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Direction de Sciences Po : huit candidats auditionnés, sur fond de nouvelles polémiques

La commission de proposition chargée de recruter celui ou celle qui dirigera Sciences Po auditionne huit candidats, lundi et mardi. Huit mois après l'affaire Duhamel, les critiques sont vives sur la procédure de sélection.

Le décret de nomination du futur directeur doit être publié d'ici au 20 novembre.
Le décret de nomination du futur directeur doit être publié d'ici au 20 novembre. (Romain GAILLARD/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 18 oct. 2021 à 06:00

Ils sont huit à passer l'oral , lundi et mardi, devant la commission de proposition qui prépare la succession de Frédéric Mion à la tête de Sciences Po, huit mois après sa démission dans le cadre de l'affaire Duhamel .

Une short list de deux à trois noms devrait en sortir mercredi, avec la publication de leurs programmes respectifs. Puis le conseil de l'Institut d'études politiques (IEP) et le conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) se prononceront les 9 et 10 novembre.

Sur les 23 candidats de départ, huit ont été pré-sélectionnés : Bénédicte Durand (administratrice provisoire de Sciences Po), Olivier Faron (administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers), Edouard Geffray (numéro deux du ministère de l'Education nationale), Christine Musselin (professeure à Sciences Po), Julien Neutres (directeur de la création, des territoires et des publics au CNC), Mathias Vicherat (ex-secrétaire général de Danone), Cornelia Woll (professeure à Sciences Po et présidente du Conseil scientifique de l'IEP) et Pierre-Paul Zalio (président de l'ENS Paris-Saclay).

Majorité absolue requise

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« Le processus est juridiquement cadré et les étapes de communication ont été précisément choisies pour que les discussions au sein de la commission aient lieu de façon sereine », assure-t-on à Sciences Po . Pourtant, les critiques sont vives.

La dernière en date remonte à mardi dernier. Le conseil de l'Institut a voté la modification du mode de scrutin, pour que le vote du 9 novembre se fasse à la majorité absolue, et non à la majorité simple. « Je veux une direction légitime, et bien élue, avec la majorité des voix », explique Jeanne Lazarus, présidente du conseil de l'IEP. A Sciences Po, on parle d'un simple réglage.

« Mais sur la forme, c'est une hérésie ! s'emporte un proche de l'établissement. Si Emmanuel Macron modifiait aujourd'hui le code électoral, tout le monde lui tomberait dessus ! » Un professeur réputé se désole : « Après l'amateurisme qu'on a vu lors de l'élection de la présidente de la Fondation, on change les règles au milieu du jeu… alors qu'à Sciences Po, on enseigne le droit et la rigueur des procédures. C'est n'importe quoi ! »

S'ajoutent à cela des contentieux potentiels. Des candidats, qui s'estiment lésés, réfléchissent à former des recours, et au moins une plainte a été déposée pour délit de divulgation et violation du secret des correspondances, après la publication de la liste des candidats et du contenu de leurs programmes. L'établissement avait condamné les fuites dans la presse et s'apprête à porter plainte. « On n'est pas à l'abri de quelque chose qui gripperait la procédure », redoute un pilier de Sciences Po.

« Une crise interminable »

« Le changement du scrutin est le symptôme d'une crise interminable », poursuit-il. Et de rappeler la série de polémiques : l'affaire Duhamel en janvier, la démission de Frédéric Mion en février et le processus de recherche d'un nouveau président de la FNSP, émaillé de crises internes, en avril. Au printemps, 20 % des anciens élèves avaient alors refusé de reprendre leur carte d'adhérent.

Nombre de candidats éconduits s'interrogent : « Pourquoi avoir demandé une expérience dans l'enseignement supérieur alors que ce n'est pas le cas de chacun des candidats retenus ? » demande l'un. « Pourquoi un tableau a-t-il fait état de pièces manquantes pour certains dossiers ? » interroge un autre. C'est un « faux » document, a plaidé Sciences Po.

Les candidats écartés se disent souvent « abasourdis » de l'attitude de Sciences Po, qui les a informés par une lettre-type jugée brutale. « Tout cela sent l'arrogance, l'entre-soi et les petits meurtres entre amis, alors qu'on nous avait promis de la transparence », regrette l'un d'eux.

Eviter « un fou ou une folle »

L'Elysée avait pourtant imposé le recours à un cabinet réputé - Russell Reynolds Associates - pour « professionnaliser » le recrutement. « Ni Matignon ni l'Elysée n'interviennent dans le choix de la direction, glisse-t-on dans les rangs du gouvernement. C'était seulement pour surveiller qu'il n'y ait pas un fou ou une folle à la tête de l'établissement. »

« Il n'y a pas de manque de transparence, on essaie de faire les choses le plus correctement possible », assure un haut responsable de Sciences Po.

« Le problème, c'est que la maison est fragile, et tout ceci ne va pas favoriser la légitimité de la prochaine direction, déplore un professeur qui connaît parfaitement l'établissement. Il va falloir trouver beaucoup d'argent, prendre soin des salariés ébranlés par les polémiques, régler le problème de recrutement des étudiants , etc. Il y a plein de questions à régler, et la tendance n'est pas bonne. »

Marie-Christine Corbier

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