
  • des douleurs qui irradient jusqu'au bas du dos (lombalgie) et à l'intérieur des cuisses; 
  • une sensation de malaise général, de faiblesse ;
  • une fatigue
  • des maux de tête ;
  • des troubles digestifs : crampes intestinales, diarrhées, nausées et des vomissements ; 
  • des envies fréquente d'uriner ;  
  • des caillots ou fragments d'endomètre peuvent être expulsés. 

Ces symptômes peuvent s'accompagner de ceux du syndrome prémenstruel : humeur dépressive, irritabilité, anxiété, ballonnements, oedèmes, constipation... 

Comment prévenir les douleurs pendant les règles ?

Pour éviter les douleurs avant les règles et pendant, il est utile de suivre quelques recommandations :

  • pratiquer une légère activité sportive (les mouvements réduisent les contractions du bas-ventre) comme la marche à pied; 
  • adopter une alimentation saine et équilibrée; 
  • bien s'hydrater (en respectant un apport de 1,5 litre d'eau par jour); 
  • éviter une alimentation riche en sel (afin de réduire le risque d'oedème);
  • éviter les excitants comme le café, le thé ou l'alcool ;
  • privilégier les tisanes relaxantes et drainantes;
  • éviter le stress ou pratiquer des activités destinées à soulager ce dernier (yoga, relaxation, méditation...); 
  • utiliser une bouillote ou un coussin chaud sur le ventre;
  • prendre des bains chauds. 

Comment est établi le diagnostic de dysménorrhée ?

Les dysménorrhées sont identifiées par un examen clinique. Il est ensuite nécessaire de déterminer si les dysménorrhées sont primitives ou secondaires.

L'examen clinique

Il comprend : 

  • l'anamnèse qui recouvre l'ensemble des renseignements fournis au médecin par la patiente sur la description et l'historique de ses symptômes, les circonstances de leur apparition ou qui l'ont précédée ;
  • l'auscultation de la patiente dont notamment celle de l'abdomen, à la recherche de signes éventuels de péritonite ;
  • l'examen pelvien qui se concentre sur la détection des causes d'une dysménorrhée secondaire. Le vagin, la vulve et le col sont examinés à la recherche de lésions et de masses.

La dysménorrhée primitive est suspectée si, les symptômes débutent peu après les premières règles ou pendant l'adolescence.

La dysménorrhée secondaire est suspectée si :

  • les symptômes commencent après l'adolescence.
  • la patiente a un diagnostic positif à une pathologie ou une anomalie anatomique gynécologique : endométriose, adénomyose utérine, fibrome utérin, orifice cervical étroit, masse saillante en dehors de l'orifice cervical, ...

Examens complémentaires

Ces examens visent à éliminer d'autres causes d'aménorrhée :

  • un test de grossesse (les diagnostics de grossesse utérine et ectopique peuvent être éliminés par le test de grossesse) ;
  • une échographie pelvienne (à la recherche de masses pelviennes (kystes ovariens, fibromes, endométriose, adénomyose utérine...) ou et de dispositifs intra-utérins (DIU) perdus ou mal positionnés) ;
  • des prélèvements bactériologiques vaginaux et cervicaux (afin d'éliminer une maladie pelvienne inflammatoire) ;
  • Hystérosalpingographie ou échohystérographie (pour identifier des polypes endométriaux, des fibromes sous-muqueux ou des anomalies congénitales)
  • l'IRM (pour identifier d'autres anomalies dont des anomalies congénitales) ;
  • l'hystéroscopie ou la laparoscopie :  "Il ne faut pas mettre sur le même plan l’hystéroscopie diagnostique (pratiquée sans anesthésie en consultation) et la laparoscopie (plus souvent appelée coelioscopie exploratrice) qui est une intervention sous anesthésie générale, pratiquée en dernier recours", pour Olivier Marpeau, gynécologue.

"En cas de bilan gynécologique négatif, il ne faut pas oublier de rechercher d’autres causes de douleurs pelviennes (causes digestives et urologiques)", prévient le spécialiste.

Comment peut-on soulager les règles douloureuses ?

Si les règles douloureuses sont le symptôme d'une pathologie gynécologique, une prise en charge de cette dernière est nécessaire. Le traitement des dysménorrhées est strictement symptomatique. 

La mise en place d'une bonne hygiène de vie

Le traitement symptomatique de la dysménorrhée commence par du repos, un sommeil suffisant et une activité physique régulière. Un régime pauvre en sucres raffinés et en graisses est recommandé.

Des compléments alimentaires (omega-3, magnésium, vitamine B1,B6,C, D et E, zinc, fer) peuvent aider à combattre la fatigue. 

L'évitement du stress ou la prise en charge de ce dernier (psychothérapie, thérapie brève, méditation , yoga...) peuvent être recommandés. 

Le recours aux médicaments

  • En cas de douleur persistante, les anti-inflammatoires non stéroïdiens AINS (ibuprofène, flurbiprofènes...) peuvent être débutés 24 à 48 heures avant les règles et poursuivis pendant le 1er jour ou les 2 premiers jours du cycle.

"Si les AINS ne sont pas efficaces, le médecin peut  se tourner vers des traitements hormonaux. Un contraceptif oral à faible dose d'œstrogènes/progestatifs peut être prescrit afin de bloquer l'ovulation", selon le docteur Olivier Marpeau, gynécologue. 

  • Dans le cas de douleurs résistantes à tout traitement et dont la cause reste inconnue, une neurectomie présacrée laparoscopique ou une ablation nerveuse utérosacrée peuvent se révéler efficaces pendant des périodes pouvant aller jusqu'à un an. 

L'intervention chirurgicale

Si les traitements médicamenteux ne fonctionnent pas, un recours à la chirurgie peut être nécessaire et souvent très efficace. "L’ablation des lésions d’endométriose par cœlioscopie est très souvent réalisé, cette opération permet aux patientes d’améliorer grandement leur qualité de vie, et peut, dans certains cas, augmenter leurs chances de grossesse spontanée. En revanche, la neurectomie présacrée laparoscopique n’est quasiment jamais utilisée", selon le docteur Olivier Marpeau. 

Autres remèdes naturels

D'autres remèdes permettent d'apaiser les règles douloureuses : chaleur (par une bouillotte à placer sur le bas ventre), acupuncture, acupression, thérapie chiropractique, stimulation nerveuse électrique transcutanée , homéopathie, phytothérapie, naturopathie... 

Homéopathie

Contre les douleurs de règles :

  • règles très douloureuses : Chamomilla 5 CH, 3 granules 3 fois par jour ;
  • règles peu abondantes mais douloureuses : Colocynthis 5 CH, 3 granules 3 fois par jour ;
  • règles douloureuses associées à une migraine : Cyclamen 5 CH, 3 granules, 3 fois par jour ;
  • règles abondantes, douloureuses avec douleur au pubis et dans les cuisses : Sabina 5 CH, 3 granules 3 fois par jour ;
  • règles douloureuses entraînant pâleur, sueurs froides, malaises : Veratrum album 5 CH, 3 granules 3 fois par jour.

Phytothérapie

La phytothérapie peut être efficace lors de règles douloureuses : mélanger 20 g de reine-des-prés (plante), 30 g de pissenlit (feuilles et racines), 20 g de camomille (fleurs), 20 g de bouleau (feuilles), 20 g de mélilot (plante), 20 g de vigne rouge (feuilles), 20 g de passiflore (plante), 20 g de verveine odorante (feuilles). Mélanger 3 cuillerées à soupe de ces plantes dans un litre d'eau bouillante. Laisser infuser 10 minutes. Filtrer. Boire 3 tasses par jour les 3 ou 4 jours précédants les règles.

Naturopathie

Ces quelques conseils de naturopathie peuvent être efficaces lors de règles douloureuses :

  • consommer moins de sel car il favorise la rétention d'eau ;
  • fractionner les repas ;
  • privilégier les poissons gras et les légumes ;
  • diminuer la consommation de produits laitiers, le sel, les matières grasses, le café ;
  • pratiquer une activité physique douce.
     

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