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Coliques du nourrisson : ce qu'il faut savoir

Mis à jour le par Dora LatyExperte : Docteure Fatia Cherfioui, pédiatre libérale à Paris

Les coliques du nourrisson sont des crises de pleurs récurrentes et régulières chez le bébé. Elles touchent près d'un quart des nourrissons dans les cinq mois qui suivent la naissance. Explications avec la pédiatre Fatia Cherfioui. 

Qu'est-ce que la colique du nourrisson ?

Les coliques du nourrisson se caractérisent par des crises de pleurs récurrentes et régulières chez le bébé. « Elles représentent un motif récurrent de consultation », souligne le docteur Fatia Cherfioui, pédiatre. Et pour cause, « ce phénomène est observé chez 20 à 25% des nourrissons dans les pays industrialisés », selon la spécialiste.

Autrefois, ces crises étaient définies par la règle de 3 de Wessel (épisodes de pleurs qui durent plus de 3 heures par jour, plus de 3 fois par semaine, pendant plus de 3 semaines).

Mais la règle de 3 est caduque. Aujourd’hui nous nous référons aux critères de Rome IV qui définissent les coliques du nourrisson dans le cadre de troubles fonctionnels intestinaux, selon le groupe francophone d’hépato-gastroentérologie et de nutrition pédiatrique . Les critères de diagnostic en pratique clinique sont :

  • Un nourrisson de moins de 5 mois ;
  • Des périodes récurrentes et prolongées de pleurs avec agitation ou irritabilité du nourrisson qui se produisent sans cause évidente et qui ne peuvent pas être évitées ou résolues par les parents ;
  • Une absence de retard psychomoteur ou de maladie identifiée chez un nourrisson qui se développe bien.

Ces coliques peuvent démarrer à partir de 4 à 6 semaines de vie puis diminuer jusqu’à 12 semaines, précise la pédiatre.

Les coliques du nourrisson n’ont rien d’inquiétant ou de pathologique. Le développement de l’enfant est normal. Aucune étiologie médicale n’a d’ailleurs été scientifiquement démontrée.

Qu'est-ce qui provoque les coliques chez le nourrisson ?

Les coliques du nourrisson demeurent à ce jour inexpliquées. Certaines hypothèses ont toutefois été mises en avant :

Des causes intestinales

  • Une altération de la flore intestinale habituelle dans le développement du bébé pourrait expliquer les coliques du nourrisson. Celle-ci pourrait se traduire par un inconfort gastro-intestinal : ballonnements, aérophagie, météorismes, crampes abdominales... ;
  • Une dysmotricité intestinale : « elle s’expliquerait par une immaturité intestinale durant les trois premiers mois de vie », selon le docteur Fatia Cherfioui.

Des causes psychologiques

  • Une anxiété d’un des parents (source 1) : « il existe une incidence plus fréquente des coliques chez les enfants dont la mère a un syndrome dépressif ou un stress émotionnel post-partum, il en est de même pour les pères indépendamment des mères », selon la pédiatre.
  • Un excès de stimulations sensorielles du nourrisson ;
  • Un besoin pour l’enfant d’évacuer ses émotions.

Quels sont les facteurs de risque ?

Les facteurs de risques de la colique du nourrisson sont :

  • Des troubles gastro-intestinaux (souvent associés aux coliques du nourrisson) ;
  • Un trouble anxieux ou dépressif de la mère (source 1) ;
  • Des parents stressés (source 1) ;
  • Le tabagismede la mère (source 2) ;
  • Une grossesse entre 30 et 34 ans (source 3);
  • Le fait qu’il s’agisse du premier enfant (source 3) ;
  • L’allaitement au sein.

Les facteurs déclenchants ou aggravants des crises sont :

  • Un excès de stimulations sensorielles pour l’enfant ;
  • La tombée de la nuit ;
  • Le fait de changer de sein au cours de la même tétée.

Quels sont les symptômes des coliques du nourrisson ?

Les épisodes de coliques du nourrisson se traduisent par une gestuelle souvent semblable :

  • Des pleurs à gros sanglots accompagnés parfois de cris ;
  • Un visage rouge et coléreux ;
  • Une vive agitation : le bébé se tortille ;
  • Des poings serrés ;
  • Des troubles digestifs : ventre dur et gonflé, flatulences, rots, émissions de selles... ;
  • Des jambes fléchies. 

Les crises sont quotidiennes et peuvent durer de quelques minutes à quelques heures. Elles sont souvent déclenchées par la tombée de la nuit.

Quels conseils de prévention ?

Afin d’éviter les coliques du nourrisson, il peut être recommandé :

  • D’éviter le stress, l’anxiété et l’agitation autour du nourrisson ;
  • De pratiquer l’allaitement au sein en prenant certaines précautions. Notamment en évitant de changer de sein au cours d’une même tétée;
  • De limiter l’absorption d’air pendant la tétée ou le biberon (il est possible d’utiliser des biberons anti-colique à cet effet) ;
  • De bien faire le rot après la tétée ou le biberon ;
  • D’éviter la suralimentation (trop de biberon ou de tétée) ;
  • D’éviter les excès de stimulations sensorielles : garder un environnement calme et préférer les éclairages tamisés ; 
  • De rassurer son enfant surtout à la tombée de la nuit ou avant le coucher (il est notamment possible de la bercer contre soi) ;
  • De se faire assister par une nourrice, une sage-femme, une assistante maternelle...

 

Comment savoir si mon bébé a des coliques ?

Le médecin ou le pédiatre réalise un examen clinique du nourrisson et interroge les parents (contexte, intensité, fréquence, durée des crises, éventuels signes associés...). Parfois des examens complémentaires (analyses sanguines, prélèvements, imageries...) sont prescrits afin d’écarter tout diagnostic différentiel. « Une allergie peut par exemple être évoquée par le pédiatre en présence d’autres symptômes associés et si les parents ont un terrain allergique », selon la docteure Fatia Cherfioui.

Comment soulager les coliques du nourrisson ?

Il n’existe pas de traitement incontournable ayant fait ses preuves contre les coliques du nourrisson. « Un régime d’éviction du lait chez la mère allaitante est discutable », selon Fatia Cherfioui.

« Quelle que soit la méthode choisie pour calmer les coliques du nourrisson, elle ne consiste pas à guérir la colique mais à aider les parents à traverser cette période difficile du développement du bébé », ajoute l’expert.

Les médicaments, déconseillés

Le médecin ne prescrit jamais de médicaments pour calmer des coliques du nourrisson. Il est déconseillé de s’en remettre aux antispasmodiques, antiacides, IPP... « En outre, aucun antalgique n’agit sur les coliques du nourrisson », prévient la docteure Fatia Cherfioui. En effet, les coliques n’ont rien de pathologique et rien ne prouve qu’elles résultent d’un quelconque inconfort ou douleur. En outre, ces médicaments présentent de nombreux effets indésirables surtout s’ils sont pris fréquemment.

La phytothérapie

Certaines plantes sont utilisées telles que : le tilleul, la fleur d’oranger, le fenouil... "Aucune étude ne démontrent cependant l'efficacité de ces remèdes". Il en va de même de l'homéopathie, la naturopathie ou de l'aromathérapie. 

Les probiotiques

Certains travaux attestent de l’efficacité des probiotiques afin de calmer les coliques du nourrisson. C’est le cas de la bactérie lactobacillus Reuteri  (source 4), issue du lait maternel. Des travaux montrent que les effets des probiotiques sont majorés chez les bébés exclusivement allaités.

L’ostéopathie

Tout d’abord, l’ostéopathe opère un examen manuel très doux qui analyse les déséquilibres présents. L’intervention se fait par des manipulations appropriées et non contraignantes pour le bébé. Toutefois, aucune étude scientifique atteste de l’efficacité de l’ostéopathie contre les coliques du bébé.

Les biberons anti-coliques

Ces biberons sont conçus pour faciliter la digestion du nourrisson. Ils sont équipés de valves anti-coliques qui permettent, contrairement aux biberons classiques, une circulation de l’air à l’intérieur du biberon et un écoulement d’air lent et régulier du lait. Le bébé avale donc beaucoup moins d’air, ce qui réduit son risque de ballonnements et de crises d’aérophagies douloureuses.

Crises de coliques de bébé : quelle conduite tenir ?

En cas de crises, certains bons réflexes sont à adopter :

  • Ne paniquez pas et rassurez votre enfant : faites-lui des sourires, des caresses, serrez-le contre vous, bercez-le ou encore emmaillotez-le dans une couverture ;
  • Massez son ventre ;
  • Proposez-lui une tétine (la succion peut apaiser l’anxiété) ;
  • Isolez-vous avec votre enfant dans un endroit calme.

Mis à jour le par Dora LatyExperte : Docteure Fatia Cherfioui, pédiatre libérale à Paris

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