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Critique

«Berlin mon garçon» de Marie Ndiaye, nuances d’errances

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Dans la nouvelle pièce de Marie NDiaye, une Française cherche son fils à Berlin. Une pièce commandée et mise en scène par Stanislas Nordey et magnifiée par un jeu d’acteurs tout en subtilités, dans des décors minimalistes.
par Anne Diatkine
publié le 17 juin 2021 à 20h04

Et soudain, une évidence surgit qu’on avait tout à fait oubliée, concentrée qu’on était sur la mobilité joueuse des «écritures de plateaux» (des pièces écrites sans texte préexistant) : il est formidable et exceptionnel de découvrir un nouveau texte dont on ne sait rien, pendant la représentation, grâce à des acteurs, une mise en scène, une scénographie, un climat sonore, une concordance des planètes pourrait-on dire, où les éléments se nourrissent les uns les autres, sans arbitraire, ni esbroufe, ni rivalité, pour tendre vers une même finalité. Equilibre parfait, qui permet aux spectateurs de rester aux aguets et de faire le voyage dans le texte de Marie NDiaye, avec Marina, la cinquantaine, imper jaune rayonnant dans l’aéroport désert et grisonnant, qui s’apprête à entrer dans cette ville, Berlin, « enjôleuse » pour la jeunesse, et qui a happé son fils, disparu « sous son ciel cendreux », peut-être pour un projet meurtrier, peut-être pour cause de terrorisme, elle ne le sait pas encore, elle le redoute, elle est résolue à le retrouver.

Elle est face à nous, immobile, et son logeur est dans l’ombre, derrière elle, en retrait. Il l’attend, il est venu la chercher à l’aéroport, ce qui ne se fait pas, subodore-t-il, et il craint de la surprendre désagréablement. La mère pleine de ténacité face au mystère horrible de la disparition de son enfant devenu un adulte qu’elle ne connaît ni ne comprend plus, c’est Hélène Alexandridis, fantastique de densité et d’émotions

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