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Primaire ou congrès : LR et son enfer bureaucratique

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Le «grand parti de la liberté» fait de sa quête de candidat un illisible dédale. Une stratégie du pourrissement qui risque de se retourner contre ses auteurs.
par Dominique Albertini
publié le 23 septembre 2021 à 15h46

Leur main n’a pas tremblé. Réunis mercredi soir, les principaux cadres du parti Les Républicains ont posé de robustes jalons vers la désignation de leur candidat à l’élection présidentielle. Préparé par le comité stratégique du mardi 14 septembre, le bureau politique du 22 a proposé pour le samedi 25 la tenue d’un congrès ; celui-ci en annonce un autre pour le début du mois de décembre, si toutefois les adhérents de LR ne lui préfèrent une primaire, dont le parti ne veut pas mais qu’il soumet pourtant à leur vote. L’affaire est limpide et n’appelle aucune hâte : cela ne fait que deux ans qu’on en parle.

Drôle de tableau. Le «grand parti de la liberté» a fait de son chemin vers 2022 un enfer bureaucratique ; dépositaire de «l’appel au peuple» gaullien, voilà longtemps qu’il parle surtout à lui-même. Il faut être sérieusement motivé pour s’infliger la chronique de ces débats, qui n’ont même plus l’excuse de désigner le favori de la présidentielle. Au fil de mille réunions, sous les faux plafonds de la rue de Vaugirard, LR a remâché mille fois les mêmes mots et les mêmes querelles. Il a fallu se passionner pour les statuts du parti, les minutes de ses instances, et le sujet crucial de l’association de l’UDI et du Nouveau centre à ces importants travaux.

L’heure du choix, elle, a toujours été repoussée, dans l’espoir du candidat providentiel qui dispenserait la droite d’un inconfortable départage. Elle l’attend encore. LR n’a même pas évité la gêne de voir s’inviter de «petits candidats» sans aucune chance dans les urnes, venus gratter un peu d’attention au détriment des «grands» et rappeler que la droite n’a plus de patron. On va chercher longtemps le citoyen qui voit clair dans l’histoire. Plus longtemps encore celui qu’elle intéresse. Ce pourrissement était, de la part de LR, une stratégie délibérée. Il s’agissait de repousser l’heure du choix jusqu’à rendre impossible la tenue d’une primaire, rejetée par la direction du parti. On jugera vraiment ce choix à ses fruits, c’est-à-dire au sort électoral de la droite. On trouvera, jusque-là, peu de volontaires pour en breveter la méthode.

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