Démence : un régime alimentaire à base d'acides aminés essentiels pour éloigner le risque

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude suggère qu'une combinaison d'acides aminés essentiels regroupés sous l'appellation « Amino LP7 » peut inhiber le développement de la démence, y compris la maladie d'Alzheimer, grâce à ses effets contre l'inflammation au niveau du cerveau.

La démence est un syndrome dans lequel on observe une dégradation de la mémoire, du raisonnement, du comportement et de l’aptitude à réaliser les activités quotidiennes. Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé, environ 10 millions de personnes dans le monde développent une démence chaque année, ce qui indique l'impact psychologique et social élevé de cette maladie. La démence affecte principalement les personnes âgées et, jusqu'à présent, des stratégies simples et efficaces pour prévenir cette maladie sont restées insaisissables. Dans une étude publiée dans Science Advances (source 1), des chercheurs japonais montrent le rôle primordial de l'alimentation dans sa prévention.

Leur étude menée grâce à des modèles murins de la maladie d'Alzheimer affirme en effet qu'un régime pauvre en protéines peut accélérer la dégénérescence cérébrale et donc le développement de la démence et qu'à l'inverse, un supplément contenant des acides aminés sélectionnés (molécules qui peuvent se lier ensemble pour former des protéines) peut la ralentir. Le supplément en question porte le nom d'Amino LP7 et combine sept acides aminés spécifiques : tryptophane, lysine, phénylalanine, valine, leucine, isoleucine et histidine. Les chercheurs sont partis du constat initial que chez les personnes âgées, les régimes pauvres en protéines sont liés à un mauvais maintien des fonctions cérébrales.

Une piste de traitement contre la progression de deux types de lésions

« Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines. Nous voulions comprendre si la supplémentation en acides aminés peut protéger le cerveau des personnes âgées de la démence, et quels mécanismes contribueraient à cet effet protecteur. », explique le Dr Makoto Higuchi du National Institutes for Quantum Sciences and Technology. Les chercheurs ont d'abord étudié comment un régime pauvre en protéines affecte le cerveau de souris atteintes de la maladie d'Alzheimer car présentant deux types de lésions : l’accumulation anormale d’une protéine appelée peptide ß-amyloïde conduisant à la formation de « plaques amyloïdes » et celle de la protéine TAU dans les neurones.

Ils ont découvert que les souris consommant un régime pauvre en protéines présentaient une dégénérescence cérébrale accélérée, de même que des signes de mauvaise connectivité neuronale. Mais ces effets ont été inversés après la supplémentation en Amino LP7, ce qui indique que la combinaison de sept acides aminés spécifiques pourrait inhiber les lésions cérébrales. La deuxième étape de l'étude a été de constater chez les souris non traitées des niveaux élevés de dégénérescence cérébrale progressive. Mais encore une fois, le traitement par Amino LP7 a empêché la mort neuronale prématurée et donc réduit la dégénérescence cérébrale, même si les agrégats de Tau sont restés.

Des neurones préservés, le risque de démence limité

Selon les chercheurs, « les plaques de Tau dans le cerveau sont caractéristiques de la maladie d'Alzheimer et la plupart des traitements les ciblent. Cependant, nous montrons qu'il est possible de surmonter ce dépôt de Tau et de prévenir l'atrophie cérébrale via une supplémentation en Amino LP7. » Il restait encore à mieux comprendre comment ce supplément protège le cerveau de la dégénérescence et il s'avère qu'il permet de réduire l'inflammation cérébrale. Plus concrètement, il empêche les cellules immunitaires inflammatoires d'attaquer les neurones en bonne santé. C'est alors un cercle vertueux qui est en place : la connectivité entre les neurones est améliorée et avec elle la fonction cérébrale.

« Ces résultats suggèrent que les acides aminés essentiels contribuent à maintenir l’équilibre dans le cerveau et à prévenir sa détérioration. Notre étude est la première à signaler qu'ils peuvent entraver le développement de la démence. », estiment les chercheurs avant de conclure : « bien qu'elle ait été réalisée sur des souris, elle permet d’espérer que l’apport en acides aminés puisse modifier le développement des démences chez l’homme, y compris la maladie d'Alzheimer. » Ce supplément est actuellement en instance de brevet, et l'équipe scientifique espère qu'il puisse être indiqué aussi bien pour les personnes âgées sans déficience cognitive que pour celles souffrant de dysfonctionnement cognitif.

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