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La numéro 2 de Huawei libérée après trois ans de détention au Canada

Meng Wanzhou avait été arrêtée à l'aéroport de Vancouver à la demande des Etats-Unis, qui voulaient la juger pour « fraude bancaire ». Le géant chinois des télécoms, au coeur d'une violente bataille diplomatique entre Pékin et Washington, est en sérieuse perte de vitesse.

Meng Wanzhou a fait son retour en Chine devant les caméras de télévision.
Meng Wanzhou a fait son retour en Chine devant les caméras de télévision. (Jin Liwang/Xinhua via REUTERS)

Par Sébastien Dumoulin, Adrien Lelièvre

Publié le 26 sept. 2021 à 12:55Mis à jour le 27 sept. 2021 à 08:51

La nouvelle mettra un peu baume au coeur chez Huawei. Après trois ans d'assignation à résidence au Canada, Meng Wanzhou, la directrice financière du géant des télécoms, est rentrée samedi en Chine. A son arrivée, celle qui est surnommée la « princesse » de Huawei a été accueillie avec les honneurs par les autorités chinoises. L'événement a été suivi en streaming par… soixante millions de personnes !

Meng Wanzhou avait été arrêtée à l'aéroport de Vancouver en décembre 2018 à la demande des Etats-Unis, qui voulaient la juger pour « fraude bancaire ». Dans la foulée, deux Canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, avaient été interpellés en Chine sur la base d'accusations d'espionnage considérées comme « inventées de toutes pièces » par Ottawa. Ils ont, eux aussi, été libérés en vertu d'un accord diplomatique.

Au coeur d'une bataille diplomatique

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L'arrestation de Meng Wanzhou a coïncidé avec le début des ennuis pour Huawei, accusé par les Etats-Unis d'être un outil d'espionnage à la solde du Parti communiste chinois. En mai 2019, l'administration Trump avait placé Huawei sur liste noire, le coupant progressivement de ses fournisseurs américains. Privé d'abord des logiciels et applications de Google, puis de quasiment tout approvisionnement en puces électroniques haut de gamme, le géant a vu ses revenus fondre ces derniers mois.

« L'an dernier, le chiffre d'affaires de notre branche smartphone était d'environ 50 milliards de dollars. Cette année, ce nombre va baisser d'au moins 30 à 40 milliards », a précisé vendredi Eric Xu, le président tournant du géant technologique chinois, lors d'une conférence de presse organisée à Pékin.

Même à l'échelle de Huawei - une des 50 plus grandes entreprises du monde avec 137 milliards de dollars de revenus en 2020 - la correction est d'une grande brutalité. La baisse des ventes de smartphones représente une amputation de 20 à 30 % de l'activité de tout le groupe.

Perte de vitesse

Face à cette débâcle, ses autres lignes de business - la vente d'antennes et de solutions 5G aux opérateurs ou aux industriels, mais aussi le cloud ou, plus récemment, la voiture autonome - ne font pas le poids. « Utiliser la 5G dans les mines de charbon, les aéroports, les douanes et autres endroits ne compensera certainement pas les revenus perdus avec le business des terminaux. Même dix ans d'activité cumulés ne pourraient pas compenser », a reconnu Eric Xu.

L'image de Huawei n'a pas été ébranlée qu'à l'étranger. Pour la première fois en sept ans, la marque de Shenzhen ne fait même plus partie du Top 5 des ventes dans son propre pays, selon le cabinet d'analyse Canalys. Et dire que le groupe se rêvait en numéro 1 mondial du smartphone !

La libération de Weng Wanzhou est un signe de détente inattendu entre Pékin et Washington. Il y a quelques jours, l'administration Biden avait encore des mots très durs envers Huawei et se disait prête à prendre des sanctions supplémentaires contre la firme chinoise si nécessaire. Reste que la pente à remonter sera longue pour Huawei. Interrogé vendredi sur sa vision de son entreprise dans cinq à dix ans, Eric Xu a sobrement répondu : « Etre en mesure de survivre est le plus grand espoir que je puisse formuler. »

Sébastien Dumoulin

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