Le court règne du roi Edward VIII restera pour toujours marqué par deux faits indissociables : son abdication et son histoire d'amour avec Wallis Simpson, une Américaine doublement divorcée que la Couronne, le gouvernement et l'opinion publique refusent d'adouber.

Le 11 décembre 1936, dans un discours à la BBC, il renonce à son héritage et à son titre pour l'épouser : "Vous connaissez tous les raisons qui m’ont poussé à renoncer au trône".

C'est l'un des règnes les plus courts de l'Histoire de la monarchie britannique, 326 jours, et l'une des histoire d'amour les plus controversées du XXème siècle. Récit.

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Le coup de foudre du prince Edward pour Bessie Wallis Warfield

Fayer/Getty Images

Bessie Wallis Warfield est née en Pennsylvanie, aux États-Unis en 1896. Elle épouse son premier mari en 1916 Earl Winfield Spencer. Leur histoire se conclut rapidement en divorce. Elle épouse alors son deuxième mari Ernest Simpson. Le nouveau couple s'installe à Londres. 

En 1931, c'est la rencontre du couple qui défrayera la chronique. Thelma Furness, amie de Wallis, est à l'époque la maîtresse du prince de Galles, futur Edward VIII. Elle demande à cette dernière une faveur : veiller qu'aucune femme ne s'approche du futur roi alors qu'elle doit faire un bref voyage en Amérique, raconte CNN. Missionnée pour divertir le prince, elle devient son amante. Ce dernier serait tombé éperdument amoureux de l'Américaine.

Si certains experts royaux insinuent que Wallis Simpson à tout mis en oeuvre pour mettre le grappin sur l'héritier du trône, d'autres historiens dédiabolisent, les années passant, le rôle de l'Américaine dans cette histoire. C'est notamment le cas de la journaliste britannique Anna Sebba qui expliquait dans un article pour le Dailymail, comment Wallis Simpson s'est elle-même retrouvée "piégée" dans cette relation qu'elle aurait vraisemblablement imaginée comme une passade. Au tout début du moins.

En 1934, elle devient officiellement la maitresse du prince de Galles, alors qu'elle est toujours mariée à son deuxième époux. 

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Une relation sulfureuse qui attire la critique

Bettmann/Getty Images

Le 20 janvier 1936, le roi George V meurt. Le prince Edward, aîné mâle de la famille royale, est immédiatement propulsé sur le trône mais refuse catégoriquement de se séparer de Wallis Simpson. Leur relation devient de notoriété publique en Europe et aux États-Unis lors d'une croisière entre août et septembre 1936, souligne HistoryExtra.

Les membres de l'Establishment sont extrêmement critiques de cette relation atypique, jugée inconvenante. Nombre d'entre eux colportent la rumeur -éternel cliché sexiste- selon laquelle Wallis serait uniquement attirée par l'argent et les titres d'Edward.

C'est alors que le Premier ministre Stanley Baldwin apprend que Wallis Simpson a lancé au cours de l’été 1936 une procédure de divorce d'avec son second époux. Le roi informe le chef du gouvernement qu’il a l’intention de l’épouser dès qu'elle sera officiellement divorcée, raconte Vogue USA.

Cette accélération dans leur relation n’est pas anodine. Edward VIII doit être couronné le 12 mai 1937 et il a bien l’intention de faire de Wallis sa reine. Un plan avait d'ailleurs été établi pour que Wallis soit l'épouse du roi. Elle aurait eu le titre de duchesse de Cornouailles (celui porté par Camilla, seconde épouse du prince Charles, ndlr). Mais cette option est rejetée. La presse en fait ses gros titres, brodant sur "la harpie et le roi".

Stanley Baldwin s’oppose fermement à cette union tout comme la majorité du peuple britannique, forçant Edward VIII à abdiquer et vivre en exil avec Wallis Simpson, comme l’explique le New-York Times.

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De l'abdication d'Edward VIII à la diabolisation de Wallis

PA Photos/ABACA

Le 11 décembre 1936, le roi Edward VIII prend la parole à la BBC. "Il m’est apparu impossible de supporter le lourd fardeau des responsabilités et de remplir les obligations qui m’incombent en tant que roi, comme j’aurais aimé le faire, sans l’aide et le soutien de la femme que j’aime", déclare-t-il quelques heures après avoir passé la main à son frère George VI. La nouvelle, coup dur pour l'institution monarchique, est aussi choquante que scandaleuse pour les Britanniques. 

Souvent perçue comme celle qui a fait tomber la monarchie en détournant Edward VIII de son destin et de sa famille, le rôle qu'a pu jouer de Wallis Simpson dans cette abdication est bien plus complexe que ce que l'on imagine. Selon CNN, elle aurait voulu qu'Edward reste sur le trône. Elle aurait même essayé de le persuader qu'elle devait rester sa maîtresse et non devenir sa femme. 

Aussi, dès le début de leur liaison, le couple noue des relations avec de nombreux dignitaires allemands partisans du nazisme. D'ascendance allemande, comme toute la famille royale Windsor (nom changé en 1917 par George V, né Saxe-Cobourg et Gotha, ndlr), Edward est attaché à ses racines germaniques et partage des idées politiques qui tranchent, voire qui s'opposent à celle de la famille royale. Des idées également partagée par Wallis.

À une époque, on l'accusera même d'être une espionne à la solde d'Hitler, une intrigante venue séduire le futur monarque dans le seul but de lui sous-tirer des informations et de le rallier aux idées fascistes. Des accusations qui n'ont jamais pu être prouvées.

Une diabolisation féminine, qui, par certains aspects, nous rappelle une autre histoire, plus proche de nous : celle du prince Harry et de Meghan Markle, victime de commentaires sexistes et racistes dès sont entrée dans la famille royale et accusée de tous les maux depuis le départ du couple du Royaume-Uni en 2020.

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Des mariés en exil

Bettmann/Getty Images

Après l'abdication, Edward VIII devient duc de Windsor, Wallis, elle devient duchesse. Les amoureux marqués du sceau du scandale s'exilent en France, dans le Maine-et-Loire. Ils prennent leur quartier dans le château de Candé, la propriété d’un riche industriel, Charles Bedaux. Ce sera aussi leur lieu de leur mariage qui aura lieu le 3 juin 1937.

Ils ne sont autorisés à voyager en Angleterre qu'avec l'accord du nouveau roi, George VI, frère d'Edward et père d'Elizabeth II, afin d'éviter de provoquer des troubles publics. 

Quand j'ai quitté la Grande-Bretagne il y a seize ans, j'ai dit que j'étais toujours disponible, et je suis toujours disponible.

En octobre de la même année, le couple effectue une visite en Allemagne. Il rencontre alors Hitler. Lors de ce voyage, le duc de Windsor est accusé d'avoir faire un salut nazi, ce qu'il nie, affirmant qu'il faisait juste signe de la main, raconte HistoryExtra

Puis en 1940, l'Allemagne nazie envahit la France. Edward et Wallis s'enfuient alors au Portugal où le duc est nommé gouverneur des Bahamas par Churchill. Une manière de le tenir à l'écart des nazis et de sa sympathie pour le parti, en l'éloignant le plus possible du front, observe Vogue USA.

Le roi abdicateur, tel qu'il est encore surnommé aujourd'hui, s'est rendu très rarement en Angleterre depuis son départ en 1937. Plusieurs rumeurs ont circulé sur son potentiel retour au pays, notamment après sa visite à Winston Churchill en 1953. Lors d'une interview, un journaliste l'interroge à ce sujet. Ce à quoi le duc de Windsor répond alors : "Quand j'ai quitté la Grande-Bretagne il y a seize ans, j'ai dit que j'étais toujours disponible, et je suis toujours disponible". Malgré cet appel du pied évident à sa famille et à sa nation, il ne rentrera jamais.

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Edward et Wallis : une vie à Paris jusqu'à la mort

Hulton Deutsch/Getty Images

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, dès 1946, Wallis Simpson et Edward reviennent s'installer en France. Il s'installent dans "La Villa Windsor", un hôtel particulier situé près du Bois de Boulogne, loué à la ville de Paris. Le duc, qui écrit des livres, s'est découvert une passion pour le jardinage, tandis que son épouse, férue de mode, rédige des chroniques dessine des modèles.

Selon plusieurs historiens, le couple est resté très amoureux jusqu'au décès d'Edward, atteint d'un cancer, en mai 1972. Wallis Simpson disparait, elle, en 1986. Les deux amants sont enterrés ensemble dans le cimetière royal de Frogmore House, près de Windsor.

Dans la célèbre série The Crown, une épisode est consacré à la fin de vie du roi déchu. Dans celui-ci, Elizabeth II rend visite à son oncle, à qui il ne reste plus beaucoup de temps à vivre. Un moment qui a bel et bien eu lieu en 1972, dix jours avant sa mort et qui, d'après les historiens, aurait effectivement réconcilié les deux monarques rapport le site Histoires Royales. La reine assistera d'ailleurs aux funérailles de ce dernier quelques jours plus tard, à Londres, après avoir fait rapatrier sa dépouille.

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