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Confinement à La Réunion, en Martinique et Guadeloupe : «C'est très contrariant d'être vaccinés et d'en arriver là»

En Martinique, trois premiers patients seront transférés vers Paris samedi, face à des services hospitaliers saturés.
En Martinique, trois premiers patients seront transférés vers Paris samedi, face à des services hospitaliers saturés. ANNE CECILE POUJOULAT/ AFP

TÉMOIGNAGES - Sous le joug de nouvelles restrictions à partir de ce week-end, expatriés et touristes des trois départements d'outre-mer sont dépités de voir leurs vacances d'été gâchées. Les vaccinés, encore minoritaires, sont particulièrement frustrés.

«Ils ont choisi le pire moment pour reconfiner!». Max*, qui travaille dans le secteur du tourisme à Sainte-Luce en Martinique, se désole de voir la vie de l'île suspendue au moment même où elle explose chaque année sous la visite joyeuse des badauds et vacanciers. Mais les voyants sont au rouge dans les destinations d’outre-mer, et les vacances tant attendues sont bel et bien gâchées par le variant Delta. Sur les réseaux sociaux, voyageurs et expatriés ne cachent pas leur dépit.

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«Si vous saviez comment j'en ai ras-le-bol de faire ce genre de publication», introduit Ludo, mi-ironique, mi-exaspéré en postant le nouveau communiqué préfectoral de Martinique en date du 29 juillet, qui impose un nouveau confinement à partir de vendredi pour une durée d'au moins trois semaines. «En pleine saison estivale, la vie de l'île s'arrête et cela va encore laisser des traces», s'inquiète Ludo. Sur le groupe Facebook qu'il anime, et qui rassemble quelque 30.000 «fans» des îles antillaises, les réactions vont bon train. «Trop souvent ici, on veut nous imposer les mêmes restrictions qu'en France, alors que nous sommes insulaires et que cela change beaucoup de choses... être confinés en Martinique avec le soleil, la mer et le chant des oiseaux, c'est très dur. Pratiquons plutôt les gestes barrières !», s'exclame Lucie, résidente martiniquaise.

Sur l'île pourtant, moins de 20% de la population est vaccinée, alors que le taux d'incidence atteint les 995 cas pour 100.000 habitants. Samedi, trois premiers patients vont être rapatriés en métropole face à une saturation du système hospitalier. «Beaucoup s’interrogent sur la capacité du préfet à gérer cette crise, en comparaison de la Guadeloupe voisine qui s'en sort bien mieux», juge Ludo.

Dans l'archipel voisin pourtant, la situation n’est pas meilleure. En une semaine, le nombre de cas détectés est passé de moins de 300 à plus de 1000 en Guadeloupe, poussant l'exécutif à décréter l'état d'urgence mercredi dernier. Le directeur général du CHU, Gérard Cotellon, affirmait jeudi que «la Martinique a une quinzaine de jours d’avance» sur sa voisine, et prévoit pour la Guadeloupe une situation tout aussi «catastrophique» que son île sœur d’ici à quelques jours. En attendant, les habitants sont soumis dès vendredi à un couvre-feu entre 21 heures et 5 heures du matin: plus d’événements sportifs, plus de voyages non plus pour les non-vaccinés, qui doivent de nouveau fournir un motif impérieux pour entrer et sortir de l'île. Le préfet a averti que «d’autres mesures pourraient être prises si la situation se complique d’avantage», comme l’interdiction de pique-niquer en extérieur.

Les vaccinés frustrés

Mais ne serait-ce pas de l'autre côté de l'Atlantique que les mesures restrictives seraient les plus contraignantes? À l'île de La Réunion fortement touchée par le variant Delta, la préfecture, pour serrer la vis, a décrété un confinement partiel en journée, couplé d'un couvre-feu strict dès 18 heures, à partir de ce week-end et pour minimum deux semaines. Les Réunionnais sont limités aux seuls magasins dans un rayon de 10 kilomètres, abaissé à 5 kilomètres le dimanche. Une première depuis le printemps 2020.

Élodie, jeune médecin partie s'installer à La Réunion pour fuir les restrictions sanitaires en métropole, a un sentiment d'injustice. «J'ai entraîné mon mari et mes deux enfants dans l'aventure, et voilà que nous sommes de nouveau confinés, au moment même où nos proches viennent pour la première fois nous rendre visite», s'exclame-t-elle. «Certains ont annulé leur voyage, d'autres étaient déjà sur place depuis quelques jours et sont coincés ici. Nous attendons de voir comment les choses évoluent».

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De l'opinion de Jean Castex, la faiblesse de l'adhésion vaccinale serait en cause, alors que trop d'habitants sont encore «rétifs à la vaccination» a affirmé le Premier ministre. «Les Antillais ont trop souffert des mensonges liés à la chlordécone », tente d'expliquer Ludo. «Mais contrairement à la métropole où le président a clairement indiqué qu'il laisserait plus de liberté aux vaccinés, ici, tout le monde est à la même enseigne». Pour ceux qui ont reçu l'injection, la frustration est d'autant plus grande après l'espoir de l'immunité. À La Réunion, à peine trois personnes sur 10 sont entièrement vaccinées, contre plus de 5 sur 10 au niveau national. «Beaucoup maintiennent les réunions de famille, parce qu'elles sont essentielles dans la culture ici. Les gens se fichent des gestes barrières», explique une mère de famille, expatriée depuis un an dans le département de l'Océan indien. «Cela nous contrarie beaucoup, nous qui avions fait l'effort de nous vacciner… Nous sommes forcés de modifier l'organisation de nos vacances, puisqu'il était prévu de partir trois jours en montagne. C'est vraiment dommage!», se désole cette femme de militaire.

Du côté des touristes, beaucoup font contre mauvaise fortune bon cœur. «Dans un rayon de 10km, tout est finalement possible», commente une internaute, répondant à l'appel désespéré d'une touriste sur Facebook anxieuse de savoir «quelles activités culturelles sont possibles» en Martinique. Car les décisions préfectorales permettent tout de même d'accéder aux lieux culturels et de ventes à emporter. Amélie et son mari, arrivés sur l'île la veille de l'annonce du préfet, ont pu réserver ce vendredi une excursion de dernier moment pour voir quelques tortues et dauphins, avant la fermeture complète des agences de tourisme. «Notre souci maintenant est le vol retour, annulé par Air Belgium… mais à chaque jour suffit sa peine», estime la touriste. Quant aux métropolitains munis du passe sanitaire et ayant prévu leurs vacances dans les territoires d'outre-mer, ils se tâtent. Annuler les billets, ou maintenir les projets, envers et contre tout? Quitte à profiter de la nature autrement, par ses propres moyens et dans un rayon limité...

*Certains prénoms ont été modifiés.

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175 commentaires
  • Brécé

    le

    Le delta a été importé par les touristes de métropole, vaccinés. Encore une preuve de l'efficacité du vaccin.

  • FC20

    le

    La mentalité de ces gens n'est plus à démontrer, il faut les aider pour tout et tout faire à leurs places.
    Ils s'en moquent, puisque le reste de la France viendra les aider.
    Ces gens des Iles ne vivent que des aides de la métropole.
    Dans les caraïbes les touristes préfèrent d'autres pays que la Guadeloupe ou la Martinique, plus accueillants, moins chers, les locaux sont contents de profiter de ce tourisme, et non comme dans les Antilles Françaises, l'impression qu'on vient les déranger dans leur sieste

  • chrisomac

    le

    Quand on écoute les anti vaccins cela mène au confinement, ils n'ont plus qu'a essayer la sorcellerie qui sait?

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