Deuils, divorces, rencontres sans lendemain : il y a pas mal de feuilles mortes dans le nouveau recueil de nouvelles de Richard Ford, Rien à déclarer. Le romancier de 77 ans les ramasse une par une. Il détaille les plis, les nervures, les froissures, et, surtout, si difficiles à décrire, les morceaux en moins. Il y a un souvenir d’adolescence du garçon dont le père vient de mourir, comme celui de l’auteur au même âge : «Quand votre père meurt et que n’avez que seize ans, bien des choses changent. La vie au lycée change. Vous êtes maintenant le garçon dont le père a disparu. On vous plaint, mais on vous dévalue aussi, et même on vous en veut de quoi, vous ne savez pas au juste. L’air qui vous entoure change de consistance.» Il est conduit au drive-in par un autre adolescent, plus grand, qui finit par l’embrasser. Sur l’écran géant, un mauvais film comique américain avec un acteur français qui n’est pas nommé : Fernandel.
Il y a les vieux couples qui se retrouvent dans la maison de bord de mer de l’un d’eux, au moment où vient de mourir l’un des membres du groupe. Il y a ce solide veuf inconsolable qui se remarie avec une femme déjà divorcée, joyeuse, d’une profonde légèreté, qui comprend vite, mais trop tard, qu’elle ne peut ni ne veut lui donner ce que la morte lui apportait : «Combien de fois faut-il que le premier mariage se révèle finalement le meilleur ? La plupart des gens ne savent pas le voir.» Il y en a d’autres, dans le même genre : des pl