La voix semble d’abord inoffensive. «Avance avance, avance avance, sans jamais reculer, jamais capituler», entonne-t-elle, doucereuse, a cappella. «Avance, avance, guerrier invaincu, l’épée à la main tue.» La voilà déjà plus incisive, on la devine irriguée de haine. Une autre voix, qui ne chante pas, posée mais autoritaire, surgit sur la mélodie. «Dans une attaque bénie dont Allah a facilité les causes, un groupe de croyants a pris pour cible la capitale des abominations et de la perversion […], Paris.»
La salle de bois clair est envahie tout entière par la violence de leurs mots. Sur les bancs, les visages paraissent à la fois figés et captivés. L’enregistrement a été diffusé le 14 novembre 2015, à 11 heures 54. La veille, 130 personnes ont été tuées et près de 400 autres blessées au cours des attentats les plus meurtriers jamais commis en France. Les voix, rapidement identifiées comme celles des frères Jean-Michel et Fabien Clain, figures du «jihad» français chantent et exultent depuis la Syrie : l’Etat islamique a réussi son plan de «terreur».
Macabres mélopées
Douzième jour du