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La nouvelle lubie des collectionneurs et boursicoteurs : du cher et du rare à portée d’actions

Plusieurs plateformes américaines permettent d’investir dans des œuvres hors de prix contre quelques dollars.
par Katia Dansoko Touré
publié le 16 juin 2021 à 13h32
(mis à jour le 16 juin 2021 à 16h31)

C’est un peu comme s’offrir une parcelle de terrain dont on prédit qu’elle prendra de la valeur. Prenez un Jean-Michel Basquiat, en l’occurrence la toile The Mosque, estimée à 6 millions de dollars (5 millions d’euros). Au printemps 2020, la plateforme américaine d’investissement Masterworks a mis en vente l’œuvre en divisant son coût en 284 420 parts au prix unitaire de 20 dollars pièce. Bienvenue dans le monde de la propriété fractionnée où chaque part de l’œuvre, mais aussi de la voiture de luxe, de la bouteille de vin, de la paire de baskets rares ou des cartes de base-ball et autres Pokémon, est l’équivalent d’actions d’une société cotée en Bourse. N’importe qui peut donc profiter de la hausse de la valeur de ces biens à l’instar d’un collectionneur millionnaire.

Le concept de la propriété partagée d’actifs physiques a commencé il y a une vingtaine d’années avec l’immobilier, les jets privés et yachts, dont les prix d’entrées sont très élevés. Aujourd’hui, toutes sortes d’objets de collection sont concernés avec des actions peu chères. Un boom qui s’explique par la pandémie de Covid-19 : confinement et télétravail ont permis aux Américains, très friands de ce genre de produit, d’épargner et de boursicoter à qui mieux mieux tout en se tournant vers de nouvelles formes d’investissement.

Un collectionneur a ainsi réalisé un bénéfice de 500 % sur quelques actions (au coût unique de 40 dollars) pour une boîte de cartes Pokémon dont le prix initial était de 125 000 dollars. La plateforme américaine Rally, pionnière de cette nouvelle tendance, qui compte 200 000 utilisateurs (pour 25 millions de dollars d’actifs cotés), les avait proposées via une introduction en Bourse, similaire à la mise sur le marché de n’importe quelle société. Fin avril, Rares a acquis la toute première paire de Nike Air Yeezy 1 de Kanye West au prix de 1,8 million de dollars (un record !) qu’elle devrait mettre en vente d’ici fin juin.

Exit la dimension affective quand on se lance dans l’investissement alternatif. Car, à la différence des collectionneurs à l’ancienne, la plupart des actionnaires ne verront jamais l’objet dont ils se portent acquéreur…

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