OUTRE-MER - Il faudra se contenter d’un “dialogue”. À l’issue d’une réunion avec les élus de Guadeloupe et une partie du gouvernement , Jean Castex a douché ce lundi 22 novembre les espoirs des manifestants sur l’abrogation de l’obligation vaccinale des soignants.
Si les revendications dépassent le seul cadre sanitaire, la première demande des collectifs mobilisés en Guadeloupe concernait la suppression de l’obligation vaccinale. Ce que le Premier ministre a catégoriquement exclu ce lundi soir: il n’est “pas question, en Guadeloupe ou ailleurs, de revenir sur cette obligation”, a déclaré Jean Castex. “Le gouvernement assumera son devoir de protection, et oui, la protection passe par la vaccination”, a maintenu le Premier ministre, en condamnant avec “la plus grande fermeté” les “violences qui ne résoudront rien”.
Je condamne avec la plus extrême fermeté les violences commises en Guadeloupe : leurs auteurs sont et continueront… https://t.co/X7HAg6IJQG
— Jean Castex (@JeanCASTEX)
En Guadeloupe, 85% des soignants sont vaccinés, pour 566 suspensions au sein du CHU, principal centre de soins de l’île. Mais ce chiffre élevé n’a pas empêché une forte mobilisation émaillée de violences.
Pour de nombreux Guadeloupéens -et même si une large partie de la population condamne les pillages et violences- ces manifestations de colère sont d’ailleurs “le seul moyen d’être entendu”. “Dans la mesure où après quatre mois de marche pacifique, d’appels, on n’a pas été entendu, on n’a pas été pris en compte, on réagit”, avait déploré sur RTFrance Maïté Hubert M’Toumo, secrétaire générale de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe, à l’origine de la mobilisation.
Le même reproche est fait par les élus et réprésentants guadeloupéens, qui réclament des mesures qui prennent en compte les spécificités du territoire.
Une “instance de dialogue” pour les soignants
S’il n’a pas cédé sur la revendication numéro 1, le Premier ministre a cependant reconnu à demi mot un manque de pédagogie vis-à-vis des personnels concernés. “L’exigence de fermeté doit aussi s’accompagner d’un dialogue nécessaire pour entendre et comprendre nos concitoyens”, a-t-il déclaré.
À ce titre, il a annoncé la création d’une “instance de dialogue” afin de “convaincre et d’accompagner individuellement, humainement” les soignants qui refusent le vaccin. “Ils ont des craintes auxquelles nous devons répondre, notamment sur certains des vaccins disponibles”, a rappelé le Premier ministre. Sur BFMTV au début de la mobilisation, le député LREM de la Guadeloupe Olivier Serva avait en effet fait valoir que si une partie de la population rejettait le vaccin ARNmessager, elle pourrait accepter plus facilement un vaccin traditionnel.
Après une semaine de tensions, le gouvernement a donc choisi de miser sur une stratégie de proximité pour tenter de rétablir une confiance envers la parole publique abîmée, notamment sur le plan sanitaire avec le scandale du chlordécone. Dans le même esprit, une mission pilotée par le ministère de l’Intérieur sera aussi mise en place “dès demain” pour “favoriser le dialogue” avec les sapeurs-pompiers sur le plan vaccinal mais aussi pour “discuter des sujets propres au fonctionnement” du Service Départemental d’Incendie et de Secours de l’île.
Le ministre des Outre-mer va lui “poursuivre le dialogue avec les élus et forces vives du territoire qui sont pleinement engagés pour le retour au calme”, a promis le chef du gouvernement.
Avant d’évoquer à cette occasion - très indirectement et brièvement - d’autres problématiques au cœur des revendications: le taux de chômage et la baisse du pouvoir d’achat. “Ce dialogue devra nous permettre de nous assurer du déploiement plein et entier de tous les dispositifs d’accompagnement économique et sociale, non seulement pour gérer les conséquences de la crise mais aussi pour favoriser la relance de l’emploi et de l’activité en Guadeloupe”, a conclu le Premier ministre.
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