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Covid-19: faut-il s'inquiéter de la progression du variant Delta en France?

La part du variant Delta, majoritaire au Royaume-Uni, augmente en France: s'il ne représentait que 0.5% des cas de Covid-19 la semaine passée, il représente désormais 2 à 4% des nouveaux cas de contamination.

La menace du variant Delta, apparu en Inde, bien qu'encore minoritaire sur le territoire, plâne au dessus de la France à l'approche de l'été. Le ministre de la Santé Olivier Véran a appelé à la prudence ce mardi, alors que cette souche du virus représente désormais "entre 2 et 4% des cas positifs" à l'échelle nationale.

"On est train d'écraser le virus mais nous ne devons certainement pas donner prise au variant indien pour qu'il fasse repartir une nouvelle vague épidémique", a mis en garde le ministre de la Santé ce mardi, alors qu'il dévoilait les résultats des tests de criblage.

Le 25 mai dernier, le variant Delta ne représentait pourtant que 0,5% des prélévements effectués dans le cadre de la dernière enquête Flash, contre près de 88% pour le variant Alpha (dit britannique). Pour Santé Publique France, aucun élément n’indiquait alors "une circulation importante de ce lignage sur le territoire". L'agence de santé publique notait toutefois l'apparition de clusters localisés, "avec transmission autochtone de ce variant" et elle qualifiait cette mutation du virus d'"épée de Damoclès".

Notre calendrier de déconfinement menacé?

"C'est peut-être encore peu, mais c'était la situation anglaise il y a quelques semaines", a aussi déclaré Olivier Véran, rappelant que l'épidémie était repartie "sur une trajectoire ascendante" au Royaume-Uni, avec "quasiment deux fois plus de cas quotidiens" que dans l'Hexagone, malgré "un taux de couverture vaccinale supérieur au nôtre".

Alors la progression de cette souche du virus menace-t-elle vraiment notre processus de déconfinement, à l'image de ce qui s'est passé en Angleterre? Après une accalmie sur le plan épidémique, nos voisins anglais font face à une reprise du nombre de cas à cause de ce variant très contagieux. Selon les autorités sanitaires britanniques, il représente déjà 90% des nouveaux cas de contamination outre-Manche, alors qu'il était encore minoritaire début mai.

"Il n'y a pas vraiment de raison de penser que ce qui s'est passé au Royaume-Uni ne se passe pas en France", s'est inquiété le Dr Pascal Crepey sur BFMTV. "On voit que le variant Delta fait déjà des clusters dans plusieurs régions de France, même si tout ça reste sporadique", note l'épidémiologiste et enseignant-chercheur à l'École des hautes études en santé publique.

"Le variant Delta mange les autres"

Dans les Landes, le variant Delta est désormais "bien présent et sa présence progresse": quelque 250 cas avérés et probables ont été identifiés, selon les informations communiquées mardi par la préféte Cécile Bigot-Dekeyzer lors d'un point-presse.

"On n'a qu'une partie des résultats mais dans 99% des cas, c'est bien le variant Delta qui ressort", a expliqué Didier Couteaud de l'ARS Nouvelle-Aquitaine. "Le variant Delta progresse mais on est dans une baisse du nombre de cas positifs dans le département. C'est que ce variant mange les autres, entre guillemets".

Désormais dans les Landes, "30% des contaminés (par le Covid-19) le sont par le variant Delta", a ajouté la préfète, précisant que 15 des 18 communautés de communes du département étaient désormais concernées, contre six la semaine précédente quand seulement une trentaine de cas étaient avérés.

La faute à AstraZeneca?

Il y a donc fort à parier que le variant Delta connaîtra le même destin que le variant Alpha, et qu'il deviendra majoritaire sur le territoire national dans les mois à venir, remplaçant son cousin britannique. Faut-il dès lors s'en inquiéter? Les résultats des premières études américaines laissent penser que les vaccins anti-Covid restent efficaces contre le variant indien.

Vendredi, les autorités sanitaires britanniques jugeaient aussi "encourageant" d'observer que la progression du variant Delta dans le pays ne s'accompagnait pas d'une hausse spectaculaire des hospitalisations, contrairement à ce qui avait été observé avec le variant Alpha. Les données indiquaient aussi que le programme de vaccination continuait à atténuer l'impact de ce variant" chez les populations où le nombre de personnes ayant reçu deux doses de vaccin est élevé, souligne l'organisme public Public Health England.

Si le Royaume-Uni a certes vu son nombre de nouvelles contaminations repartir à la hausse malgré un taux de couverture vaccinale important et "supérieur au nôtre" comme le rappelait Olivier Véran, il convient de rappeller que les Anglais sont nombreux à être vaccinés avec le vaccin AstraZeneca. Or celui-ci pourrait être moins efficace contre le variant Delta d'après les résultats des premières études.

Le Pr Philippe Froguel, professeur à l'Imperial College de Londres, explique notamment à LCI qu'"avec deux doses, on est très bien protégé" contre le virus "avec les vaccins à ARN, moyennement avec le vaccin AstraZeneca qui a quand même été très important en Angleterre."  À la date du 6 juin selon Santé Publique France, plus de 5,5 millions de doses d’AstraZeneca avaient été administrées.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV