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Crise des sous-marins : Blinken rappelle que «la France est un partenaire vital»

Le chef de la diplomatie américaine a tenté jeudi soir de câliner Paris courroucé après l’annonce surprise de l’abandon par l’Australie d’une énorme commande de sous-marins français au profit d’une alliance stratégique avec les Etats-Unis pour faire face à la Chine.
par LIBERATION et AFP
publié le 16 septembre 2021 à 21h48

En pleine tension avec la France Antony Blinken fait rimer «diplomatie» avec «câlinothérapie». Alors que le gouvernement français est monté au créneau jeudi suite à l’annonce d’une alliance avec les États-Unis le Royaume-Uni et l’Australie faisant tomber à l’eau un juteux contrat de près de 56 milliards d’euros entre Canberra et le français Naval group, Washington tente de rassurer Paris. Devant la presse américaine, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré que la France est «un partenaire vital» des Etats-Unis dans la région indo-pacifique.

«Il n’y a pas de division régionale entre les intérêts de nos partenaires atlantiques et pacifiques», a-t-il ensuite ajouté assurant que «ce partenariat avec l’Australie et le Royaume-Uni démontre que nous voulons travailler avec nos partenaires, y compris en Europe, pour assurer une zone indo-pacifique libre et ouverte».

«Partenaire clé»

Il n’empêche que Paris ne décolère pas face à ce projet qui torpille une énorme commande de sous-marins de l’Australie à la France, considérée comme «le contrat du siècle». Jeudi, les réactions ont été très vives côté gouvernement français et ce, autant contre Canberra, accusé de trahir la parole donnée, que contre le président américain Joe Biden. «C’est vraiment, en bon français, un coup dans le dos» s’est énervé sur France Info le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian parlant, au passage de «colère, avec beaucoup d’amertume». Au même moment, sur RFI, la ministre des Armées, Florence Parly, déplorait «une très mauvaise nouvelle pour le respect de la parole donnée» et une décision «grave» en matière de politique internationale. «Les Français avaient une version qui n’était pas supérieure à celle qui est utilisée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, et en fin de compte, notre décision s’est basée sur ce qui est dans l’intérêt de notre sécurité nationale» a, de son côté, expliqué le ministre australien de la Défense Peter Dutton pour justifier un tel revirement.

«Nous saluons les pays européens qui jouent un rôle important dans la zone indo-pacifique, et nous voulons poursuivre une coopération étroite avec l’Otan, avec l’Union européenne et avec d’autres à cet égard», a insisté Antony Blinken, qui recevait les ministres australiens des Affaires étrangères et de la Défense. Plus tôt dans la journée, le président américain Joe Biden avait déjà tenté de calmer Paris, qualifiant la France de «partenaire clé». Suivi du près par le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace qui a assuré que «[le Royaume-Uni n’[a] pas l’intention de faire quoi que ce soit qui puisse contrarier les Français». Sans grand succès.

A Washington, un Gala à l’ambassade de France annulé

Furieux de l’annonce par le président Biden de l’accord en question, les responsables français à Washington ont annulé jeudi avec colère un gala à leur ambassade de Washington pour protester contre ce qu’ils appellent «une décision politique irréfléchie et soudaine qui ressemble à celles de l’ancien président Donald Trump». Il faut dire que le nouveau partenariat de sécurité inflige un revers majeur à la stratégie de Paris dans la zone indo-pacifique où les États-Unis cherchent à contrer les ambitions grandissantes de la Chine dans la région.

Lors de cette même conférence de presse, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a, en effet dénoncé une fois de plus «les activités déstabilisatrices de la Chine et les efforts de Pékin pour faire pression sur d’autres pays et les intimider» confirmant que Washington allait «développer» son «accès» et sa «présence en Australie». Pékin, qui voit évidemment d’un mauvais œil la nouvelle alliance a dénoncé «une course à l’armement». «La coopération entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie en matière de sous-marins nucléaires sape gravement la paix et la stabilité régionales, […] et compromet les efforts internationaux de non-prolifération nucléaire», a déclaré devant la presse le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

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