C’est génial et minimal, comme décor, une grande bâche de chantier en plastique bleu. Ça tient dans un sac, ça ne coûte rien en fret lorsqu’il s’agit de tourner Outre-Atlantique, ça peut servir de tapis de danse de fortune comme d’instrument de musique, vu le bruit du bordel quand on le déplie et le replie. Et c’est aussi très ludique, puisqu’on peut s’abriter dessous, renverser des seaux d’eau dessus, et la faire claquer dans l’air comme un drapeau. Si la grande bâche de Lavagem était un drapeau, d’ailleurs – et il pourrait bien en être un –, il représenterait moins le Brésil que le territoire des favelas de Rio, ces poches de misère cachées aux yeux des touristes, dont les abris déploient parfois en guise de toit ces mêmes bâches et d’où proviennent les six danseurs réunis par la chorégraphe brésilienne Alice Ripoll. Là-bas vivent, dans une grande promiscuité, une majorité d’Afro-descendants qui travaillent pour nombre d’entre eux dans le domaine du ménage tout en subissant des préjugés sur leur hygiène. D’où Lavagem (laver), chorégraphie du propre et du sale créée avec des interprètes noirs, à l’énergie explosive, brute, jamais joliment formelle, juste avant que la pandémie n’explose à la face du Brésil et n’endeuille encore davantage les populations stigmatisées par la politique Bolsonaro.
Auto-accouchement
C’est un spectacle très attendu au Festival d’automne et au festival Actoral, après un passage à Metz, parce que nous ne sommes pas les seuls à conserver en mémoire le for