Vous traînez les pieds ? Le manque de sommeil affecte votre marche

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude souligne que le manque de sommeil peut avoir des conséquences néfastes sur un domaine jusqu'ici peu étudié : il affecte inconsciemment le contrôle de la marche. Il serait heureusement possible de contrer cet effet en veillant à rattraper les nuits en retard.

On ne le répétera jamais assez : le sommeil c'est la santé. Aussi, le manque de sommeil impacte directement notre capacité d'attention et de vigilance, sans oublier qu'il affecte notre humeur et nos émotions. Enfin ses effets visibles sur le visage sont multiples, notamment sur le teint, les rides et les cernes. Mais la question de savoir si le manque de sommeil peut influencer la façon dont nous marchons ou effectuons d'autres activités supposées être moins éprouvantes mentalement a été moins explorée. Une menée par des chercheurs du MIT rapporte que la marche, et plus précisément notre capacité à contrôler notre foulée ou notre démarche, peut être affectée par le manque de sommeil.

« Nous ne savions pas si des activités presque automatiques comme la marche peuvent être influencées par le manque de sommeil. », explique Hermano Krebs, chercheur principal de l'étude publiée dans la revue Scientific Reports (source 1). « Nous avons également constaté que la compensation du sommeil pourrait être une stratégie importante. Par exemple, pour ceux qui en sont chroniquement privés, comme les travailleurs postés, les cliniciens et les militaires, s'ils intègrent une compensation régulière du sommeil, pourraient avoir un meilleur contrôle sur leur démarche. Les scientifiques ont fait appel à échantillon d'étudiants sans aucun trouble moteur, cognitif, sensoriel ou du sommeil diagnostiqué.

Une nuit blanche suffit pour influencer notre rythme de marche

Les étudiants ont tous une montre pour suivre leur activité sur 14 jours dans le but de déterminer pour chacun le temps de sommeil chaque nuit et le temps d'activité chaque jour. Aucun d'entre eux n'a reçu d'instruction sur la quantité de sommeil à respecter, afin que les chercheurs puissent enregistrer leurs habitudes de sommeil naturelles. En moyenne, chaque étudiant dormait 6 heures par nuit mais certains ont eu comme habitude de rattraper leur dette de sommeil au cours des deux week-ends au cours de la période d'étude. La veille du 14e jour, un groupe d'étudiants a reçu pour consigne de rester éveillé toute la nuit : il a été désigné sous le nom de groupe de privation aiguë de sommeil.

Le matin du 14e jour, tous les étudiants ont effectué un test de marche. Chaque élève marchait sur un tapis roulant réglé à la même vitesse, tandis que les chercheurs mettaient en route un métronome. Les étudiants ont été invités à suivre le rythme de l'instrument, alors que les chercheurs augmentaient et diminuaient lentement et subtilement sa vitesse en silence. Des caméras ont capturé leur démarche et plus précisément, le moment où leur talon heurtait le tapis roulant par rapport au rythme du métronome. « Ils devaient synchroniser leur coup de talon avec le rythme, et les erreurs étaient plus importantes chez les personnes souffrant d'une privation de sommeil. », notent les chercheurs.

« Idéalement, tout le monde devrait dormir 8 heures par nuit »

L'équipe a ainsi constaté que moins les étudiants dormaient, moins ils avaient de contrôle lorsqu'ils marchaient pendant le test. Et que pour les étudiants du groupe « nuit blanche » ce contrôle de la marche était encore moins bon : ils étaient beaucoup moins dans le rythme. En comparant les étudiants qui n'ont pas passé une nuit blanche avant le test, les chercheurs ont trouvé une différence : les étudiants qui ont fait un peu mieux étaient ceux qui ont compensé et ont dormi un peu plus le week-end. Une découverte inattendue, car les scientifiques ne s'attendaient pas au fait que même au moment où la plupart des étudiants étaient fatigués, ce groupe de « compensation » a mieux performé.

« Les résultats montrent que la marche n'est pas un processus automatique et qu'elle peut être affectée par la privation de sommeil. », notent ces derniers, qui insistent sur l'importance d'adopter des stratégies pour atténuer les effets de la privation de sommeil. « Idéalement, tout le monde devrait dormir 8 heures par nuit. Si nous ne le pouvons pas, nous devrions compenser aussi régulièrement que possible. », concluent-ils. Mais le réseau Morphée recommande toutefois « d'éviter de retarder son réveil le weekend de plus de 2 heures par rapport à la durée habituelle de sommeil, quitte à faire une sieste en début d’après-midi. » En effet, la grasse matinée peut induire un début de dérégulation de l'horloge interne avec un endormissement retardé le soir et le risque d’une difficulté de réveil le lendemain.