Le portrait

Asia Argento, la victime imparfaite

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Nouvelle rencontre avec l’actrice et réalisatrice italienne, devenue égérie contestée de #MeToo, qui continue à chercher la paix de l’âme.
par Quentin Girard
publié le 22 septembre 2021 à 17h33

Un simple «comment ça va ?» entraîne Asia Argento dans de longues réflexions. D’abord, «oui, ça va !» agrémenté d’un sourire sous ses boucles teintes, en mode shag doré, la coupe à la mode. Puis une moue qui charrie tout un lot de souvenirs, et, «non». A nouveau, «oui, ça va !» comme si, au gré de sa voix grave, de son humeur et de son français au doux accent italien, on montait et descendait avec elle les sept collines de Rome où elle habite la majeure partie de l’année.

A notre première rencontre, ça n’allait pas très bien. Fin juin 2017, elle passait par Paris. Elle enchaînait les clopes et les verres de vin au milieu de l’après-midi dans une tenue vaporeuse qui dévoilait cuisses et tatouages nombreux, surjouant le rôle de sa vie, celui qui lui sert de carapace face aux agressions du monde : la «sulfureuse», comme elle dit. Quatre mois plus tard se déclenchait le mouvement #MeToo, en partie grâce à elle et à son témoignage dans le New Yorker contre le producteur tout-puissant Harvey Weinstein.

Là, le jour de ses 46 ans – joyeux anniversaire ? – elle tire sur sa cigarette électronique et sirote un jus de pamplemousse pressé sous la verrière d’un hôtel chic des Grands Boulevards. Elle a arrêté tabac et vin rouge, consciente que, si elle commence à boire un verre, toute la bouteille y passe. «Je su

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