«La santé publique, c’est comme un puzzle, chaque pièce n’existe que conjointement avec les pièces dans lesquelles elle s’emboîte», décortiquait Philippe Sansonetti en présentant Didier Fassin lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, le 16 janvier 2021. «C’est une discipline protéiforme, en perpétuelle recherche de sa définition», poursuivait-il. Comment le contredire ? Quel fourre-tout, en effet, que la santé publique ! On y trouve toutes les disciplines (médecine, sociologie, anthropologie, économie, urbanisme, etc.). Et elle fait parler. Depuis l’épidémie de Covid-19, tout le monde se targue d’en faire, tout le monde s’en réclame, mais au final, ce puzzle protéiforme n’affiche guère une image claire.
Didier Fassin est un des chercheurs français les plus éclairants et les plus ouverts dans ce maquis sanitaire. Médecin au départ, sociologue, anthropologue, il a analysé des situations variées, que ce soit le sida en Afrique du Sud, la santé maternelle en Equateur, mais aussi les questions des inégalités de santé qui ne font que croître avec la richesse des pays. Dans la confusion ambiante, son livre les Mondes de la santé publique (Seuil) qui regroupe les leçons au Collège de France qu’il a tenues au printemps dernier est comme un courant d’air frais. Il casse les clichés, défait les boîtes toutes faites. Par un incroyable hasard, Didier Fassin devait tenir ses cours au Collège de France, au printemps 2020, c’est-à-dire en plein Covid-19 naissant