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JO 2021: la fierté retrouvée du Koweïtien Al-Rashidi, médaillé à 57 ans

Médaillé de bronze à l'issue de la finale du skeet, ce lundi aux JO de Tokyo, le tireur koweïtien Abdullah Al-Rashidi, presque 58 ans, a enfin pu célébrer une médaille olympique avec le drapeau de son pays autour du cou. Cinq ans qu'il attendait cela.

C’est déjà l’une des très belles histoires de ces JO de Tokyo. Et décidément, l’âge n’influence pas toujours la performance de très haut niveau. C’est la leçon de cette journée où la jeunesse a pris le pouvoir en skateboard, avant que le vétéran koweïtien Abdullah Al-Rashidi décroche une nouvelle médaille de bronze à 57 ans, pour ces 7es Jeux olympiques. Une performance hors-norme qu’il a célébré en brandissant le drapeau de son pays, longtemps suspendu par le Comité international olympique pour interférence dans les affaires du CIO.

Abdullah Al-Rashidi a sorti un drapeau koweïtien de sa poche et l'a drapé sur ses épaules, affichant un immense sourire sous sa moustache hirsute. Rayonnant. Il en rêvait depuis cinq ans, quand les Brésiliens l’avaient découvert lors de ces premières finales, avec un maillot du club d’Arsenal pour tenue officielle, lui qui concourait sous le statut d’athlète indépendant. Pas de nouvelle humiliation cette fois-ci. Abdullah Al-Rashidi a pu se couvrir du drapeau koweïtien, qu’il avait enfoui dans son survêtement avant la compétition.

Son fils est qualifié pour les Jeux de Tokyo

L'athlète de 57 ans, qui entraîne des faucons pendant son temps libre, a enroulé le tissu autour de son visage, en a embrassé le coin et a levé les bras avant de saluer la foule, trop heureux pour ne pas savourer cet instant suspendu. Il y a cinq ans, alors que la foule scandait son nom, Al-Rashidi s’était tenu tête basse sur le podium. Pas forcément le cœur à faire la fête malgré un sourire de circonstances pour la photo. "Cela ne me plaisait pas de voir le drapeau olympique. J’avais besoin de voir mon drapeau, le drapeau koweïtien", a-t-il expliqué pour justifier son geste.

Le triple champion du monde, longtemps contrarié, a tout fait pour brandir le drapeau, sachant pertinemment qu’il allait enfreindre le protocole olympique, qui interdit aux athlètes d’arborer le drapeau de leur pays avant la remise des médailles. Accompagné dans ces JO par son fils Talal, attendu sur le stand de tir mercredi, Al-Rashidi était le plus âgé des 30 tireurs ce lundi, mais pas le plus vieil athlète à être monté sur un podium olympique. Pour le devenir, il faudrait que cet officier de l’armée koweïtienne, qui fêtera bientôt ses 58 ans (le 23 août prochain), décroche une médaille en... 2036.

Il pourrait ainsi dépasser le Suédois Oscar Swahn, médaillé d’argent en 1920 aux Jeux d’Anvers, à 72 ans, mais Al-Rashidi n’en fait pas une quête supplémentaire. La sienne, cette revanche qu’il s’était promis d’accomplir, s’est achevée au Japon. Après avoir passé dix minutes à poser avec la délégation de son pays, qui semblait tout aussi ravie que lui, selon les journalistes présents sur place, épuisé physiquement et émotionnellement, Al-Rashidi est parti profiter d’un repos bien mérité, non sans avoir pu constater ce qui, selon lui, relève de l’évidence: "Tout le monde m’aime parce que je suis vieux".

QM