Pourquoi l’acquittement de Kyle Rittenhouse, qui a tué deux manifestants antiracistes, déchire l'Amérique ?

Depuis que Kyle Rittenhouse a été acquitté le 19 novembre des meurtres de deux manifestants antiracistes, les États-Unis se déchirent. Alors que Joe Biden s’est décrit « en colère » et « inquiet », de nombreuses manifestations ont éclaté dans le pays. 
Pourquoi lacquittement de Kyle Rittenhouse qui a tu deux manifestants antiracistes divise les Amricains
Zuma

À lui seul, Kyle Rittenhouse a ravivé les oppositions de deux camps bien distincts aux États-Unis. Cet adolescent de 18 ans a été acquitté le 19 novembre pour meurtres, tentative de meurtre et mise en danger de la vie d’autrui. Le 23 août 2020, le jeune homme se trouvait à Kenosha, dans le Wisconsin, lors d’une manifestation à la suite du décès de Jacob Black, un homme noir, tué de plusieurs balles dans le dos devant ses trois fils, alors qu’il montait dans sa voiture. Au cours d'une émeute, Kyle Rittenhouse, armé d'un fusil semi-automatique AR-15, qu'il dit avoir eu en main pour « protéger » les commerces, a tué deux manifestants — Anthony Huber, 26 ans, et Joseph Rosenbaum, 36 ans — puis blessé un autre, Gaige Grosskreutz, 27 ans.

Kyle Rittenhouse lors de son procès à Kenosha, dans le Wisconsin. 

Zuma

Durant son procès, le jeune Américain a immédiatement invoqué la légitime défense pour justifier ses actes, déclarant avoir été attaqué puis poursuivi par les trois hommes, tous blancs. Ses arguments ont mené à un verdict en sa faveur et l’abandon de toutes les charges qui pesaient contre lui. « Le jury est parvenu au bon verdict : la légitime défense n’est pas illégale », s’est réjoui Kyle Rittenhouse dans un extrait d’une interview diffusée le 22 novembre sur Fox News. Au cours de ce même entretien, il a par ailleurs déclaré que ses actes n’avaient rien à voir avec la haine raciale et qu’il soutient le mouvement Black Lives Matter.

Un verdict qui « parle de lui-même »

Face à cette décision de justice, les réactions ont été vives et marquées. D’abord, Joe Biden a déclaré : « Je m’en tiens à ce que le jury a conclu. Le système de jury fonctionne et nous devons le respecter ». Avant de nuancer un peu plus ses propos en confiant que « le verdict à Kenosha laisse de nombreux Américains en colère et inquiets, moi y compris ». À la Maison Blanche, Kamala Harris semble partager la même position que le président américain. Avant de monter à bord d’un Air Force Two, la vice-présidente des États-Unis a avancé à des journalistes que l’acquittement de Kyle Rittenhouse « parle de lui-même », et montre que le pays a encore des efforts à faire pour rendre son système judiciaire « plus équitable ».

Au pays de l’Oncle Sam, plusieurs villes comme New York ou Chicago ont été le théâtre de manifestations pour dénoncer cette décision de justice. Dans la majorité des esprits, la peine aurait dû être bien plus lourde. « Nous sommes toujours sous le choc de ce résultats. Nous ne pouvons pas y croire […] Il aurait dû prendre 40 ans de prison », s’est attristé John Uber, le père de l’une des victimes, sur CNN. En tenant l’urne funéraire de son fils, l’homme a dénoncé une justice à deux vitesses et a lancé que « s’il [Kyle Rittenhouse, ndlr] avait été noir, il ne serait pas sorti ».

À Los Angeles, une manifestation a été lancée au lendemain de l'annonce du verdict. 

Jason Armond

Sur les réseaux sociaux, de multiples célébrités, comme l’ancien joueur de football américain Colin Kaepernick et Lady Gaga, ont fait comprendre leur colère. La chanteuse et actrice, à l’affiche de House of Gucci, a écrit le 20 novembre sur Twitter que « l’oppression systémique est un mal » qui « détruit le monde ». Tandis que le sportif, devenu une icône des droits civiques, a fustigé un système « fondé sur la suprématie blanche » qui doit être aboli.

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En marge de cet élan d’indignation, Donald Trump a salué le verdict du jury. « Si ce n’est pas de la légitime défense, rien ne l’est ! », pouvait-on lire dans une déclaration partagée par son porte-parole. Entre la dénonciation d’un acte motivé par la haine raciale, l’argument parfois délicat de la légitime défense et l’éternel débat sur la circulation des armes à feu dans les foyers américains, la population campe sur différentes positions qui n’ont fait que raviver la colère des militants antiracistes. 

Outre-Atlantique, Kyle Rittenhouse fait désormais figure d’égérie pour la droite extrémiste et les défenseurs du port des armes. Sur Twitter, peu de temps après avoir pris connaissance de l’acquittement de l’adolescent, le lobby Gun Owners of America a annoncé vouloir lui faire un cadeau pour avoir défendu son droit d’utiliser la gâchette : un fusil semi-automatique AR-15. Un geste qui en dit long sur les positions d'une bonne partie de l'Amérique. 

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