VIE PRIVEEDémission d'un responsable catholique américain qui utilisait Grindr

Etats-Unis : Démission d’un responsable catholique trahi par des données « anonymisées » de l’appli Grindr

VIE PRIVEELa conférence des évêques américains a dénoncé un comportement « indécent » du prêtre, qui utilisait visiblement la célèbre application de rencontres homosexuelles
Monseigneur Jeffrey Burrill a démissionné de son poste à la conférence des évêques catholiques des Etats-Unis.
Monseigneur Jeffrey Burrill a démissionné de son poste à la conférence des évêques catholiques des Etats-Unis. - usccb / eglise
Philippe Berry

P.B. avec AFP

On ne le répétera jamais assez : les données smartphone de géolocalisation soi-disant anonymisées ne le sont que rarement. Un responsable de l’Eglise catholique aux Etats-Unis l’a appris à ses dépens : il a été poussé à la démission après la publication d’une enquête par un site d’informations catholique révélant qu’il aurait régulièrement utilisé l’application de rencontres homosexuelles Grindr.

« La conférence des évêques catholiques des Etats-Unis a appris l’existence d’informations de presse en attente de publication, présumant un possible comportement indécent de son secrétaire général, Monseigneur Jeffrey Burrill » a écrit l’organisation dans un communiqué. « Afin d’éviter que cela détourne l’attention des opérations et du travail de la conférence, Mgr Burrill a démissionné avec effet immédiat », a ajouté l’organisation, ajoutant qu’elle prenait « au sérieux toutes les allégations de conduite inappropriée ».

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L’Eglise catholique américaine, qui a été au coeur de plusieurs énormes scandales de pédophilie ces dernières années, a souligné que ces allégations « ne concernaient pas de conduite indécente envers des mineurs ».

Des méthodes d’enquêtes critiquées

Le même jour, le site d’informations catholique The Pillar révélait que Jeffrey Burrill, membre du diocèse du Wisconsin (Etat du nord), aurait régulièrement utilisé entre 2018 et 2020 l’application de rencontres gays Grindr et que son téléphone portable avait été géolocalisé près d’établissements fréquentés par des homosexuels.

Le site explique avoir obtenu « des données disponibles commercialement ». Traduction : il s’agit de données vendues en bloc, parfois par les opérateurs téléphoniques américains, à des « data brokers », des marchands qui exploitent ce juteux business, souvent à des fins publicitaires. Officiellement, elles ne contiennent aucune information sur l’identité des utilisateurs. Mais parce qu’un identifiant unique est associé à chaque smartphone, il suffit de chercher une adresse régulièrement fréquentée (domicile, travail etc) pour deviner l’identité de son propriétaire. Et ensuite retrouver tous ses déplacements.

Alors que les chercheurs en sécurité tirent la sonnette d’alarme depuis des années sur les dangers de la vente de ces données GPS, le site The Catholic Reporter a dénoncé « le manque d’éthique et les sous-entendus homophobes » de l’enquête de The Pillar. Le rédacteur en chef du site, JD Flynn, a défendu mercredi la publication de l’article, même si Jeffrey Burrill n’a semble-t-il pas enfreint la législation américaine. Dévoiler les informations privées concernant Monseigneur Burrill relevait « de l’intérêt général », a-t-il soutenu.

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