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COP26 : les Etats doivent multiplier leurs ambitions par sept pour espérer respecter un réchauffement à +1,5°C

Si les efforts sont notables depuis les premiers engagements de l’Accord de Paris en 2015, les promesses des pays de réduire leurs émissions sont largement insuffisantes pour espérer tenir l’objectif d’un réchauffement à +1,5°C.
par LIBERATION et AFP
publié le 26 octobre 2021 à 18h28

Sans grande surprise, les engagements de réduction mondiale d’émissions de gaz à effet de serre ne sont pas suffisants, s’est alertée l’ONU mardi. Les promesses devraient être plus de sept fois plus ambitieuses pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C, plafond le plus audacieux de l’Accord de Paris.

Les nouveaux objectifs des pays, déposés avant la COP26 de Glasgow qui commence dimanche, «réduisent les projections d’émissions pour 2030 de 7,5%, alors que 30% seraient nécessaires pour [ne pas dépasser un réchauffement de la planète de] +2°C et 55% pour 1,5 °C», précise le rapport, réalisé par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et une équipe de chercheurs.

«Très loin d’où nous devrions être»

En clair, cette réduction «devrait être quatre fois plus importante pour être compatible avec +2°C et plus de sept fois plus importante pour être compatible avec +1,5°C», détaille Anne Ohloff, une des auteurs de l’étude. «Il y a eu des progrès […] mais nous sommes très loin de là où nous devrions être», s’alarme la spécialiste.

Les toutes premières «contributions déterminées au niveau national» (NDC) des quelque 200 signataires de l’Accord de Paris menaient la planète vers un réchauffement de +3 ou 4°C. Avec les nouvelles NDC déposées par 143 pays avant la COP26 et les promesses pas encore formalisées, comme celle de la Chine de réduire drastiquement ses émissions d’ici 2030, le monde se dirige désormais vers un réchauffement d’au moins +2,7°C.

En tout, 49 Etats représentant 57% des émissions mondiales se sont officiellement engagés à la neutralité carbone pour le milieu du siècle : une majorité pour 2050 comme la France et l’Australie, quelques-uns pour 2060 comme la Chine, la Russie et l’Arabie saoudite ou pour 2045 comme l’Allemagne. Ces engagements permettraient de raboter un demi-degré supplémentaire et d’arriver à +2,2°C, note le rapport.

«Le temps presse dangereusement»

Les chercheurs mettent malgré tout en garde : ces prévisions risquent d’être largement dépassées. En effet, de nombreux précédents engagements n’ont toujours pas été tenus, laissant planer le doute sur la faisabilité de ces nouvelles promesses.

D’autres signaux sont inquiétants. Après la pandémie de Covid-19, les Etats n’ont pas saisi l’occasion des plans de relance pour accélérer la transition verte, avec seulement 17 à 19% des investissements post-Covid susceptibles de réduire les émissions, souligne encore le rapport de l’ONU.

Les scientifiques le rappellent fréquemment : chaque fraction de degré compte. Le réchauffement actuel, autour de 1,1°C depuis l’ère préindustrielle, multiplie déjà les catastrophes climatiques tout autour de la planète, des canicules aux inondations.

«Pour avoir une chance de limiter le réchauffement à +1,5°C, nous avons huit ans pour réduire de près de moitié les émissions de gaz à effet de serre : huit ans pour élaborer les plans, mettre en œuvre les politiques et finalement parvenir à ces coupes. Le temps presse dangereusement», a commenté la patronne du PNUE, Inger Andersen dans un communiqué.

Un des leviers d’action pour réduire les émissions est la sortie des énergies fossiles. Mais un autre rapport du PNUE montre que les prévisions mondiales de production de charbon, de pétrole et de gaz étaient plus de deux fois supérieures à celles compatibles avec une limitation du réchauffement à +1,5 °C.

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