Violences sexuelles

L’ex-footballeur Patrice Evra révèle un viol subi à l’adolescence

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Dans son autobiographie à paraître la semaine prochaine au Royaume-Uni, l’ancien joueur aux 81 sélections en équipe de France révèle avoir été agressé et violé par un professeur à l’âge de 13 ans. Il souhaite libérer la parole.
par Romain Boulho
publié le 22 octobre 2021 à 22h03

Patrice Evra, qui a pris sa retraite voilà trois ans, réapparaît parfois sur les réseaux sociaux. Au volant d’un Hummer, à côté d’un tracteur, il hurle à grand renfort d’un rire mi-clown mi-sardonique : «I love this game.» Le football, sa vie. Un cri comme un slogan pour celui qui est passé par tous les fuseaux horaires de la planète football – explosif à l’AS Monaco, dénicheur de la «taupe» à Knysna lors de la Coupe du monde 2010, capitaine de l’un des plus grands clubs au monde, Manchester United, pour finir sur un high kick en pleine gueule d’un supporteur de l’OM. C’est ainsi, I love this game, que l’homme aux 81 sélections avec les Bleus a décidé de titrer son autobiographie, qui sort la semaine prochaine au Royaume-Uni (le 6 janvier en français, chez Hugo Sport).

Dans une mise en scène sur Instagram, Evra journaliste demande à Evra interviewé : qu’y a-t-il dans ce bouquin ? «Tout. J’ai parlé de mon enfance. Beaucoup de choses qui se sont passées et dont je n’ai jamais parlé, même pas à mes parents. Il n’y a pas que des belles choses dans mon livre.» Car Evra, comme il le raconte ce vendredi au Times, confie une part sombre de son existence. Il révèle les agressions sexuelles et le viol qu’il a subi par un professeur chez qui il a dormi quelques nuits lors de son adolescence.

Au journal britannique, il dit : «Quand j’ai écrit le livre, je n’ai pas raconté toute l’histoire parce que j’avais encore honte et peur de ce que les gens allaient penser. Maintenant, je veux le dire parce que je ne veux pas que les enfants soient dans ma situation et qu’ils aient honte d’eux-mêmes, qu’ils pensent qu’ils ne sont pas courageux. Je n’hésite pas à dire que je me suis senti lâche pendant de nombreuses années parce que je n’ai jamais pris la parole.»

«J’en ai assez de la masculinité toxique»

La parole est rare, dans un milieu du football, masculin particulièrement, où l’on tend à voiler ses problèmes plutôt que les exposer, de peur que cela n’influe sur sa carrière. Evra relate ce moment, à 24 ans, alors qu’il joue pour Monaco : il y a des accusations contre le professeur et la police le questionne, veut savoir si lui aussi a subi des abus. Il nie. «Vivre avec ça est l’un de mes plus grands regrets, parce que j’aurais pu aider tellement de gens. J’en ai assez de la masculinité toxique. Pour mon père, pleurer était pour les faibles. J’ai perdu mon frère, j’ai perdu des amis, mais je n’ai jamais pleuré. Ma mère m’a dit : “Un jour, tu vas finir par exploser”.»

Evra n’a raconté à sa mère qu’«il y a deux semaines» seulement. «Je dois encore le dire à quelques-uns de mes frères et sœurs et à quelques amis proches. Je ne veux pas que les gens aient pitié.» Il poursuit : «Une mère ne s’attend pas à entendre cela de son propre enfant. Elle sentait que quelque chose n’allait pas et m’avait demandé pourquoi je ne voulais pas dormir dans la maison du professeur. Ce n’est que maintenant que j’ai 40 ans que je lui ai dit.»

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