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Quatre ans après l'objectif de sortie du glyphosate, la vraie baisse des ventes attendra 2022

D'une année sur l’autre, les aléas climatiques peuvent jouer sur les quantités de produits phytopharmaceutiques utilisés par les producteurs agricoles.
D'une année sur l’autre, les aléas climatiques peuvent jouer sur les quantités de produits phytopharmaceutiques utilisés par les producteurs agricoles. MANJUNATH KIRAN / AFP

Selon des données provisoires, les ventes moyennes sur trois ans de cet herbicide controversé sont en légère décroissance. La baisse se révèle plus franche sur le reste des produits phytosanitaires.

Entre impact des caprices de la météo et anticipations par les agriculteurs des évolutions réglementaires, la lecture des ventes annuelles de produits phytopharmaceutiques se révèle être un exercice décidément bien délicat.

Ainsi, alors que le gouvernement se félicitait l'an dernier d'une réduction drastique en 2019 (-43%) des quantités de substances actives pour l'agriculture vendues en France, celles-ci (hors produits de biocontrôle ou pour l'agriculture biologique) ont rebondi de 23% en 2020, s'établissant à 44.036 tonnes, selon les données provisoires publiées ce vendredi par le gouvernement. Même constat pour le très controversé glyphosate qui, après avoir vu ses ventes chuter de 37% en 2019, a vu ses quantités vendues bondir à nouveau de 42% en 2020, pour atteindre 8644 tonnes.

Surstockage

Ce rebond est en fait en grande partie un simple effet d'optique. Anticipant un renchérissement de leur fiscalité sur ces intrants de synthèse le 1er janvier 2019, les producteurs ont ainsi surstocké, en 2018, ces produits. D'où des ventes historiquement basses en 2019. «Ce phénomène peut aussi s'appliquer au glyphosate sur la fin de l'année 2020, où les annonces du gouvernement sur la sortie du glyphosate ont pu conduire à un accroissement des ventes pour stockage», ajoute-t-on au ministère de l'Agriculture.

À l’inverse, si l'on étudie sur une moyenne triennale ces quantités de glyphosate, récupérées auprès des revendeurs, le niveau s'établit à 8151 tonnes par an sur la période 2018-2020. Soit une légère diminution par rapport à la moyenne 2017-2019, mais toujours au-dessus des 8000 tonnes annuelles. Quatre ans après l'objectif fixé par le président Macron de sortie du glyphosate, le résultat peut paraître poussif. Les impasses techniques rencontrées dans de nombreuses exploitations ont ainsi repoussé sine die l'échéance de cette sortie, initialement prévue pour 2021 ou 2022.

«La baisse est enclenchée, mais l'essentiel des restrictions d'usage n'entre en vigueur que cette année, explique-t-on dans les couloirs du ministère. Les vrais effets seront donc visibles en 2022, avec une baisse estimée à terme de 50% des utilisations de glyphosate, par rapport au début du quinquennat». Dans la majeure partie des cas, ces restrictions passent par un non-renouvellement de l'autorisation de mise sur le marché, lorsque pour un usage, une alternative techniquement et économiquement viable pour l'agriculteur a été trouvée.

La moitié du chemin encore à faire

En attendant une vraie inflexion de tendance sur le glyphosate, les résultats des efforts de réduction des intrants chimiques se révèlent plus francs sur le reste du portefeuille des produits phytos. Malgré le rebond de 2020, les quantités globales vendues (toujours hors produits de biocontrôle) s'affichent 20% en dessous de la moyenne 2012-2017. Et 5,7% en dessous de la moyenne plus récente de 2018-2020.

De quoi mesurer les avancées vers l'objectif tricolore de réduire de 50% les pesticides utilisés en agriculture d'ici 2025. De ce point de vue, le France n'en est donc pas encore à la moitié de son objectif, ceci alors que le premier horizon de 2018 a déjà été repoussé de sept ans. «Il reste encore du chemin à faire», reconnaît sobre au gouvernement.

Reste que ces avancées sont significatives, tant les difficultés de substitution et les surcoûts assumés par les agriculteurs à l'heure de se passer de certains produits sont nombreux. Entre le développement des produits de biocontrôle, le passage à l'agriculture biologique dont les surfaces ont doublé en cinq ans, et l'essor des outils d'aide à la décision (OAD) plus précis et plus économes sur l'utilisation de ces intrants chimiques, la tendance à la baisse est clairement engagée. Surtout, parmi les motifs de satisfaction figure la diminution drastique des substances les plus dangereuses, qu'elles soient avérées (CMR1) ou présumées (CMR2). Réduites de 93% depuis 2016, les premières affichent ainsi une baisse constante depuis trois ans.

Soutien à la transition écologique

Dans le cadre de son plan de relance lancé en 2020, le gouvernement compte bien accentuer cette tendance positive. Une enveloppe de 150 millions d'euros a été prévue pour aider les agriculteurs à s'équiper en machines leur permettant d'être plus sobres en intrants (pulvérisateurs plus précis, capteurs et logiciels pour individualiser les traitements des plantes...).

Dans son budget PAC récemment alloué, la France fera aussi la part belle à la conversion des campagnes françaises à l'agriculture biologique, avec 340 millions d'euros par an de subsides européens, pour se convertir au sans pesticides. Enfin, depuis cette année, les exploitations arboricoles, viticoles et de grandes cultures qui renoncent à utiliser du glyphosate peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt d'un montant forfaitaire de 2 500 euros.

Quatre ans après l'objectif de sortie du glyphosate, la vraie baisse des ventes attendra 2022

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11 commentaires
  • 3750407 (profil non modéré)

    le

    On a vecu des millenaires sans Glyphosate et cela ne genait personne. Les paysans FNSEA mentent en permanence. Depuis des decennies ils devaient diminuer les pesticides mais ils les augmentent.
    Depuis des decennies les pollueurs doivent etre les payeurs sauf les paysans qui sont les plus gros pollueurs et ne paient rien.
    Le ministre de l'agriculture n'est que la courroie de tansmission des lobbys et il coutera beaucoup de voix perdues pour Mr Macron.

  • yayauque

    le

    A ce jour LE GLYPHOSATE reste un produit nécessaire, propre, efficace et peu cher etc le dogmatisme des opposants est le seul fait majeur d'un manque de connaissance,!!! la SNCF , LES VOIES PUBLIQUES ,les Villes ? LES ROUTES etc non plus d'entretien, et ont fini par avoir une sélection de plantes dominantes qui diminue la biodiversité , tout le contraire recherché !!!!, les agriculteurs ont une utilisation raisonne par leur pratique et arrêtons de les accusés!!!!

  • kahi kahi

    le

    La dangerosité du glyphosate a été fabriqué de toutes pièces par riposte lorsque les prix nobels ont publié une lettre en faveur des ogms.

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