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Inès Slim (Gender Games) : « On a peur de se lancer, surtout en tant que femme »

Inès Slim est la fondatrice de Gender Games, éditeur d'un jeu de cartes féministe lancé sur Ulule. Cette parisienne de 27 ans a bénéficié de l'accompagnement de Positive Planet.

Inès Slim, fondatrice de Gender Games.
Inès Slim, fondatrice de Gender Games.
Publié le 18 juin 2021 à 06:49

Ada Lovelace et Beyoncé, deux héroïnes féministes pour Inès Slim, la fondatrice de l'éditeur de jeu Gender Games. Cette jeune femme de 27 ans a créé Bad Bitches Only, un jeu de cartes 100 % femmes, des célèbres ayant marqué leur époque, des oubliées injustement de l'histoire, des personnages mythiques aussi. Depuis le lancement en mai 2019, elle a vendu 5.000 jeux complets et extensions.

Inès Slim est devenue entrepreneuse par conviction, par engagement. « Je peux désormais respecter mes valeurs au quotidien », raconte celle qui a grandi en Tunisie. Venue en France pour ses études, notamment en management culturel, elle a ensuite passé quatre ans à travailler pour des musées prestigieux : le Quai Branly et Orsay à Paris, le Smithsonian à Washington aux Etats-Unis.

Ses amis pour testeurs

Bad Bitches Only est né d'une envie personnelle, presque d'un hobby. Elle l'imagine seule, et fabrique le prototype en imprimant les éléments sur des feuilles et en les découpant ensuite. Le principe du jeu est simple. Un nom de femme est inscrit sur une carte. Il s'agit de le faire deviner aux autres joueurs sans jamais en prononcer son nom, ni faire référence à son père ou à son époux, parfois aujourd'hui plus célèbre qu'elle.

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Inès Slim teste son jeu auprès de son cercle d'amis. Et parce les retours sont très positifs, elle envisage d'en faire un business. « Pourquoi ne pas le proposer à plus de personnes ? » Mais si la jeune femme est une professionnelle de la culture, elle ne connait rien au secteur des jeux de société et encore moins comment monter une entreprise.

Cette parisienne pousse alors la porte de Pole Emploi qui l'oriente vers l'ONG Positive Planet qui accompagne, entre autres, les entrepreneurs des quartiers prioritaire de la ville. Inès Slim réside justement dans un de ces quartiers, près du métro Stalingrad dans le 19e arrondissement.

Une édition internationale en anglais

L'incubateur lui permet de sortir de l'isolement, de passer outre son manque de réseau entrepreneurial et de dépasser sa peur du risque. « Le plus difficile, c'est de ne pas avoir cette culture de l'entrepreneuriat : quand on nous a jamais dit que c'était possible on a peur de se lancer, surtout en tant que femme », précise Inès Slim. Avec Positive Planet, elle accède à des experts du chiffre et du droit qui répondent à chacune de ses interrogations techniques sur les statuts juridiques ou la comptabilité.

Plus important encore, elle y rencontre des personnes qui croient en son projet, et des entrepreneurs et entrepreneuses qui vivent la même aventure de la création d'entreprise. « Ca permet de mettre de côté ses doutes, car on se rend compte que tout le monde a les mêmes ! »

Pour financer la production de Bad Bitches Only, l'entrepreneuse opte pour le financement participatif. Elle lance une campagne de préventes sur Ulule au printemps 2019. « J'ai voulu prendre le moins de risques possibles et puis c'était un bon moyen de voir si ça pouvait marcher. » Le résultat dépasse ses espérances. Elle récolte 12.779 euros auprès de 353 contributeurs.

Après deux ans sans se payer, Inès Slim a touché des allocations chômage jusque là, l'entrepreneuse met les bouchées double pour développer son entreprise. Elle a élargi son réseau de distribution. En plus de son site internet, le jeu est désormais en vente dans des librairies et boutiques spécialisées en France et en Europe.

Son jeu féministe s'est enrichi d'extensions et d'une version consacrée aux musiciennes, financée elle aussi par préventes sur Ulule. Et puis, Inès Slim aimerait éditer une édition internationale en anglais. Enfin, elle lancera cet automne un nouveau jeu « qui touchera à un sujet complètement différent, mais je ne peux pas vous en dire plus pour l'instant », sourit-elle.

Lisa Guinic

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