On fait comment ? On fait comment quand on ne peut plus faire confiance à ses alliés les plus proches ? Quand derrière chaque future négociation, chaque futur projet, chaque élaboration stratégique se glisseront désormais un soupçon de méfiance, une question sournoise qui, du fond de notre conscience, jaillira pour murmurer : «Et si ? Et s’ils étaient en train de nous mener en bateau ?»
On en est là. La confiance est lourdement entamée. Elle est l’une des conséquences les plus néfastes de l’annonce tonitruante de l’accord Aukus entre l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sur les sous-marins nucléaires. Avec évidemment le renvoi humiliant dans ses foyers de la France et son contrat avec l’Australie et la mise à mal de sa stratégie géopolitique dans la région développée depuis des années. Cette perte de confiance explique la violence de la réaction française, la fureur et la stupéfaction.
Les explications alambiquées, les déclarations enflammées, tant de Washington que de Canberra, sur le fait que la France reste un «allié crucial dans la zone indo-pacifique» n’y changeront rien.