Le retour des défilés physiques

Un simple tour dans les rues de la capitale anglaise suffit pour comprendre qu’ici, la vie a quasiment repris son cours. Après de longs mois de restrictions et trois confinements, les Londoniens reprennent leurs habitudes quotidiennes, sans obligation de porter un masque dans les lieux publics et sans règles de distanciation physique. La Fashion Week de Londres, organisée du 17 au 21 septembre, a pu se dérouler sans encombre, l’événement exigeant toutefois la présentation d’une preuve de vaccination ou d’un dépistage négatif au Covid-19. Résultat : une grande majorité des présentations de collections ont eu lieu sous la forme du traditionnel défilé dans des lieux plus emblématiques les uns que les autres. La créatrice d’origine sud-coréenne Rejina Pyo a créé l’événement en défilant dans la piscine du parc olympique de Londres. Des athlètes ont ouvert et clos le show par une chorégraphie de plongeons savamment orchestrés. Molly Goddard présentait quant à elle sa collection printemps-été 2022 dans l’église médiévale St Bartholomew-the-Great. Un décor grandiose et légèrement austère contrastant avec ses vêtements sertis de volants, dentelles et collerettes en tout genre renvoyant au monde de l’enfance. De son côté, la maison Erdem a célébré ses 15 ans de défilés en investissant le British Museum le temps d’une collection hommage à la capitale anglaise. Pour la première fois de son histoire, la griffe de prêt-à-porter COS, propriété du groupe H&M, défilait à Roundhouse, une salle de spectacle située dans l’ancien dépôt de locomotives classé monument historique du quartier de Camden. Quelques noms ont toutefois continué de privilégier le format digital cette saison, dont Roland Mouret, qui dévoilait à une sélection de journalistes et influenceurs un court-métrage de 13 minutes dans une salle de projection privée du très chic Soho Hotel. Au programme : une réinterprétation d’un chapitre clé de l’Odyssée, mettant en scène les pièces de sa nouvelle ligne. Molly Goddard, l’une des créatrices les plus en vue de Londres, dévoilait quant à elle une courte présentation accompagnée d’une vidéo. 

Coup de projecteur sur les jeunes créateurs

Burberry et Victoria Beckham aux abonnés absents, les créateurs émergents ont pu saisir l’opportunité de mettre en lumière leur travail. Parmi eux, la créatrice albanaise Nensi Dojaka qui, du haut de ses 27 ans, vient tout juste de remporter le Prix LVMH 2021. Pour son premier défilé à la Fashion Week de Londres, la fondatrice de la marque éponyme a livré une interprétation de la mode féminine unique en son genre. Son prêt-à-porter signature aux découpes sensuelles et graphiques rappelant ceux de la lingerie s’allie ici à des pièces tailoring, à l’image de blazers oversize et de pantalons taille haute. Une façon de prouver que son vestiaire sensuel se porte aussi bien de jour comme de nuit, insufflant par ailleurs une allure de conquérante à celles qui l’adoptent. Les inspirations étaient similaires chez la très convoitée Rejina Pyo. La créatrice sud-coréenne a fait l’éloge de la sensualité féminine à coups de décolletés croisés, jupes aux liens qui enlacent la taille, jeux de transparence, froncés sexy et couleurs vibrantes. 

Plusieurs designers ont aussi célébré la mode et la culture britannique. Chez Richard Quinn, l’imprimé fleuri s’impose façon XXL le long de robes, manteaux, combinaisons et ensembles, prenant des airs de tapisseries anglaises. Pour ouvrir le show, le créateur a d’ailleurs choisi de faire appel à la fille d’une des plus grandes superstars du pays : Kate Moss. En robe bustier rouge, Lila Grace Moss a immédiatement captivé l’attention des invités. De son côté, le Canadien Mark Fast a, une fois de plus, mis en lumière sa maîtrise du tricot lors d’un show rendant hommage au Londres underground des années 90. Au programme ? Des robes ultramoulantes et ultracourtes pour faire la fête. 

L’enfance à l’honneur

Après des mois de crise sanitaire, l’innocence de l’enfance apparaît comme une échappatoire rassurante. Chez Paul & Joe, les mannequins ont défilé maquillés de nuages et d’arc-en-ciel, annonçant un show plein de fantaisie. Robes preppy, broderies anglaises, imprimés fleuris délicats, cols claudine, babies et vêtements en crochet multicolore ont plongé les invités dans la garde-robe d’enfant de Sophie Méchaly, fondatrice de la marque. Même atmosphère chez Molly Goddard, la créatrice britannique ayant fait du monde de l’enfance son terrain de jeu depuis la création de sa maison éponyme en 2015. Célèbre pour ses robes aériennes en tulle, elle a conçu sa collection printemps-été 2022 alors qu’elle était enceinte, ce qui l’a forcément influencée. Robes à smocks couleur barbe à papa, blouses en tulle délicat porté avec un jean et des ballerines, corsages en mousseline froncée, robes du soir aux impressionnantes superpositions… elle reste fidèle à son univers signature, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Hasard de la vie, Simone Rocha était également enceinte durant la période de conception de sa nouvelle ligne. Présenté dans l’église St Bartholomew-the-Great, son défilé évoquait l’enfance et la communion par le biais de robes immaculées ornées de volants, chemisiers à cols XXL, jupes en tulle, pardessus à imprimés fleuris romantiques, robes longues en dentelle et châles de baptême. Même du côté des lignes homme, l’enfance est un thème à l’honneur. La preuve avec la collection du jeune Saul Nash, qui a revisité l’uniforme d’écolier anglais.